Le monde des « objets bibliographiques » se partage en deux : les objets finis lors de leur publication1 – les monographies – et ceux qui ne le sont pas – les ressources continues. Ces dernières peuvent être simplement mises à jour en continu (les ressources intégratrices) ou faire l’objet de livraisons successives dont on ne sait pas à l’avance quand elles cesseront (les publications en série). Les ressources intégratrices comprennent les publications à feuillets mobiles à mise à jour, les sites web et les bases de données mis à jour en continu. Les publications en série comprennent les périodiques, les journaux, les annuaires, les actes de congrès… et les collections de monographies.
Différencier publication en série et monographie en plusieurs volumes (ou suite fermée) est une difficulté : si un éditeur veut faire connaître « l’Histoire du jazz en 40 CD », même si on trouve sur chaque CD « Collection Histoire du jazz », il ne s’agit pas pour autant d’une collection au sens « bibliothéconomique » du terme, car on connaît dès le départ la limite de 40 CD. En revanche, s’il veut nous faire découvrir « l’Histoire du jazz », il peut aussi produire une (vraie) collection de CD, qui, elle, pourra s’arrêter à tout moment – ou jamais !
Les deux spécificités des notices de ressources continues
La première spécificité de la description des ressources continues, c’est qu’une notice n’est jamais terminée avant que la publication ait cessé de paraître : le titre peut varier [changement « mineur » ; en cas de changement « majeur », c’est une nouvelle notice], l’éditeur, la collation, la numérotation, la périodicité, le type de publication, les titres liés, les mentions de responsabilité ; tout peut changer. C’est la raison pour laquelle le catalogage des publications en série se fait, en principe, à partir de la première livraison de la publication : pour faire simple, toute la partie « pavé ISBD » correspond, en principe, à cette première livraison et tout le reste (notes, liens, accès titre, matières, auteur) concerne la publication dans sa totalité.
La seconde spécificité des notices de ressources continues, c’est leur « universalité », au moins pour ce qui concerne leur identification. Toutes les ressources continues (de tous les temps et de tous les pays) ont vocation à recevoir un numéro ISSN et un titre clé spécifique attribués par un organisme international spécialisé appelé ISSN [un centre international à Paris et 82 centres nationaux à ce jour]. Ce couple indissociable constitue une « clé d’identification » universelle qui peut se trouver dans tous les catalogues de tous les pays. Chaque titre clé est unique. Par exemple, la « Revue des sciences sociales », ISSN 0484-8640, publiée entre 1954 et 1963 en Roumanie, a pour titre clé « Revue des sciences sociales ». Quand l’Université des sciences humaines de Strasbourg publie, en 2000, une revue de même titre (ISSN 1623-6572), celle-ci reçoit pour titre clé « Revue des sciences sociales (Strasbourg) ».
Les deux réseaux du SUDOC-PS et de l’ISSN
En France, l’histoire du CCNPS (Catalogue collectif national des publications en série) et de son intégration dans le Système universitaire de documentation, le Sudoc, a conduit le réseau du Sudoc-PS (Système universitaire de documentation des publications en série), non seulement à se donner pour règle l’identification de toutes les ressources continues du catalogue par numéro ISSN + titre clé, mais aussi l’intégration d’autres éléments des notices ISSN dans chaque notice, entre autres les dates de publication, l’adresse bibliographique de départ, les liens avec d’autres ressources continues. Ces informations sont donc supposées être toujours en cohérence avec les mêmes informations ISSN [le catalogue]. Pour cette raison, le réseau du Sudoc-PS et le réseau ISSN se doivent de collaborer, aussi bien pour ce qui concerne la numérotation ISSN des « nouveaux » titres [ceux ne faisant pas encore l’objet d’une notice ISSN], que pour les corrections éventuelles sur les notices existantes par l’un ou l’autre réseau [corrections sur les informations « sous autorité ISSN »]. Universalité oui, « mondialisation » non ! Il ne s’agit pas pour autant d’une volonté d’obtenir, pour une même publication, la même notice à New York, Montpellier, Pékin, Moscou ou Dakar. Chaque catalogue garde ses spécificités, dans toutes les zones du format qui ne sont pas « sous autorité ISSN ».
Dans le Sudoc, celles-ci peuvent s’exprimer dans la zone du titre et de la mention de responsabilité, de l’adresse (intermédiaire ou courante), de la collation, dans les notes, et dans tous les accès titres, matières et vedettes auteurs…