Cartographie CollEx-Persée : valoriser les « Collections d’Excellence »

DOI : 10.35562/arabesques.2767

p. 12-13

Plan

Texte

Le 25 novembre 2021, La contemporaine n’avait pas encore fêté l’inauguration officielle de ses nouveaux locaux qu’elle accueillait déjà une journée d’étude consacrée à la Cartographie CollEx-Persée, projet destiné à valoriser les collections labellisées « Collections d’Excellence ». Quarante-cinq personnes, représentant les seize établissements impliqués à ce jour dans le projet, s’étaient rassemblées pour discuter des enjeux et des réalisations de l’année 2021. Elles devaient aussi, collectivement, imaginer l’avenir de ce nouvel outil de signalement en réseau.

Décrire une réalité composite au sein du répertoire de fonds du catalogue collectif de france

Le projet d’une cartographie dynamique, pour favoriser l’usage des collections des bibliothèques par les chercheurs, figure dans la feuille de route initiale du GIS CollEx-Persée. Il s’agissait de souligner l’intérêt de gisements documentaires largement méconnus au sein des bibliothèques, dans un contexte où la disponibilité massive de ressources documentaires en ligne a modifié les pratiques de recherche. S’appuyant sur les bases de signalement existantes, sans chercher à les concurrencer, cet outil entend répondre à des exigences liées au caractère très hétérogène des ressources à décrire. Généraliste et pluridisciplinaire, il couvre l’ensemble du spectre académique, mais aussi tous les types de documents susceptibles d’être conservés : imprimés, manuscrits, archives, fonds iconographiques, collections numériques.

Après une première phase d’étude en 2019, il a été décidé de s’appuyer sur le répertoire de fonds du Catalogue collectif de France (CCFr)1. Il offre, en effet, l’avantage de concerner l’ensemble des bibliothèques ouvertes au public, relevant ou non de l’Enseignement supérieur et de la recherche. En outre, l’évolution de cet outil vers une solution en EAD, à l’orée 2022, ouvre des perspectives d’interopérabilité avec d’autres plateformes (Calames, IdRef), ainsi que la possibilité pour les chercheurs d’exporter et de réutiliser les données, celles-ci étant sous licence ouverte Etalab.

Dessin à l’aquarelle du temple de Thésée, à Athènes, sans date : vers 1810-1817.

Dessin à l’aquarelle du temple de
            Thésée, à Athènes, sans date : vers 1810-1817.

© Haller von Hallerstein Collection Bnu

Tester un modèle de données qui valorise les thématiques des corpus documentaires

En 2020, un modèle de données a été élaboré, qui articule trois niveaux : institution détentrice, fonds et sous-fonds. L’enjeu est de rendre visibles, dès l’énoncé du titre et du sous-titre, les thématiques, la provenance et les supports des ensembles signalés. Ces informations doivent apparaître d’emblée dans le moteur de recherche du répertoire pour faciliter la navigation de l’usager chercheur. Afin de tester le modèle de données proposé et de fournir un ensemble conséquent d’exemples, un groupe pilote a été constitué début 2021, représentatif de divers types de bibliothèques et de disciplines2. Très vite, les établissements se sont pris au jeu et ce sont aujourd’hui près de 550 notices « CollEx-Persée » qui sont mises à disposition. Couvrant l’ensemble des domaines scientifiques du référentiel Hcéres (Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), ces descriptions démontrent la pertinence de l’approche retenue : elles serviront de modèles pour l’ouverture du service à l’ensemble des collections labellisées.

Lors de la journée d’étude du 25 novembre, les pilotes du projet, La contemporaine, le Muséum national d’histoire naturelle, la Bibliothèque nationale de France et l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur se sont succédés pour proposer le bilan de cette première phase et préfigurer les prochaines étapes : objectifs, gouvernance et développements informatiques. L’après-midi était plus interactive : réunis en différents ateliers thématiques (Sciences de l’Antiquité, Histoire politique contemporaine, et Ethnologie, Sciences et techniques, Atelier général sur la Cartographie), les participants ont pu réfléchir aux perspectives d’avenir de la Cartographie, qui a vocation à s’enrichir des travaux menés par les communautés de chercheurs.

Andreas Cellarius, Scenographia compagis mundanæ Brahea, 1708.

Andreas Cellarius, Scenographia
            compagis mundanæ Brahea, 1708.

© Collection Bnu – Numistral

S’appuyer sur les projets de recherche pour travailler en réseau

À l’issue de la journée, les restitutions ont permis de constater de nombreuses convergences, quelle que soit la thématique considérée. L’atelier « Anthropologie et Ethnologie » a souligné que l’exercice de cartographie était une étape préalable à de nombreux de projets de recherche qui s’emploient souvent, dans leur phase initiale, à recenser les matériaux disponibles. Adoptant une métaphore naturaliste, on pourrait comparer la Cartographie à un épiphyte, cette plante qui s’appuie sur les autres pour monter vers le ciel. Chaque travail de recensement et d’indexation mené dans le cadre d’un projet de recherche viendrait enrichir le répertoire de fonds du CCFr tandis que cet outil, plus pérenne, jouerait un rôle de pivot pour faire dialoguer les fonds ainsi décrits avec d’autres ressources. Enfin, le répertoire offrirait aux chercheurs de nombreuses possibilités d’exports et de réutilisations.

Ces enjeux expliquent les interactions étroites entre la Cartographie et le projet « Digital Maghreb3 », porté par le GIS « Moyen-Orient et mondes musulmans ». Cet organisme a diligenté une enquête pour identifier les fonds intéressant les études maghrébines dans les collections françaises. Celle-ci recense des fonds déjà signalés dans le répertoire du CCFr par des établissements labellisés CollEx, tout en apportant un éclairage thématique. La Cartographie joue alors son rôle de mutualisation des projets dans la mesure où une indexation spécifique à un axe de recherche peut enrichir des notices existantes. L’atelier « Sciences de l’Antiquité » a justement souligné le besoin de répondre, dans les pratiques de description, aux approches des chercheurs. Ainsi, les fonds relevant de cette thématique devraient, en plus de Rameau, adopter le thésaurus PACTOLS, conçu par et pour des chercheurs, et utilisé par des collections conservées dans des établissements relevant du ministère de la Culture.

Quel cadre de travail pour la cartographie en 2022 ?

Outre la mise en place d’ateliers thématiques, l’enjeu de l’année 2022 est d’étendre la Cartographie au plus grand nombre d’établissements possédant des collections labellisées. À cette fin, un webinaire de présentation sera organisé au premier trimestre. En parallèle, le « groupe de suivi » Cartographie sera maintenu pour accompagner les collègues débutant leurs travaux de signalement.

En matière de description, deux types d’ensembles ont été identifiés comme prioritaires :

• Les fonds dits « dormants », car non signalés dans les catalogues et pour lesquels le répertoire du CCFr offre une solution adaptée pour attirer l’attention des chercheurs.

• Les fonds hybrides croisant matériaux physiques et numériques, imprimés, archives et objets, déjà signalés par ailleurs mais répartis sur plusieurs catalogues. Les notices de fonds du CCFr permettraient de faire apparaître une cohérence dont ne rendent pas compte des catalogues spécifiques. Cette même logique peut également permettre de reconstituer l’unité originelle d’ensembles aujourd’hui conservés par différents établissements.

Un autre enjeu sera de veiller aux bonnes pratiques de signalement à travers un travail normatif. En 2021, le chef de projet Cartographie a ainsi utilisé le moteur de recherche ScanR pour identifier les points d’accès employés de préférence par les communautés de recherche susceptibles de mobiliser les collections décrites. Chaque réseau thématique pourrait capitaliser sur ces travaux afin d’adapter les indexations retenues aux pratiques des utilisateurs.

Enfin, une attention particulière sera portée à la mise à jour régulière des notices produites. Ce suivi indispensable, qui doit être porté par la demande et l’usage des chercheurs, garantira le dynamisme de la Cartographie et permettra d’assurer sa pérennité dans un projet CollEx-Persée 2.

1 https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/public/index.jsp?action=public_formsearch_fonds

2 Le groupe pilote était constitué des bibliothèques de l’INHA (Institut national d’histoire de l’art), de Sciences-Po, du MNHN

3 https://digimagh.hypotheses.org

Notes

1 https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/jsp/public/index.jsp?action=public_formsearch_fonds

2 Le groupe pilote était constitué des bibliothèques de l’INHA (Institut national d’histoire de l’art), de Sciences-Po, du MNHN, de Sorbonne Université, de la Sorbonne Nouvelle, de l’Université Grenoble Alpes et de la bibliothèque Henri-Piéron de l’Université de Paris, des SCD des université de Lille et de Lyon 1, de la médiathèque du Musée du Quai Branly, des bibliothèques interuniversitaires de Santé et de la Sorbonne, de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU), de La contemporaine, de la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (Bulac) et du GED Condorcet.

3 https://digimagh.hypotheses.org

Illustrations

Dessin à l’aquarelle du temple de             Thésée, à Athènes, sans date : vers 1810-1817.

Dessin à l’aquarelle du temple de Thésée, à Athènes, sans date : vers 1810-1817.

© Haller von Hallerstein Collection Bnu

Andreas Cellarius, Scenographia             compagis mundanæ Brahea, 1708.

Andreas Cellarius, Scenographia compagis mundanæ Brahea, 1708.

© Collection Bnu – Numistral

Citer cet article

Référence papier

Clément Oury et Philippe Goguely, « Cartographie CollEx-Persée : valoriser les « Collections d’Excellence » », Arabesques, 104 | 2022, 12-13.

Référence électronique

Clément Oury et Philippe Goguely, « Cartographie CollEx-Persée : valoriser les « Collections d’Excellence » », Arabesques [En ligne], 104 | 2022, mis en ligne le 12 janvier 2022, consulté le 16 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=2767

Auteurs

Clément Oury

Copilote du projet Cartographie Collex-Persée, directeur adjoint de la bibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle

clement.oury@mnhn.fr

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Philippe Goguely

Chef du projet Cartographie Collex-Persée, bibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle

phlippe.goguely@mnhn.fr

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