Détentrice du label Science avec et pour la société depuis 2021, l’Université Grenoble Alpes a élaboré un programme ambitieux dans lequel les bibliothèques universitaires occupent une place de premier plan qui conforte leur rôle scientifique comme leur rôle culturel.
Esquisse 3D du futur espace muséographique de la BU Joseph Fourier
Crédits photo : Apoïdea architecture
En 2021, l’Université Grenoble Alpes (UGA) obtient, aux côtés de sept autres universités, le label Science avec et pour la société (SAPS), lors de la première vague de cet appel à projets. Accordée pour une durée de 3 ans, jusqu’à fin 2024, cette labellisation s’accompagne d’une importante dotation de 442 000 euros par an. Elle est une reconnaissance nationale du rôle moteur joué par l’UGA dans la valorisation de la recherche ainsi que dans la structuration des synergies entre les différents acteurs de la diffusion de la culture scientifique à l’échelle du territoire, à Grenoble et Valence notamment. Grâce au label, plusieurs projets portés par la vice-présidence « culture et culture scientifique et technique » et par la direction de la culture et de la culture scientifique de l’UGA sont lancés : aménagement d’un nouveau sentier planétaire, réalisation de supports et équipements de médiation scientifique au sein de laboratoires… Deux actions concernent directement les bibliothèques universitaires : l’aménagement d’une salle de médiation et la création d’un espace muséographique, projet phare du label SAPS.
Un projet qui fait la part belle à la BU
Ces deux réalisations ont pour cadre la bibliothèque universitaire Joseph Fourier qui comprend les collections de sciences, techniques, sport, professorat éducation et offre plus de 1 400 places assises à la communauté universitaire. Cette bibliothèque a été choisie par l’équipe politique de l’UGA en raison de sa localisation au cœur de la place centrale, lieu emblématique du campus de Saint- Martin-d’Hères ; de ses larges horaires d’ouverture (75 heures par semaine) et de sa très forte fréquentation (près de 600 000 entrées en 2022) ; de la présence des bibliothécaires au sein des espaces, garante de bonnes conditions de sécurité pour les œuvres ; des collaborations culturelles dynamiques existant depuis longtemps entre la Direction générale déléguée Bibliothèques et appui à la science ouverte (DGD BAPSO) et la Direction de la culture de l’UGA ; enfin de la présence d’espaces adaptés aux deux projets SAPS en question. La bibliothèque Joseph Fourier comprend en effet au rez-de-chaussée un vaste espace de 350 m2, l’Atrium, qui est à la fois un espace de circulation desservant trois salles de lecture, une salle de relaxation et un auditorium, mais aussi un lieu déjà utilisé pour des manifestations culturelles. Le projet porté dans le cadre du label SAPS consiste à rénover cet atrium pour le transformer en un espace muséographique permanent d’envergure, destiné à accueillir des expositions temporaires autour du patrimoine et de la culture scientifiques de l’UGA. L’objectif est d’embellir et d’adapter l’espace à une programmation de grande qualité, permettant de professionnaliser les actions culturelles menées en son sein, à l’image des espaces d’expositions des musées.
Le cabinet d’architecture Apoïdea, en collaboration avec plusieurs bureaux d’études, a été recruté pour la réalisation d’un diagnostic en 2022, puis pour la maîtrise d’œuvre à l’été 2023. Les travaux débuteront début 2024 pour une livraison de l’espace muséographique à la rentrée 2024. Le projet architectural retenu par l’UGA tire parti de la place importante qu’une grande rampe surplombant l’atrium occupe dans l’espace muséographique, de manière à en faire l’élément structurant principal. L’habillage de cette passerelle et le déploiement d’un ruban le long de cette dernière permettront l’accrochage et la mise en valeur lumineuse des œuvres ainsi que la définition d’un parcours d’exposition. Un travail important autour de l’éclairage sera réalisé pour une mise en lumière adaptée des lieux. L’espace sera entièrement modulable, avec des mobiliers amovibles et facilement manipulables.
Un autre espace de 52 m2, situé à l’étage de la BU Joseph Fourier, bénéficiera de l’apport du label SASP et sera transformé en salle de médiation et de formation, destinée notamment à accueillir des élèves du secondaire pour des ateliers autour de la culture scientifique, en lien avec des visites de laboratoires de l’UGA et des formations à la médiation scientifique. Cette nouvelle salle de médiation ainsi que la présence attenante à l’espace muséographique d’un auditorium, idéal pour proposer des conférences illustrant les expositions, d’une salle de lecture dont la documentation est dédiée à l’histoire des sciences, et d’un local de stockage pour du mobilier d’exposition, formeront un ensemble cohérent et fonctionnel de valorisation des liens entre sciences et société, propice à renforcer la place des bibliothèques au sein de l’UGA.
Quand le dialogue science et société renforce la place des BU dans l’université
Le rôle que les bibliothèques entendent jouer dans le dialogue entre science et société les positionne au croisement de deux problématiques : être confortées dans leur rôle scientifique d’une part, être reconnues en tant qu’actrices culturelles à part entière d’autre part. Si la dimension scientifique des bibliothèques universitaires est constitutive de leurs missions, et est étroitement liée à leur rôle traditionnel autour des collections et de la gestion des fonds patrimoniaux, la place importante qu’elles occupent désormais dans le paysage culturel de leur université mais également de leur territoire est plus récente, et indissociable de leur évolution actuelle vers des lieux de vie riches et multiformes.
À l’Université Grenoble Alpes, les BU travaillent depuis de nombreuses années déjà en étroite collaboration avec la Direction de la culture. Expositions, conférences, animations, évènements artistiques tels que de la danse ou des petites formes théâtrales : de nombreuses manifestations sont organisées chaque année de manière conjointe, au bénéfice de la communauté universitaire et du public extérieur des bibliothèques, dans le cadre d’événements locaux et nationaux. Les savoir-faire complémentaires des professionnels de la culture et des bibliothèques, ainsi que les moyens conjugués, permettent de proposer des projets ambitieux. Croiser les réseaux professionnels pour trouver les intervenants les plus pertinents, s’appuyer sur l’expertise des équipes des services culturels en matière de gestion événementielle, développer une dimension bibliographique pour accompagner un projet en mettant à profit la richesse des fonds des bibliothèques et le savoir-faire des bibliothécaires sont autant de pièces d’un puzzle qui s’agencent naturellement pour former un projet cohérent. La Fête de la science constitue à ce titre un rendez-vous incontournable et emblématique de cette synergie.
À l’automne 2024, les publics des BU grenobloises bénéficieront d’une programmation encore plus riche grâce à l’ouverture de l’espace muséographique. La dynamique déjà installée depuis de nombreuses années servira alors de socle à la mise en place d’une véritable coprogrammation : une à deux fois par an, avec l’appui d’un comité de programmation dont la DGD BAPSO sera partie prenante, les équipes de la Direction de la culture proposeront des expositions scientifiques basées sur les collections riches et hétéroclites des laboratoires. 14 collections remarquables en anatomie, botanique, chimie, génie électrique, etc., attendent déjà de pouvoir rencontrer leurs publics, avec des objets aussi divers et variés que le noir de fumée, des animaux naturalisés, des instruments, des costumes. Et quel meilleur lieu pour cette rencontre que la BU Joseph-Fourier, avec ses collections d’histoire des sciences installées à proximité immédiate, digne héritière d’un cabinet de curiosité, mais ayant su se moderniser pour attirer chaque jour des milliers d’étudiants ? Le caractère modulable de l’espace, pensé dès le départ comme un facteur de réussite du projet, permettra aux équipes des BU de continuer à proposer, en alternance, des expositions artistiques, sociétales, de la danse, du théâtre, confortant ainsi le rôle culturel et scientifique des bibliothèques universitaires.
