Le 2 janvier 1950, Henri Pujol, étudiant, vous avez pris vos fonctions d’externe des hôpitaux, à Montpellier. Professeur Henri Pujol, président de la Ligue nationale contre le cancer, vous avez présidé le congrès français de chirurgie de l’an 2000. Entre ces deux dates si « rondes » – l’exact milieu du xxe siècle et le 3e millénaire ! – vous avez accumulé les diplômes, les titres et les honneurs… et les responsabilités. Merci, malgré tout cela, d’avoir accepté, si simplement, de répondre aux questions d’Arabesques.
Quelle est « l’accélération de l’histoire », durant ces 50 ans, concernant l’évolution majeure de la documentation, dans l’enseignement supérieur et la recherche ?
Au commencement, il y avait la parole du maître… La documentation a moins changé entre le milieu du xviiie siècle et le milieu du xxe qu’entre le milieu du xxe et l’an 2000. En 1950, n’existaient encore que deux grands moyens d’apprentissage, de connaissances, de savoirs : le cours magistral et le livre. Et le livre n’était souvent que l’ouvrage d’un seul auteur.
Internet a amené à la mondialisation de la documentation. Tous les auteurs et documents, qui couvrent la planète, sont devenus accessibles à tous – Revers de la médaille, dans ma discipline, les malades se trouvent face à l’immensité de la production documentaire, laquelle n’est pas hiérarchisée quant à sa qualité scientifique.
Le livre a une durée de vie de plus en plus courte. La science, qui évolue à un rythme extrêmement rapide, enlève à un ouvrage sa qualité scientifique au même rythme. L’attrait des « livres anciens » n’en reste pas moindre.
Les nouvelles technologies de l’information permettent une actualisation continuelle de la documentation, en quantité et en qualité.
En ce début du 3e millénaire, téléenseignement, téléassistance, voire télémanipulation à distance – sorte de « productions documentaires » en temps réel – sont un compagnonnage par l’écran qu’il est inenvisageable de négliger.
Membre du comité permanent d’orientation de la mission interministérielle pour la lutte contre le cancer, qu’estimez-vous essentiel, en matière documentaire dans votre discipline, qui soit apporté par les nouvelles technologies de l’information ?
Le numérique est la réponse la plus appropriée pour donner au malade les meilleurs soins dans une discipline qui évolue.
Le numérique véhicule le savoir.
Le savoir est collectif maintenant et le numérique est le meilleur moyen de diffuser un savoir collectif, modulable en fonction de tout savoir nouveau important.
Le collectif est la seule façon de permettre de réunir, dans un dossier médical, le maximum de chances de guérison pour le patient.
L’opération SOR, qui définit des « Standards – Options – Recommandations », accompagnés du niveau de preuve, illustre particulièrement la documentation numérique collective. C’est un travail coopératif national des centres régionaux de lutte contre le cancer, avec des experts des secteurs public et privé, pour améliorer la qualité et l’efficience des soins, en fournissant une aide à la décision. Une revue et une analyse critique des données scientifiques disponibles par un groupe de travail pluridisciplinaire combinent le niveau de preuve scientifique et l’accord d’experts. Un groupe extérieur, indépendant du premier, valide les recommandations ; les options sont définies par la majorité et les standards à l’unanimité. Les SOR sont publiés en monographies, articles de revue, sur cédéroms et sur Internet (www.fnclcc.fr/sor.htm).
Président du Pôle universitaire européen de Montpellier et du Languedoc-Roussillon, quelles en sont les réalisations, objectifs ou priorités, qui vous tiennent le plus à cœur ?
L’Université ouverte de Montpellier et du Languedoc-Roussillon (UO-MLR) et la Maison universitaire internationale. La Maison universitaire internationale, mise en place par le Pôle et gérée par l’association Les Quartiers latins, affiche quasiment complet depuis son ouverture en octobre dernier. Ses 85 studios sont destinés aux enseignants et chercheurs internationaux, qui viennent travailler, de quelques semaines à un an, dans un établissement d’enseignement supérieur ou de recherche de Montpellier.
Consortium de ces établissements, 24 précisément, de la région Languedoc-Roussillon, l’UO-MLR a été créée, en 2002 par le Pôle et l’association Agropolis, pour promouvoir la formation ouverte et à distance et les technologies d’information et de communication dans l’enseignement et les formations universitaires. L’UO-MLR fédère les actions, veille à leur qualité, en un mot, favorise les technologies d’information et de communication dans l’enseignement, les TICE. Il y est donc question, dans le cadre de l’université numérique en région, aussi bien d’environnements numériques de travail que de la bibliothèque ouverte de Montpellier et du Languedoc-Roussillon ; d’activités inter et intraétablissements, régionales, nationales, internationales… De multiples travaux sont en cours, du projet européen Minerva à la collaboration avec la Chine, le Maroc, l’université virtuelle de Tunis, à l’assistance au gouvernement argentin…
En novembre, se déroulera la 6e semaine de la coopération et de la solidarité internationales à l’université. Quel en sera le thème ?
Cette 6e semaine de la coopération et de la solidarité internationales à l’université aura pour thème « L’université du monde : savoirs, cultures, solidarités ».
Dans la région, des manifestations scientifiques et culturelles auront lieu à Montpellier et sur les sites universitaires du Languedoc-Roussillon.
Propos recueillis par Sylvette Salvit
Abes