Trop, c’est trop ! L’ASPI – Affordable Subscriptions for Periodicals Initiative – à Londres

DOI : 10.35562/arabesques.1856

p. 17

Texte

Au cours de la dernière décennie, les bibliothèques de recherche du Royaume-Uni ont vu le coût de l’abonnement aux revues dont ont besoin nos universitaires atteindre des sommes astronomiques.

Jusqu’à présent, nous avons plutôt été passifs : nous avons docilement accepté les prétentions des éditeurs qui revendiquent le fait que, la communauté scientifique publiant de plus en plus, ils sont obligés de demander de plus en plus d’argent pour pouvoir constituer les big deals1 auxquels nous sommes tant attachés .

Mais les temps sont durs – et particulièrement au Royaume-Uni où notre gouvernement de coalition met en œuvre des coupes draconiennes dans une tentative courageuse pour boucher le trou de notre budget national. Et, bien sûr, après avoir assuré une forte présence face à l’euro pendant des années, notre livre sterling est désormais très faible. De sorte que chaque facture d’abonnement que nous avons à payer en euros est encore plus pesante.

Ainsi, début 2010 RLUK s’est décidé à prendre position. Nous avons convenu que si les abonnements aux big deals d’Elsevier et de Wiley Blackwell, qui doivent être renouvelés en janvier 2012, ne coûtent pas beaucoup moins cher que ce que nous payons actuellement, nous serions forcés de les abandonner, de revenir à des souscriptions au titre et de combler les lacunes grâce à la fourniture de documents.

Cela ne sera pas facile mais nous sommes convaincus que si nous ne tenons pas bon maintenant, les choses vont tout simplement aller de mal en pis. Bien sûr, nous espérons que les éditeurs seront raisonnables et JISC Collections sera en mesure de parvenir à un accord pour nous. Mais nous devons accepter qu’il y ait une possibilité qu’ils ne parviennent pas à convenir d’un prix que nous pouvons nous permettre. Si cela arrive, il nous faudra un plan d’urgence solide ; nous appelons cela le Plan B ASPI2.

Mike McGrath, ancien directeur du marketing pour la British Library Document Supply Centre, a été commissionné pour travailler sur cela pour nous.

Nous n’en sommes qu’au début mais nous avons déjà convenu que chacune de nos bibliothèques doit identifier ses revues les plus utilisées et choisir celles auxquelles elles peuvent se permettre de s’abonner. Pour le reste, nous nous appuierons sur les prêts entre bibliothèques et les systèmes de fourniture de documents. Nous sommes quelque peu encouragés en voyant que près de 10 % du contenu d’Elsevier et de Wiley Blackwell est déjà disponible en libre accès (dans les dépôts institutionnels et autres) : c’est au moins un début. Mais en attendant, nous devons renforcer nos services de prêt entre bibliothèques et nous préparer à faire face à un nombre bien plus important de demandes que ce à quoi nous sommes aujourd’hui habitués (quid des archives électroniques et des big deals que nous avons achetés régulièrement au cours des dernières années, et pour lesquels nous avons constaté une forte baisse dans les demandes de nos utilisateurs en prêt entre bibliothèques ?).

Nous ne pouvons pas compter sur la British Library pour répondre à tous nos besoins. La BL subit également une pression financière importante et prévoit d’annuler un grand nombre de ses abonnements pour l’année à venir (la BL n’ayant jamais souscrit à un big deal tel quel). Il y a d’autres façons de faire face : d’autres éditeurs commerciaux sont prêts et disposés à combler les lacunes pour nous – à un prix bien sûr ; et nous allons faire tout notre possible pour partager les ressources et se fournir les uns les autres en documents.

Nous sommes déjà en train de définir les moyens permettant d’établir une liste des titres de base pour chacune de nos bibliothèques, et quand le moment sera venu, nous aurons besoin de construire une base de données de tous les titres souscrits par chaque bibliothèque afin que nous puissions faire des demandes et fournir en documents chacun d’entre nous aussi rapidement et efficacement que possible (nos chercheurs ne seront pas disposés à attendre longtemps pour les articles dont ils ont besoin parce qu’ils sont maintenant bien habitués à une réponse quasi instantanée à leurs demandes).

Nous ne sous-estimons pas les difficultés à venir et nous espérons vivement que nous n’aurons jamais besoin de mettre en œuvre le Plan B, qui ne peut en aucun cas remplacer l’accès instantané au texte intégral électronique et aux ressources du web dont nos usagers apprécient tant la valeur. Mais la crise à court terme peut conduire à un gain à long terme, et nous croyons que nous n’avons pas d’autre choix que de tenir bon. Faire autrement mettrait en péril l’avenir de la recherche au Royaume-Uni. Nous ne pouvons pas courir ce risque.

Notes

1 Abonnement à un paquet global de revues. Retour au texte

2 L’ASPI est une initiative lancée en 2010 par la RLUK pour faire pression afin d’obtenir des prix plus abordables et annuler les hausses de prix abusives des ressources de ces dernières années. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Deborah Shorley, « Trop, c’est trop ! L’ASPI – Affordable Subscriptions for Periodicals Initiative – à Londres », Arabesques, 63 | 2011, 17.

Référence électronique

Deborah Shorley, « Trop, c’est trop ! L’ASPI – Affordable Subscriptions for Periodicals Initiative – à Londres », Arabesques [En ligne], 63 | 2011, mis en ligne le 25 juin 2020, consulté le 15 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1856

Auteur

Deborah Shorley

Directrice des bibliothèques de l’Imperial College de Londres Central Library South Kensington Campus LONDRES SW7 2AZ, présidente de l’ASPI, et membre du conseil scientifique de l’ABES. http://www.rluk.ac.uk/

d.shorley@imperial.ac.uk

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