La plateforme de revues scientifiques en libre accès Open U Journals1 de l’université de Bordeaux est née en 2016 de la volonté de l’établissement de s’investir dans le mouvement pour le libre accès aux publications scientifiques. Elle héberge actuellement dix revues de différents domaines scientifiques et relevant de différents établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Une expérimentation réussie, et qui se développe dans le cadre de l’appel à projet FNSO 2, a réuni l’expertise de différents services et directions de l’université de Bordeaux, offrant un nouveau rôle et la participation à de nouvelles activités à la Direction de la documentation.

La plateforme de revues scientifiques en libre accès open u journals, un prototype réussi (2015-2017)

En 2014, la présidence de l’université de Bordeaux annonce sa volonté de participer au mouvement du libre accès aux publications scientifiques. Deux projets de plateforme numérique voient le jour, dans la voie verte d’une part, avec la création d’une archive ouverte institutionnelle, et dans la voie dorée d’autre part avec l’ouverture d’une plateforme de revues scientifiques en libre accès destinée à des chercheurs bordelais.

En 2015, une équipe projet de 10 personnes se constitue réunissant la Direction des systèmes d’information (DSI), la Direction de la documentation ainsi que trois revues pilotes :

• OENO one, ancien Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin, créée en 1967 et portée par l’association the International Viticulture and Enology Society – IVES.
• Journal d’Actualité des Droits Européens, revue de commentaires de l’actualité juridique de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe créée en 2011 à l’université de Bordeaux.
• Journal of Plant Hydraulics, revue expérimentale de l’INRAE, de création nouvelle.

Une étude des solutions logicielles de création de revues scientifiques aboutit au choix du logiciel libre Open Journal System - OJS du consortium interuniversitaire canadien Public Knowledge Project - PKP. L’intérêt de ce logiciel se résume en trois points : il s’agit d’un logiciel libre avec une communauté importante de développeurs dans le monde et il permet la publication des articles en ligne comme la gestion du flux éditorial (la soumission, l’évaluation, la révision et la production). Ce dernier point était un prérequis des revues pilotes, indispensable dans le domaine des sciences et techniques.

Deux développements informatiques vont répondre aux demandes des revues pilotes. La création d’un thème graphique attractif et un module de conversion des articles pour la mise en ligne automatisée des articles (d’un fichier au format bureautique structuré vers des formats de sortie HTML, PDF et XML). La mise à disposition des articles en HTML constitue un atout de la plateforme pour améliorer leur visibilité, leur reprise et leur citabilité sur Internet par rapport au format PDF.

La participation des trois revues pilotes au processus de création de la plateforme a favorisé le respect d’un calendrier projet resserré et une analyse fine des besoins des équipes de revues. Les trois revues sont mises en ligne un an après le démarrage de projet, puis la plateforme s’ouvre dès 2017 à d’autres revues.

La montée en charge progressive et les limites du projet (2017-2019)

Avec une capacité d’accueil de deux revues par an, Open U Journals a progressivement atteint dix revues en ligne : OENO One, Journal d’Actualité des Droits Européens, Journal of Plants Hydraulics, Finance Bulletin, INRAE Productions Animales, International Journal of Virtual Reality, IVES Technical Reviews, Open Wine Law, Revue Forestière Française et Sciences, Eaux et Territoires. Les revues sont éditées par divers établissements ou associations : l’université de Bordeaux, l’INRAE, AgroParisTech, l’Ensam, IVES ou encore l’Association Française de Finance et dans des domaines de recherche différents comme les agrobiosciences, le droit, la finance. Plusieurs revues de transfert, pour un public de professionnels d’un secteur, y trouvent également place.

Une contribution renforcée de la Direction de la documentation de l’université de Bordeaux à la plateforme Open U Journals est également venue compléter l’implication forte de la DSI. Ceci a permis d’ajouter à l’offre technologique initiale des propositions autour de la valorisation des publications (signalement, dissémination) ou d’amener des sujets documentaires en lien avec les métadonnées (DOI, ORCID, IdRef,…) et plus généralement la thématique de la science ouverte (critères d’ouverture des revues, référencement DOAJ,…)

Les aspects juridiques ont également été travaillés avec la Direction des affaires juridiques de l’université touchant à la création des contrats avec les revues (prestation de services), et à la diffusion des revues (Conditions Générales d’Utilisation et Mentions légales, licences et contrats de diffusion).

Sur ces bases solides et cette expérience éprouvée, nous avons souhaité pouvoir aller plus loin, aussi bien sur notre capacité d’accueil annuelle de nouvelles revues que sur les services offerts pour répondre aux nombreuses sollicitations de revues, notamment extérieures à l’établissement.

Du projet d’un établissement à une ambition plus large : le projet open u journals 2024

Nous savions qu’avec des moyens limités, il serait difficile de répondre à ces objectifs, aussi nous nous sommes associés à deux autres établissements fortement intéressés et déjà impliqués sur des actions en soutien à la science ouverte : INRAE et l’université de Lorraine.

Au même moment, le Plan national pour la science ouverte a conforté notre idée qu’une plateforme en voie diamant, avec un logiciel en open source permettant de répondre à toutes les étapes de la chaîne éditoriale, pouvait être soutenue.

Ainsi, en travaillant avec nos partenaires à définir une nouvelle ambition pour la plateforme existante, nous avons pu en élargir les objectifs initiaux en renforçant la dimension science ouverte.

L’opportunité de répondre à l’appel à projet du Fond national pour la science ouverte a permis de finaliser la réflexion collective pour cette « montée en gamme » avec trois enjeux principaux : une adaptation et une accélération sur les aspects technologiques mais toujours avec OJS, un meilleur accompagnement des revues aux nouvelles questions éditoriales et de signalement posées par la science ouverte et une nécessaire refonte de la gouvernance et du modèle économique dans le contexte particulier de la voie diamant.

Lauréats fin 2021 du Fond national pour la science ouverte, les trois établissements déclinent maintenant ces trois objectifs en autant de groupes de travail animés en mode projet et qui rassemblent les métiers de l’édition, des bibliothèques et de l’informatique.

 

Un lieu d’échange entre cultures professionnelles

La dimension réseau et l’articulation avec le reste de l’écosystème national sont essentielles à l’avancement du projet car elles permettent des synergies et une mutualisation sur de nombreuses problématiques tant avec les utilisateurs d’OJS que d’autres plateformes ou pôle éditoriaux.

Ainsi la bibliothèque, dans un nouveau rôle pour elle, a joué un rôle d’interface entre les informaticiens, les métiers de l’édition et les responsables de revues et a enrichi, par les exigences de la science ouverte, les besoins initialement exprimés. Sans présager de la réussite des objectifs prévus pour 2024, Open U Journals a déjà posé quelques jalons prometteurs : permettre des échanges incessants entre cultures professionnelles, montrer l’évidente complémentarité de compétences techniques diverses et faire avancer dans une volonté commune les revues vers une science plus ouverte.