Numérisation en histoire des sciences

DOI : 10.35562/arabesques.3236

p. 12-13

Texte

La bibliothèque universitaire des sciences et techniques (BUST), héritière de l’ancien fonds général constitué dès la création de la faculté des sciences en 1838, est détentrice d’un fonds patrimonial d’ouvrages scientifiques dont les plus anciens datent de la fin du xve siècle. Ils constituent une source essentielle pour la connaissance de l’histoire des sciences. Le service commun de la documentation de l’université Bordeaux-I, afin de faire connaître ce fonds et d’en faciliter la consultation, et dans le cadre d’opérations de valorisation du patrimoine soutenues et réalisées par le SICOD (Service interétablissements de coopération documentaire des universités de Bordeaux), a choisi de numériser certains de ces ouvrages. Les six premiers1, disponibles sur le web en mode image et que le lecteur peut feuilleter en ligne ou télécharger sont des documents du xviiie et du xixe siècles, à dominante sciences biologiques et géologiques. Les titres à numériser ont été choisis par Pascal Duris, du laboratoire Épistémé de l’université Bordeaux-I. C’est également grâce à lui, et à Joëlle Ducos, du centre de recherches philosophiques sur la nature (CREPHINAT) de l’université Bordeaux-III, que le SCD a pu mener à bien et présenter, dans le cadre de la « Fête de la Science » et « Lire en fête », du 10 au 28 octobre 2005, une exposition intitulée : D’Aristote à Einstein... des livres qui ont marqué l’histoire des sciences.

La mise en ligne des ouvrages numérisés a coïncidé avec l’inauguration de l’exposition, l’exemplaire conservé dans le fonds ancien de la BUST et la version numérisée de ces différents ouvrages étant présentés conjointement. Les historiens des sciences, Joëlle Ducos et Pascal Duris, ont convié, à cette occasion, les visiteurs à des parcours-conférences autour des textes essentiels ou fondateurs, témoignant de l’évolution permanente des sciences.

LINNÉ, Carl von. Philosophia botanica. Vienne, 1763Tab. VIII

LINNÉ, Carl von. Philosophia botanica. Vienne, 1763Tab. VIII

La numérisation a été effectuée par la société Arkhênum.

 

Robert HOOKE
The Posthumous Works réunit des mémoires inédits du physicien et astronome anglais Robert Hooke (1635-1703), notamment sur la philosophie naturelle, la nature et les propriétés de la lumière, les comètes, les tremblements de terre. Ces Œuvres posthumes s’ouvrent par une notice biographique de l’auteur et sont illustrées d’une vingtaine de planches. Membre éminent de la Royal Society de Londres, Hooke est le premier à observer au microscope des cellules végétales et à en donner une figure.

John Turberville NEEDHAM
Membre lui aussi de la Royal Society, ami de Réaumur et de Buffon, l’abbé anglais John Turberville Needham (1713-1781) est un autre grand microscopiste. Il est surtout le premier à réaliser des expériences pour tenter d’élucider la question de l’origine des infusoires (protozoaires microscopiques) dont il décrit soigneusement les conditions dans son livre de 1750. Needham affirme qu’ils naissent par génération spontanée, point de vue matérialiste difficile à concilier avec les convictions d’un homme d’Église pour qui Dieu est le seul à pouvoir créer la vie.

Carl von LINNÉ
La Philosophia botanica du naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), dont la première édition date de 1751, expose par une suite d’aphorismes et dans un langage laconique caractéristiques de l’auteur les règles et dogmes auxquels doivent se plier les botanistes pour décrire, classer et nommer correctement les plantes. Linné est l’inventeur de la nomenclature binomiale des espèces toujours en usage aujourd’hui.

Jean-André de LUC
Les Lettres du voyageur et naturaliste genevois Jean-André de Luc (ou Deluc) (1727-1817), adressées à la « Reine de la Grande Bretagne », sont son œuvre majeure. C’est là qu’il utilise pour la première fois le mot « géologie ». Deluc est l’un des premiers à comprendre l’importance des fossiles en stratigraphie.

Jean SÉNEBIER
Comme en témoigne son livre de 1800, le physiologiste suisse Jean Sénebier (1742-1809) a principalement travaillé sur la physiologie végétale. Il a notamment étudié l’effet de la lumière sur les plantes. Il établit que l’émission d’oxygène en journée est commune à toutes les plantes vertes.

Paul BERT
Enfin, le livre de Paul Bert (1833-1886), physiologiste et homme politique français – il est ministre de l’Instruction publique à la fin de 1881 sous Gambetta –, contient la démonstration expérimentale que la respiration est un processus tissulaire, et même intracellulaire, et non pas sanguin comme le soutient son maître Claude Bernard. Tous les êtres vivants respirent, qu’ils aient ou non du sang.

P. Duris, maître de conférences en épistémologie et histoire des sciences à l’université Bordeaux-I.

Notes

1 BERT, Paul. Leçons sur la physiologie comparée de la respiration. Paris, 1870
LUC, Jean-André de. Lettres physiques et morales sur les montagnes. La Haye, 1778
HOOKE, Robert. The Posthumous works. Londres, 1705
LINNE, Carl von. Philosophia botanica. Vienne, 1763
NEEDHAM, John Turberville. Nouvelles observation microscopiques. Paris, 1750
SENEBIER, Jean. Physiologie végétale. Genève, an VIII (1800) Retour au texte

Illustrations

  • LINNÉ, Carl von. Philosophia botanica. Vienne, 1763Tab. VIII

    LINNÉ, Carl von. Philosophia botanica. Vienne, 1763Tab. VIII

    La numérisation a été effectuée par la société Arkhênum.

Citer cet article

Référence papier

Catherine Étienne, « Numérisation en histoire des sciences », Arabesques, 42 | 2006, 12-13.

Référence électronique

Catherine Étienne, « Numérisation en histoire des sciences », Arabesques [En ligne], 42 | 2006, mis en ligne le 10 mars 2023, consulté le 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3236

Auteur

Catherine Étienne

Directrice du service commun de la documentation de Bordeaux-I

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