Entre les arts libéraux commençons par l’art qui nous fait libres » – Essais, I, XXXI.
Cette citation de Montaigne est placée, en exergue, sur la page de préface du Guide des enseignements : 1er et 2e cycles. De fait, l’ensemble des champs disciplinaires de l’art et de l’archéologie est très libéralement représenté dans l’enseignement, la recherche et la documentation de l’université Bordeaux-III.
Critiquée… pour son esthétique
L’enseignement dans le secteur des arts est desservi par deux UFR : Histoire de l’art et archéologie et Sciences de l’information, de la communication et des arts – SICA. L’UFR Histoire de l’art et archéologie offre un cursus bien implanté, depuis la fin du xixe siècle à la Faculté des lettres de Bordeaux, puis dans l’université qui lui succède dans la décennie des années 70. En 2003, cette UFR, qui compte 19 enseignants, rassemble 1 013 étudiants, dont 550 en DEUG, 204 en licence, 154 en maîtrise, 105 en troisième cycle – DEA, DESS, études doctorales. L’art antique, l’art médiéval, l’art moderne et l’art contemporain forment traditionnellement le cursus de l’étudiant inscrit en histoire de l’art ; mais il peut bénéficier en licence d’enseignements optionnels comme la physique appliquée à l’histoire de l’art ou la documentation. L’UFR SICA, autre pôle du secteur des arts, propose des enseignements d’arts appliqués à des formations plus techniques : arts plastiques, musique, arts du spectacle – théâtre et cinéma – qui sont très attirants pour les étudiants. Malgré une forte sélection en début d’année universitaire, 1 417 étudiants sont inscrits dans cette UFR, dont 676 en arts plastiques, 234 en arts du spectacle et 177 en musique. Ils sont encadrés par 45 enseignants. Les équipements pédagogiques de l’UFR SICA ont été complétés en 1996 par une Maison des Arts, réalisée par l’architecte Massimiliano Fuksas, vaste édifice rectangulaire vert-de-gris où sont localisés des ateliers d’artistes, des studios pour musiciens, une salle d’exposition, une salle de répétition, une salle de spectacle expérimentale de 400 places. La Maison des Arts est devenue une sorte de symbole de l’université. Elle est parfois critiquée… pour son esthétique, mais elle est facile à repérer et permet aux visiteurs égarés sur le campus de retrouver leur chemin !
La recherche, à Bordeaux-III, est rassemblée, pour ses formations de 3e cycle, dans deux écoles doctorales : l’école doctorale d’histoire et géographie et l’école doctorale interdisciplinaire des langages et des cultures – EDILEC. Les disciplines historiques sont étudiées dans trois DEA de l’école doctorale d’histoire et géographie : Histoire, économie et arts, Sciences de l’Antiquité et archéologie et Archéomatériaux.
Neuf soutenances de thèses et trois habilitations à diriger des recherches ont été enregistrées, en 2002, dans cette école doctorale. Les arts appliqués, les arts plastiques, la musique, les arts du spectacle se regroupent dans EDILEC au sein du DEA Arts et sociétés actuelles. En 2002, une seule soutenance de thèse a été enregistrée. Un dispositif de DESS offre des formations de 3e cycle plus axées sur des débouchés professionnels aux étudiants en histoire de l’art et archéologie : DESS Méthodes physiques en archéologie et muséographie, DESS Formation aux métiers du patrimoine monumental et mobilier. Enfin des équipes de recherche se sont spécialisées en archéologie et en art.
La Maison de l’archéologie, construite en 1992, accueille l’Institut Ausonius, unité mixte de recherche du CNRS et de l’université, qui voisine avec l’Institut de recherche sur l’archéologie des matériaux. On peut constater que ces deux organismes, confortablement installés, atteignent une dimension européenne qui leur permet de participer dans de bonnes conditions à la compétition scientifique internationale. L’histoire de l’art dispose d’une équipe d’accueil et de recherche divisée en deux pôles. Le centre François-Georges-Pariset, sur l’histoire de l’art moderne et contemporain, porte le nom d’un professeur de la Faculté des lettres de Bordeaux (1904-1980) et le centre Léo-Drouyn, sur l’histoire médiévale, celui d’un artiste peintre, dessinateur et érudit bordelais (1816-1896).
Un instrument de modernisation dans l’embrouillamini des dénominations
24 432 localisations et 6 136 créations. Les collections documentaires d’histoire de l’art et d’archéologie sont rassemblées principalement à la bibliothèque universitaire de lettres ouverte à tous, à la Bibliothèque Elie-Vinet, du nom d’un humaniste du xvie siècle, qui est destinée aux étudiants d’histoire et d’histoire de l’art, enfin à la Bibliothèque Ausonius réservée aux chercheurs étudiants ou enseignants en archéologie. Ces trois unités participent activement au Système universitaire de documentation, comme le prouvent les statistiques de l’année 2002 : 8 819 localisations et 2 282 créations à la bibliothèque universitaire de lettres, 4 400 localisations et 285 créations à la Bibliothèque Élie-Vinet, 2 894 localisations et 753 créations à la Bibliothèque Ausonius.
Au total, les bibliothèques du service commun de la documentation de Bordeaux-III ont utilisé 24 432 notices du Sudoc pour se localiser, tout en le faisant bénéficier de 6 136 créations.
Le Sudoc est perçu à Bordeaux-III comme un instrument de modernisation tant par les personnels que par les usagers, surtout étudiants. On apprécie la complétude de ses renseignements bibliographiques, l’intérêt de connaître sans délai les localisations. L’annuaire des bibliothèques est intéressant mais n’est pas toujours très facile à consulter étant donné l’embrouillamini des dénominations universitaires. On notera aussi que, sur ce campus, le Sudoc coexiste avec le Réseau aquitain de formation et développement – RAFID – sponsorisé par le Pôle universitaire bordelais et qui s’inspire d’une conception de la documentation spontanée et moins bibliothéconomique ; mais le Sudoc apparaît aux professionnels des bibliothèques comme un système solide et qui mérite d’être largement implanté.
Artothem et Bouliac. Pour compléter ce panorama, on citera deux fonds qui intéressent l’histoire de l’art.
Sur le campus, Artothem, association des étudiants en histoire et archéologie, a créé en 1987, dans le bâtiment de l’UFR, une bibliothèque de recherche qui aujourd’hui rassemble 2 500 références. L’accès à cette bibliothèque est réservé aux adhérents d’Artothem.
D’autre part, près de l’église romane de Bouliac, village pittoresque édifié en balcon sur Bordeaux, on trouve la bibliothèque du Centre Léon-Drouyn, qui a récupéré la collection d’ouvrages d’histoire médiévale de l’UFR.
Enfin les cartons de l’université contiennent un projet de médiathèque de proximité, destinée notamment à l’UFR SICA. Faute d’un financement suffisant, le projet est en panne ; mais on ne désespère pas d’en voir la réalisation avant la fin de cette décennie…
J. Guérin
Ausonius et archéomatériaux
La Maison de l’archéologie abrite les activités de deux centres de recherche, l’unité mixte de recherche Ausonius – sciences de l’Antiquité, archéologie antique et médiévale – et le Centre de recherche en physique appliquée à l’archéologie – CRP2A – spécialisé dans la recherche sur les archéomatériaux –, ainsi que la Revue des études anciennes. Ouverte en 1992, elle démontre l’intérêt porté par Bordeaux-III – et le CNRS – à l’archéologie, qui tient en effet une place prioritaire dans le domaine de la recherche et de l’enseignement de cette université. Conçue par l’architecte Brigitte Gonfreville, la Maison de l’archéologie est distribuée en deux bâtiments parallèles construits en rez-de-chaussée sur environ 2 000 m2. Au centre du bâtiment d’accueil, la bibliothèque de recherche présente une forme circulaire sur deux niveaux, divisée en une douzaine d’alvéoles au 1er étage. Organisée entièrement en libre accès, elle offre une cinquantaine de places de travail au cœur des collections. Réservée aux lecteurs justifiant d’un niveau au moins égal à la maîtrise, elle possède environ 40 000 ouvrages et plus de 750 titres de périodiques, ainsi qu’une dizaine de bases de données spécialisées. La couverture géographique du fonds est à l’image des programmes de recherche d’Ausonius, dont les équipes archéologiques travaillent en Aquitaine, dans la péninsule ibérique et autour du bassin méditerranéen en Italie, Croatie, Grèce, Turquie, Syrie et Tunisie. Les collections s’enrichissent d’environ 900 monographies par an, acquises par voie d’achats mais aussi grâce aux dons et échanges entretenus avec plus de 150 structures de recherche partenaires et alimentés grâce aux publications d’Ausonius. La richesse du fonds et son actualité, le libre accès, l’accès des chercheurs par carte magnétique en dehors des heures d’ouverture, offrent un confort de travail incomparable.
Une dizaine de chercheurs du centre Ausonius y ont d’ailleurs installé leur bureau à titre permanent.
La construction d’un nouveau bâtiment voisin de la Maison de l’archéologie, futur « archéopôle d’Aquitaine », démarrera dans quelques mois. Partie intégrante d’Ausonius, il permettra, à travers des expositions et des projections appliquant les technologies de réalité virtuelle, de sensibiliser le grand public à la démarche, aux méthodes et aux techniques de l’archéologie et de protection du patrimoine.
Intégrée, en 2000, au service commun de la documentation de l’université Bordeaux-III, la bibliothèque Ausonius-Maison de l’archéologie participe, depuis lors, au catalogue collectif bordelais BABORD. Elle a simultanément démarré son catalogage dans le Système universitaire de documentation. La participation au catalogue du Sudoc a incité la bibliothèque à entreprendre la « rétroconversion » de son catalogue papier, le taux de recouvrement entre certains segments de son fonds et les collections déjà signalées étant souvent excellent. Le signalement des collections d’Ausonius dans le Sudoc consacre la bibliothèque comme pôle documentaire d’excellence en sciences de l’Antiquité et en archéologie pour le Sud-Ouest de la France. Mais il faut surtout souligner qu’une grande part des livres et périodiques – notamment ceux d’éditions espagnole et portugaise – portant sur la péninsule ibérique antique, secteur phare du fonds documentaire, est signalée pour la première fois par la bibliothèque Ausonius dans le Sudoc, enrichissant ainsi le catalogue d’un fonds spécialisé, rare et vivant.
Bien que récente, l’intégration de la bibliothèque au Sudoc permet déjà de constater une augmentation du nombre de renseignements adressés par messagerie électronique, de demandes de reproduction d’articles par le prêt entre bibliothèques, ainsi que de visites de chercheurs extérieurs. La participation de la bibliothèque Ausonius au Sudoc est un exemple réussi de fonds documentaire de centre de recherche signalé à l’ensemble de la communauté scientifique nationale.
I. Molinier