Dans le cadre du développement des actions de coopération territoriale, la BPI, – Bibliothèque publique d’information – a créé, en 2002, un consortium pour l’achat de ressources en ligne. Il s’agit de favoriser l’intégration de ressources en ligne dans l’offre documentaire des bibliothèques de lecture publique. La gestion de ces ressources nécessite de nouvelles compétences et un travail coopératif dans ce domaine est fort utile. L’activité de Carel se déploie sur plusieurs objectifs. Bien sûr, un consortium s’emploie d’abord à négocier des licences ; ensuite est mené un important travail d’information et de communication. Enfin, nous cherchons à sensibiliser les éditeurs aux demandes et aux besoins des bibliothèques. Carel, groupe informel sans statut juridique, s’appuie sur un comité de pilotage auquel participent plusieurs bibliothèques, des associations professionnelles comme l’ADDNB1 et l’ADBGV2 ainsi qu’un représentant de la direction du livre et de la lecture du ministère de la culture et de la communication. La BPI en assure la coordination. Carel propose des ressources numériques adaptées aux besoins documentaires des bibliothèques de lecture publique. 86 bibliothèques participent à Carel en 2006 ; ce sont essentiellement des bibliothèques municipales issues en majorité des régions Île-de-France, Rhône-Alpes et Paca. Le profil moyen est représenté par des établissements de plus de 5 000 km2 de surface, employant près de 50 personnes et disposant d’un budget d’acquisition de 3,62 € par habitant.
Centre Pompidou
© Philippe Migeat / Centre Pompidou
La médiathèque départementale du Cantal est la première bibliothèque départementale de prêt à proposer, à quatre bibliothèques de son réseau, l’accès à des ressources en ligne. Chaque établissement souscrit en moyenne quatre abonnements pour un coût moyen de 5 000 €, ce qui représente une faible part du budget d’acquisition. Carel a négocié une trentaine de titres ; il s’agit d’une documentation d’information et de vulgarisation généraliste et francophone. Les titres les plus sollicités sont les encyclopédies, les bases d’archives de presse, l’autoformation et la jeunesse. Cette offre est disparate, elle n’est ni homogène, ni complète. Elle reflète la réalité de l’édition numérique francophone, payante, grand public, qui se crée lentement et peine à trouver sa rentabilité économique. L’édition française généraliste est restreinte et appréhende encore mal le marché des bibliothèques. Les ressources en anglais sont très peu demandées. Les prix pratiqués par les éditeurs pour un usage collectif demeurent le premier obstacle à l’expansion des collections. Même si la palette des prix négociés est très large, les premiers tarifs démarrent à 60 €. Mais les ressources vraiment novatrices sont coûteuses. Si des progrès existent dans la transparence de prix identiques négociés, les prix sont affichés sur le site internet3, la lecture des tarifs reste ardue pour nombre de bibliothécaires, avec des critères encore compliqués et pluriels, bien que le nombre d’accès simultanés tend à se généraliser comme base de calcul.
Du temps & de l’accompagnement
L’intégration des ressources numériques payantes dans les bibliothèques de lecture publique est encore dans une phase de démarrage. Cette documentation réclame un travail de médiation pour inciter le public à une large consultation. La navigation libre sur Internet est plus facile à mettre en œuvre. Les usages sont encore peu développés, la demande exprimée reste faible, celle des bibliothécaires comme celle des usagers, la valeur ajoutée ne s’impose pas comme une évidence. L’équipement technique n’est pas suffisant. Si plus de 60 % des bibliothèques municipales proposent un accès public à Internet, elles disposent d’un faible nombre de postes. Or le déploiement de ressources numériques nécessite du temps, de l’accompagnement et des infrastructures techniques adaptées. Carel est un axe prioritaire du programme de coopération de la BPI. Il existe une forte demande d’information et de formations sur les contenus et les dispositifs. En matière d’organisation, il faut développer l’aspect coopératif qui permettra d’échanger sur les produits, les usages, les problèmes techniques ou commerciaux rencontrés et qui favorisera la veille documentaire partagée.
L’ADDNB, membre actif du comité de pilotage, propose un forum d’échanges sur son site qui pourra servir de plateforme de mutualisation.
Sur l’offre éditoriale à proposer, l’analyse de la demande des bibliothèques conduit à rechercher les produits d’autoformation, des ressources pour la jeunesse.
Nous travaillons aussi sur l’offre de musique et de films en ligne et le prêt des livres numériques.
Enfin, les bibliothèques départementales de prêt s’interrogent sur ces produits, particulièrement la presse, et seraient intéressées par un accès sécurisé à distance pour leur réseau.