La tradition d’ouverture de la bibliothèque Sainte-Geneviève remonte à ses origines : l’abbaye médiévale participait déjà au rayonnement intellectuel du Quartier latin ; après une éclipse et une renaissance, le XVIIIe siècle la vit accueillir érudits et curieux de science et de culture ; enfin, après la Révolution qui rendit la bibliothèque pleinement publique, il y fut assez vite institué une ouverture nocturne permettant aux « honnêtes gens », trop occupés dans la journée, et aux étudiants, trop pauvres pour se payer chauffage et bougie, de venir y travailler...
Si le bâtiment conçu par Henri Labrouste au milieu du XIXe siècle, ainsi que ses horaires d’ouverture tardifs, et bien sûr ses fonds, continuent aujourd’hui d’exercer un fort pouvoir d’attraction sur ses publics, étudiants en tête, la mise en place de nouveaux services en ligne devrait permettre de proposer quelques réponses à leurs attentes nouvelles. Parmi ces dernières, l’exigence d’une rapidité de service a conduit la bibliothèque à proposer, depuis septembre 2008, un service de préinscription des lecteurs sur Internet. Par ailleurs, la fonction de « mise de côté » permettant aux usagers (les chercheurs et enseignants dans un premier temps) de commander des documents à distance, pour le jour de leur venue, est prévue début 2010. Ce service complètera la fonction de demande de communication depuis l’OPAC qui permet, depuis plusieurs années déjà, de resserrer à 20 minutes au plus le délai de communication des documents conservés en magasin.
Si le bâtiment conçu par Henri Labrouste au milieu du XIXe siècle, ainsi que ses horaires d’ouverture tardifs, et bien sûr ses fonds, continuent aujourd’hui d’exercer un fort pouvoir d’attraction sur ses publics, étudiants en tête, la mise en place de nouveaux services en ligne devrait permettre de proposer quelques réponses à leurs attentes nouvelles. Parmi ces dernières, l’exigence d’une rapidité de service a conduit la bibliothèque à proposer, depuis septembre 2008, un service de préinscription des lecteurs sur Internet. Par ailleurs, la fonction de « mise de côté » permettant aux usagers (les chercheurs et enseignants dans un premier temps) de commander des documents à distance, pour le jour de leur venue, est prévue début 2010. Ce service complètera la fonction de demande de communication depuis l’OPAC qui permet, depuis plusieurs années déjà, de resserrer à 20 minutes au plus le délai de communication des documents conservés en magasin.
Commençons la « visite guidée » de ces services par une recherche dans son nouvel OPAC Vubis1, dont les index s’étendent, au-delà des usuelles et nécessaires requêtes sur les critères tous mots / auteur / titre / sujet / date, etc., à toutes les données qui peuvent intéresser un explorateur du patrimoine : lieu d’édition, éditeur, imprimeur-libraire, notes sur l’exemplaire… Au terme de la recherche, les notices qui s’affichent sont « enrichies », chaque fois que possible, par le biais de web services, de données issues d’Electre, incontournable si l’on souhaite offrir la table des matières, en plus de la première et de la quatrième de couverture. Pour les ouvrages étrangers, le service s’appuie sur Google Livres. Ces web services se fondent sur une recherche par ISBN, ce qui les limite aux documents publiés dans les quarante dernières années.
Une extension de recherche a ensuite été intégrée au catalogue à l’aide du logiciel V-Link, le résolveur de liens OpenURL commercialisé par Infor, mais développé originellement par les informaticiens de la VUB et de l’ULB (Universités libres flamande et wallonne de Bruxelles) et la Tu/E (Université technologique d’Eindhoven)2. Un seul clic permet, à partir d’une notice, d’offrir un ensemble organisé de liens vers de nombreuses ressources complémentaires : rebonds vers le Sudoc ou vers d’autres catalogues comme le KVK3 (puissant moteur de recherche fédérée dans les grands catalogues du monde), accès aux périodiques et ressources électroniques comme dans l’intéressant projet N@ncy-Clic (se reporter au n° 56 d’Arabesques).
L’originalité du paramétrage complémentaire de V-Link est liée à la constitution même des fonds de la bibliothèque, dont une proportion importante est antérieure à 1914, majoritairement de langue française (dépôt légal oblige). Par leur qualité même de « ressortissants du domaine public », ces documents sont et seront toujours plus susceptibles, à l’avenir, d’être doublés dans le cyberespace d’un clone numérique, lequel pourra servir à préserver leur condition physique tout en permettant leur consultation à distance. Alors que la numérisation du patrimoine français avance à grands pas – et Sainte-Geneviève y prend sa part avec la constitution d’une bibliothèque numérique (fin 2010) contenant plus d’une centaine d’incunables, plusieurs centaines de récits de voyages nordiques, ainsi qu’environ 600 monographies les plus rares de son fonds du XIXe siècle4 –, il paraît en effet évident d’établir les connexions permettant de faire se rencontrer notices descriptives, d’une part, et doubles numériques, d’autre part. La diffusion des documents numériques, portée en grande partie par le moissonnage OAI pour la constitution d’entrepôts de référence (comme Gallica, qui moissonne maintes bibliothèques partenaires, est elle-même moissonnée par Europeana), ne s’y limite en effet pas. Car chaque bibliothèque n’a pas vocation à moissonner en OAI l’ensemble des sources disponibles… En revanche, toutes peuvent démultiplier et faciliter l’accès à ces entrepôts. À côté des liens vers d’autres catalogues ou vers les fournisseurs de périodiques numériques, l’attention a donc été portée, dans l’interface V-Link, sur les bibliothèques numériques : Gallica, Europeana, Archive. org, Google Livres, ainsi qu’une centaine de sites web complémentaires dédiés aux livres numériques et indexés par Google, rassemblés pour l’occasion dans un moteur Google de recherche personnalisée, DigitBib5. Dès sa mise en place, ce service de rebonds a montré son efficacité, permettant à des lecteurs qui n’avaient pas pensé a priori à chercher tel livre dans Gallica, de l’y trouver en un clic.
Mais l’ouverture du catalogue, qui permet ces circulations de données, ne s’arrête pas là. Ouvert, il l’est lui-même dans la structure de ses requêtes, de type OpenURL / Opensearch, c’est-à-dire bâties sous forme d’URLs lisibles et exploitables par d’autres systèmes qui souhaiteraient établir un lien vers lui.
Dans le même esprit (interroger catalogues et ressources à partir de sites extérieurs), l’OPAC et V-Link seront bientôt également proposés sous forme de modules complémentaires (plugins) pour Internet Explorer et Firefox (avec un avantage à ce dernier qui offre un peu plus de fonctionnalités).
Les expériences d’intégration de l’OPAC et/ou de résolveur de liens dans les navigateurs se rencontrent déjà ici et là (avec LibX6 à la BULAC ou OpenURL Referrer d’OCLC7, en version « Jubil » avec les paramétrages propres à l’UPMC par exemple8), et nous ont servi de modèles enthousiasmants, et finalement encore bien discrets malgré leur intérêt évident. Le premier de ces outils permet à ses utilisateurs de bénéficier d’une barre permanente de recherche dans le catalogue, mais aussi d’une possibilité de requête par « clic droit » sur du texte sélectionné. Mieux encore, une icône spécifique apparaît grâce à des javascripts sur les pages de certains sites proposant des références de livres, permettant de vérifier immédiatement leur localisation (LibX les propose entre autres sur Amazon, google.com et abebooks.com) ; dans d’autres cas, plus simplement, ce sont les ISBN trouvés dans la page qui se transforment en liens pour rebondir vers le catalogue. Autre possibilité, le site Wikipedia, de son côté, met en pratique les Coins (ContextObjects in Spans) qui font apparaître des liens OpenURL (exploitables par OpenURL Referrer par exemple) dans une page web : une utilisation plus systématisée des résolveurs favorisera peut-être, espérons-le, la généralisation de ces métadonnées bibliographiques dans toutes les références citées en ligne9…
S’ajoute enfin à ces outils, Zotero, le gestionnaire de références intégrable à Firefox, qui dispose lui aussi d’une fonction de localisation, basée sur un résolveur de liens dont il suffit de paramétrer l’URL pour le rendre opérationnel10.
Reste à vérifier que nos lecteurs, pour la plupart digital natives, sauront bien exploiter toutes ces possibilités…