Oh, une histoire, qui devrait être simple mais qui, en fait, est complexe et pleine de rebondissements.
Il était une fois un curieux qui voulut rechercher dans le Sudoc les notices se rapportant au thème de ce numéro d’Arabesques, à savoir l’HISTOIRE.
Pour satisfaire sa curiosité il décida de sélectionner les notices bibliographiques, dont l’indexation matière contenait les mots HISTOIRE*1 ou HISTOR*.
Le résultat obtenu fut de 453 901 notices soit plus de 7,5 % du total de la base.
Pour le même type d’interrogation mais avec les mots SCIENCE* ou SCIENTIF*, le résultat obtenu représentait 4,5 % de la base ; avec les mots DROIT*, 1,9 %, LITTÉRATURE*, 1,9 %.
Il en conclut que l’histoire était un domaine bien représenté dans le Sudoc et qu’il pourrait « butiner » le catalogue très longtemps sans jamais assouvir sa soif de découvertes. Il demanderait conseil aux bibliothécaires qui pourraient « répondre avec douceur aux diverses questions oiseuses, savantes ou de simple curiosité, en donnant avec complaisance les livres qui [leur] seront tour à tour demandés »2.
Mais, sa satisfaction fut de courte durée quand il apprit que le champ de l’indexation matière n’était pas renseigné dans toutes les notices… Et surtout qu’il n’y a pas d’indexation par domaine (sauf en partie pour les thèses) mais seulement par sujet précis. À sa grande surprise, on lui expliqua que les ouvrages traitant d’histoire n’ont donc pas forcément le mot « histoire » en indexation matière.
Par exemple, un ouvrage d’histoire de France au XIVe siècle aura comme indexation : France XIVe siècle ou Guerre de Cent Ans ou France [+ dates des règnes]…
Dans le même temps, il comprit que dans un outil aussi grand que le catalogue du Sudoc, les données qu’il contenait n’étaient pas dans un cadre de classement systématique unique. Néophyte, notre homme venait de découvrir la complexité de l’indexation. Il se trouvait devant le dilemme de tous ceux qui, depuis la nuit des temps et pour longtemps encore, avaient à classer, ranger et… retrouver des objets ou des idées. Le classement idéal n’existe pas, éternellement tiraillé entre le désir d’exhaustivité et le souci de précision.
Et, dans sa grande sagesse, il reprit à son compte l’idée selon laquelle « on veut parfois se passer de bibliothèque, de laboratoire, de collection sans perdre ni le savoir ni la raison. C’est croire à la nature se dévoilant aux yeux de la science. Les chercheurs font bien autre chose que de contempler le monde dans un dérisoire peep‑show [….] C’est parce que les laboratoires, les bibliothèques et les collections se branchent sur un monde qui reste sans eux incompréhensible, qu’il convient de les soutenir si l’on s’intéresse à la raison »3.
Perturbé par ces découvertes, il poursuivit néanmoins ses investigations.
Sur le résultat obtenu en HISTOIRE* ou HISTOR*, il appliqua une option de recherche relative aux THÈSES.
Le résultat fit apparaître 35 869 thèses dont l’indexation matière contient ces mots.
Il affina sa recherche en posant des options relatives aux dates de publication ; il trouva :
- 35 162 thèses publiées entre 1948 et 2003,
- 540 thèses publiées entre 1900 et 1948,
- 190 thèses publiées entre 1850 et 1900,
- 25 thèses publiées entre 1800 et 1850.
Sa curiosité légendaire le conduisit à chercher la thèse d’histoire la plus ancienne du Sudoc. Il s’arrêta sur celle publiée en 1832, saisie par la Faculté catholique de Lyon et qui s’intitule « Essai sur les vicissitudes et les transformations du cycle populaire de Robin Hood », dont l’auteur est Barry Edward. Il se dit que le Sudoc était un fabuleux accès à la connaissance, une belle histoire de catalogue collectif au service de la recherche. Bien que déstabilisé par ses récentes découvertes, il se promit toutefois de continuer à réfléchir aux problèmes de l’indexation ; et si une solution existait…