Déjà, les Farnèse…

À l’École française de Rome

DOI : 10.35562/arabesques.2384

p. 20-21

Outline

Text

La bibliothèque de l’École française de Rome est la plus grande bibliothèque française implantée en dehors du territoire national. Sa situation, au deuxième et au troisième étage du palais Farnèse, en fait un lieu à nul autre semblable. L’écrivain italien, Pietro Citati, décrivait ainsi ses impressions en 2002 :

« Dans cette cité de fontaines et de bibliothèques qu’est Rome, il n’existe pas de bibliothèque plus parfaite que celle de l’École française, à Palazzo Farnese… La salle est immense... Les murs montent jusqu’au plafond comme dans un Saint‑Pierre de volumes, comme dans un paradis d’in‑folios ; et ces milliers de livres, ces cuirs précieux, ces reliures rouges et dorées, ces textes d’archéologie et d’histoire antique donnent à l’espace quelque chose d’infini et en même temps de clos… »

Romain Rolland

L’École française s’installe en 1875, à peine quelques mois après sa création, dans le palais Farnèse où elle suit l’ambassade de France. Elle occupe, au deuxième étage du palais, des salles où, déjà, les Farnèse présentaient leurs collections de livres au XVIIe siècle dans une suite de salons décorés de beaux plafonds aux armes des différents cardinaux de la maison. Mais depuis près d’un siècle, la bibliothèque a peu à peu envahi tous les espaces disponibles autour du premier salon, aujourd’hui appelé le « studio », qui jusque vers 1900 suffit à contenir tous les livres ; c’est là que Romain Rolland a travaillé. Au troisième étage, les anciens greniers du palais ont été progressivement aménagés en salles spécialisées. En l’absence de bibliothécaire, c’est d’abord le directeur qui acquiert, catalogue et range les livres. Dès le départ, un réseau d’échanges est mis en place avec de nombreux partenaires. Le premier conservateur est nommé seulement en 1959. Dans les années 1970, la bibliothèque s’ouvre, en dehors des membres et des boursiers, au public universitaire international.

La bibliothèque comprend aujourd’hui 182 656 volumes (dont 72 656 volumes de périodiques, représentant 2 083 titres). Les principales matières sont la philologie antique et médiévale (12 334 volumes), l’archéologie (10 192), l’histoire du droit romain (10 326), l’histoire d’Italie (9 072), l’histoire antique (8 595), l’histoire de l’art ancien, l’histoire religieuse et l’histoire de France.

EFR - Salle de la réserve du fonds Volterra au troisième étage du palais Farnèse

EFR - Salle de la réserve du fonds Volterra au troisième étage du palais Farnèse

Crédit photo - Giuseppe SCHIAVINOTTO Roma

Langues

Le grand intérêt des collections vient de leur caractère international : 40,26 % de livres en langue française, 30,36 % de livres en italien, 11,3 % en allemand, 10,5 % en anglais, 5,46 % en latin, 2,18 % en espagnol. Les langues d’acquisition sont au nombre de sept (français, italien, anglais, allemand, espagnol, grec moderne…), même si par les échanges trente autres langues sont représentées.

Le rythme annuel d’acquisition est d’environ 3 000 monographies dont 1 000 proviennent de dons ou d’échanges. Les périodiques courants sont 1 200. La richesse des dons et des échanges, par la possibilité que la bibliothèque a de puiser dans les publications de l’École, apporte au catalogue une documentation archéologique et historique de tout premier plan, souvent de diffusion restreinte. La bibliothèque possède aujourd’hui 513 partenaires d’échanges. Sans surprise, c’est l’Italie qui est le premier partenaire régulier avec 178 échanges, puis la France, essentiellement représentée par des centres de recherche, avec 93 échanges, puis l’Espagne dont la politique de publication scientifique est fortement soutenue, comme en Italie, par les régions, provinces et communes. Les autres partenaires sont plutôt d’Europe orientale – autant d’échanges en Croatie qu’aux États‑Unis !

La bibliothèque dispose d’un petit fonds ancien, acquis à partir de 1875 par des achats chez des libraires d’occasion, et de quelques manuscrits, dont deux du XVIIIe siècle. Il a été accru de façon notable par le dépôt en 1984 de la bibliothèque du professeur Volterra qui comprend, parmi 10 000 volumes consacrés à l’histoire du droit romain, plus d’un millier de volumes anciens (deux incunables et des éditions juridiques du XVIe au XVIIIe siècle).

Le catalogue informatique de la bibliothèque (www.farnese.efrome.it) comprend désormais 95 % des collections de livres et de périodiques. En un an, la bibliothèque a connu une évolution considérable : le quasi-achèvement du catalogue informatique, la sortie du réseau local romain URBS, le passage du format MARC 21 à UNIMARC, l’acquisition d’un système de gestion personnel (Millennium), puis bientôt l’indexation RAMEAU. Autant de données qui facilitent l’intégration en cours dans le Système universitaire de documentation, dans le but de rendre plus accessibles les richesses de la bibliothèque aux chercheurs internationaux.

Seize agents (quinze équivalents temps plein) travaillent à la bibliothèque dont un conservateur, deux bibliothécaires, cinq assistants et huit magasiniers.

Fresque dans le goût napolitain du XVIIe siècle au plafond de la plus ancienne salle de la bibliothèque, dite « lo studio »

Fresque dans le goût napolitain du XVIIe siècle au plafond de la plus ancienne salle de la bibliothèque, dite « lo studio »

Crédit photo : Giuseppe SCHIAVINOTTO, Roma

Rencontres

Au départ, réservée aux membres, la bibliothèque s’est ouverte à partir de 1976 aux boursiers (doctorants en début de thèse) puis aux enseignants et chercheurs des universités. Le nombre des présences annuelles est passé de 5 500 en 1976 à 17 000 en 1985. Devant la croissance de la fréquentation, accrue par des fermetures temporaires d’autres bibliothèques archéologiques romaines, l’accès des étudiants a été restreint aux seuls doctorants. En 2006-2007, la bibliothèque a pourtant atteint un rythme de 25 000 entrées par an.

Au total, les lecteurs inscrits depuis juin 2005 sont au nombre de 4 391 (mars 2008), dont 2 458 Italiens, 905 Français, 204 Espagnols et vingt-cinq autres nationalités…L’université la plus représentée est celle de Roma‑La Sapienza (600 lecteurs), devant celles de Naples (126), de Roma‑Tor Vergata (110), de Roma 3 (104), de Paris‑I (90), et de Paris‑IV (87).

Les horaires sont les suivants : pour les étudiants de 10 heures à 19 heures, du lundi au vendredi ; pour les professeurs, membres et boursiers, de 9 heures à 21 heures, du lundi au samedi. La bibliothèque est fermée en août.

Dans ce décor particulier, les lecteurs disposent de 170 places réparties entre quatorze salles et galeries (sur deux étages, environ 2 000 km2). 85 % du fonds est en libre accès pour les chercheurs. Ce libre accès généralisé, l’ampleur des horaires, la diversité des langues d’acquisition, outre la beauté et la centralité du lieu, font de cette bibliothèque un endroit où l’on travaille avec efficacité et avec plaisir, les jeunes doctorants y croisant les historiens et archéologues qu’ils connaissent par leurs bibliographies. C’est un lieu de rencontre entre les disciplines, les nationalités et les générations.

Telle qu’elle est, s’il n’y avait le problème insoluble de la place disponible pour les nouvelles collections – on estime à trois années d’accroissement les capacités actuelles –, la bibliothèque pourrait être confiante dans son avenir et dans la reconnaissance de ceux qui la fréquentent avec assiduité et qui la retrouvent, à chaque retour, avec le même plaisir.

Illustrations

  • EFR - Salle de la réserve du fonds Volterra au troisième étage du palais Farnèse

    EFR - Salle de la réserve du fonds Volterra au troisième étage du palais Farnèse

    Crédit photo - Giuseppe SCHIAVINOTTO Roma

  • Fresque dans le goût napolitain du XVIIe siècle au plafond de la plus ancienne salle de la bibliothèque, dite « lo studio »

    Fresque dans le goût napolitain du XVIIe siècle au plafond de la plus ancienne salle de la bibliothèque, dite « lo studio »

    Crédit photo : Giuseppe SCHIAVINOTTO, Roma

References

Bibliographical reference

Yannick Nexon, « Déjà, les Farnèse… », Arabesques, 52 | 2008, 20-21.

Electronic reference

Yannick Nexon, « Déjà, les Farnèse… », Arabesques [Online], 52 | 2008, Online since 17 février 2021, connection on 20 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=2384

Author

Yannick Nexon

Yannick Nexon, directeur de la bibliothèque de l’EFR - École française de Rome - www.ecole-francaise.it - Palazzo Farnese - Piazza Farnese, 67 - 00186 ROMA Italie. Tél : 06 68 60 13 30/06 68 60 12 66

yannick.nexon@efrome.it

Author resources in other databases

  • IDREF
  • ISNI
  • VIAF
  • BNF

By this author

Copyright

CC BY-ND 2.0