Utiliser le numérique pour disséminer les connaissances, telle est l’ambition du Polen dont le logo évoque les akènes du pissenlit soufflés par la semeuse du Larousse. « Semer à tout vent » pour laisser pousser les nouvelles revues, oui, mais pas n’importe lesquelles, et pas n’importe comment. L’accompagnement proposé par le Polen a pour ambition d’améliorer la qualité éditoriale et la visibilité des revues scientifiques dans l’écosystème diamant. Pépinière, le Polen vise aussi à leur donner des atouts pour adhérer aux plateformes nationales comme OpenEdition.

À l’heure où prédomine en STM le modèle auteur-payeur avec des frais de publication qui ne cessent d’augmenter, le Polen apparaît comme un acteur de la bibliodiversité. Il témoigne aussi de l’éditodiversité, car au sein de ce service commun de l’université Clermont Auvergne, plusieurs acteurs travaillent de concert à l’édition scientifique numérique des revues en ligne : bibliothèque, presses universitaires, laboratoires, services informatiques, pôle humanités numériques de la MSH de Clermont-Ferrand sans oublier la gouvernance de l’université, dont l’ambition est de structurer un pôle éditorial dédié à la science ouverte intégrant l’ensemble de ces structures.

Le contexte de la création du Polen

Quand ont émergé de nouveaux projets de revues en ligne à l’université, en SHS, mais aussi en STM, plusieurs services de l’université (la bibliothèque numérique de la BU de l’UCA, les presses universitaires Blaise-Pascal, le pôle humanités numériques de la Maison des sciences de l’homme de Clermont-Ferrand, les éditions du Centre Michel de l’Hospital) se sont positionnés dans l’accompagnement éditorial des porteurs de revues en mettant à leur disposition des infrastructures techniques pour assurer la diffusion des publications. Du côté de la bibliothèque numérique, la plateforme Open Journal System a été déployée. Du côté de la Maison des sciences de l’Homme et des presses universitaires, des sites ont été mis au point pour héberger les revues, initialement avec le système de gestion de contenu Drupal, puis avec Lodel, plus adapté aux exigences de l’édition scientifique, et permettant de faciliter une migration éventuelle des revues vers la plateforme OpenEdition Journals. Ces efforts croisés des services soutiens à l’édition scientifique numérique dans un contexte de science ouverte se devaient d’être coordonnés pour offrir aux porteurs de projets numériques le meilleur accompagnement possible.

C’est pour répondre à cette nécessité qu’a été créé en 2015 le Polen, guichet unique pour les porteurs de projets éditoriaux liés au numérique pour la recherche, fédérant les équipes de ces services soutiens pour garantir la lisibilité de leur action au service de la recherche universitaire. Conformément à ses statuts, un comité de pilotage rassemblant les représentants de chaque service membre et de la gouvernance de l’université définit les grandes orientations stratégiques, tandis qu’un comité exécutif assure la répartition et le suivi des projets. L’accompagnement des porteurs de revues est conditionné par des exigences de qualité éditoriale. Pour être prise en charge, une revue doit avoir au préalable édité deux numéros qui répondent aux critères de la charte qualité des revues numériques en open access du Polen.

 

Crédit AdobeStock

Un accompagnement adapté aux besoins des chercheurs

Disposer de deux plateformes, Lodel et OJS, au sein d’une même pépinière permet de répondre de la façon la plus adaptée possible aux besoins des chercheurs. Si les éditeurs scientifiques souhaitent être complètement autonomes dans l’édition de leur revue, la bibliothèque numérique de la bibliothèque universitaire met la plateforme OJS à leur disposition. Un des avantages de cette plateforme très utilisée outre-Atlantique réside dans la gestion automatisée du workflow éditorial qui garantit que chaque article publié au format PDF a été évalué en double aveugle. La bibliothèque numérique se positionne comme support technique. Elle propose aux éditeurs de revues des formations pour devenir autonome dans l’utilisation de la plateforme, mais n’intervient pas dans le processus de normalisation et d’édition des textes.

La plateforme Lodel est plus adaptée pour les porteurs de revues souhaitant bénéficier des services de secrétariat d’édition. Les revues éditées sur cette plateforme bénéficient d’une prise en charge du Polen couvrant toutes les étapes de la chaîne éditoriale, du suivi de l’expertise jusqu’à la mise en ligne, en passant par la préparation de copie. Des formations à l’édition structurée sont également dispensées. L’enjeu est de faire monter en compétences les personnels en charge de l’édition des revues pour améliorer la qualité de leur publication.

Le Polen mutualise les ressources et les moyens pour optimiser la qualité éditoriale et le référencement des revues éditées. Toutes les revues de la pépinière sont référencées dans Mir@bel et dotées de DOI Crossref pour améliorer leur citabilité. Les revues éditées par le Polen sont également référencées dans le DOAJ, Sherpa-Romeo, et le moteur de recherche Isidore. Certaines ont obtenu le label ERIH +. En cohérence avec le plan S, les revues éditées par le Polen sont mises à disposition sous la licence Creative Commons CC-BY2, et les contrats d’auteurs à titre non exclusif ont été adoptés en concertation avec la gouvernance de l’université.

Le Polen est membre du réseau Repères3, ce qui constitue une excellente opportunité pour échanger avec les autres pépinières autour de problématiques et défis communs. Les groupes de travail du réseau élaborent des feuilles de route destinées à faire monter en compétences l’ensemble des pépinières et à mieux faire connaître l’ensemble des revues du réseau, à l’échelle nationale et internationale.

Perspectives et ambitions

L’enjeu pour le Polen et les différentes structures qu’il fédère est de devenir un pôle éditorial orienté vers la science ouverte, promouvant le modèle diamant. Pour réaliser cet objectif, il lui faut suivre quelques pistes :

• À l’échelle du Polen, continuer à harmoniser les bonnes pratiques liées à la science ouverte pour que chaque revue scientifique de l’UCA, quelle que soit la plateforme qui l’héberge, présente les mêmes garanties en termes de qualité éditoriale.
• À l’échelle régionale, renforcer la collaboration avec le pôle éditorial Prairial4 pour construire une dynamique et établir une cartographie des revues couvrant l’ensemble du territoire.
• À l’échelle nationale et internationale, poursuivre les échanges via le réseau Repères avec les infrastructures dédiées à l’édition scientifique (Métopes, OpenEdition, OJS, DOAJ, CrossRef, etc.) pour envisager collectivement les évolutions à venir, comme le passage à Lodel 2 pour les pépinières reposant sur Lodel.
• Gagner en efficacité, se référer aux normes de qualité, renforcer les capacités opérationnelles et privilégier la durabilité. Agir selon les recommandations du plan d’action d’accès ouvert diamant5.