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Le Musée Atger

Un musée de dessins et de gravures dans une faculté de médecine : voilà qui peut paraître surprenant a priori, d’autant que la plupart des œuvres, italiennes, flamandes et françaises des xvie, xviie et xviiie siècles, n’ont pas de rapport avec les sciences médicales !

Et, pourtant, c’est bien une démarche délibérée qui a abouti à la fondation, au début du xixe siècle, du Musée Atger. Pendant deux décennies, et particulièrement de 1820 à 1830, Jean-François-Xavier Atger (1758-1833), collectionneur passionné de dessins et d’estampes, s’est en effet séparé, par dons successifs, du tiers de sa collection au profit de l’École de médecine de Montpellier, constituant ainsi le musée qui porte son nom.

L’éclectisme de Prunelle

L’École de médecine, où Atger compte certes des amis, est l’un des principaux lieux de vitalité intellectuelle dans le Montpellier postrévolutionnaire, et cela, comme l’absence de tout autre musée à Montpellier à cette époque, est une première explication de son choix. Mais ce choix est aussi directement lié à la constitution récente, grâce à Prunelle et Chaptal, d’une bibliothèque remarquable par la valeur des collections – 900 manuscrits dont 600 médiévaux, 100 000 volumes imprimés avant la Révolution – et par son éclectisme, puisque tous les domaines y sont largement représentés. Dans les lettres accompagnant ses dons, Atger note explicitement, et à plusieurs reprises, qu’ils doivent servir à embellir la collection de la bibliothèque de l’École. Et sa démarche se fait avec la même vision humaniste de la médecine que celle de Prunelle ou du doyen Lordat qui reçoit ces dons : il est important que les étudiants aient la possibilité et l’occasion de s’ouvrir à autre chose que leur propre discipline, et le dessin est particulièrement essentiel dans leur formation. Ne leur est-il pas d’ailleurs indispensable sous sa forme scientifique ?

Les premiers envois d’Atger ont tout de même un rapport plus ou moins direct avec la médecine : académies, portraits dessinés ou gravés, caricatures et visages difformes, études de certaines parties du corps. Mais il s’affranchit très vite de cette limitation et s’attache à donner de nombreuses œuvres d’artistes « méridionaux », dans le but avoué de contribuer à en assurer la renommée. Enfin, il cherche à constituer un large panorama de thèmes et de techniques, faisant se côtoyer, avec un goût remarquable, petits et grands maîtres des écoles française, italienne et flamande.

Tiepolo et les autres

Sur les mille dessins, et quelque cinq mille estampes, conservés au musée, on trouve ainsi des œuvres aux sujets les plus divers – paysages, scènes religieuses et mythologiques, animaux, décors – dans toutes les techniques, d’artistes comme Fragonard, Puget, Philippe de Champaigne ou Hubert Robert, mais aussi du Montpelliérain Sébastien Bourdon, du Nîmois Charles Natoire ou du Toulousain Raymond Lafage pour les Français.

Les Italiens sont, quant à eux, représentés par d’aussi grands noms que Véronèse, les Carrache, le Titien, Donatello… Mais ce sont particulièrement les vingt-six dessins de Giambattista Tiepolo qui attirent l’attention, et font comprendre la préférence marquée d’Atger pour le dessin, moyen d’expression à la fois plus spontané et plus intime de l’artiste. Ces œuvres tracées à la plume et au lavis, visiblement sur le vif, sont en effet d’une rare expressivité.

Enfin, les œuvres flamandes et nordiques, un peu moins nombreuses, sont également intéressantes, avec notamment un beau Rubens recto verso, deux dessins de Van Dyck et une remarquable tête de vieillard de Jordaens.

Selon la volonté d’Atger, le musée est ouvert gratuitement à tout public, actuellement trois après-midi par semaine. La bibliothèque universitaire de médecine en assume la gestion et la conservation. Depuis l’origine, il est abrité dans deux salles dont le décor xviiie siècle rappelle que le bâtiment fut, avant la Révolution, un évêché. Outre les albums d’estampes, le musée conserve également une petite collection d’ouvrages – environ 350 –, tous en lien direct avec les œuvres d’art : il s’agit essentiellement de catalogues d’exposition et de la bibliographie autour des artistes. Elle ne fait, pour l’instant, l’objet que d’un simple inventaire. Mais son informatisation est à l’ordre du jour…

H. Lorblanchet

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) Le Postillon. Musée Atger

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) Le Postillon. Musée Atger

BIU de Montpellier – service photo

La BIU et le Sudoc

Un réseau de bibliothèques est au service des trois universités de Montpellier. La bibliothèque interuniversitaire, la BIU, rattachée administrativement à l’université Montpellier-III, fédère dix bibliothèques universitaires et des services centraux.

À Montpellier, les services centraux et sept bibliothèques universitaires :

• BU Droit - Sciences économiques et gestion
• Lettres et sciences humaines
• Médecine – Centre-ville – 1er cycle et patrimoine
• Médecine – UPM – unité pédagogique médicale – 2e et 3e cycles
• Pharmacie
• Sciences
• STAPS – Sciences, techniques et activités physiques et sportives – depuis 2002

À Nîmes : une BU de médecine

À Béziers : la bibliothèque de l’Institut universitaire de technologie – IUT

Des chiffres :

• 1 870 000 documents 45 km de rayonnages,
• 6 200 périodiques en cours,
• dont 3 000 en ligne,
• 30 000 ouvrages acquis annuellement.

Dans le cadre de sa politique de coopération, la BIU accueille plusieurs bibliothèques, dans son ILN 45.

À Montpellier :

• la bibliothèque de l’Institut de théologie protestante,
• la bibliothèque de l’UFR de géographie de l’Université Paul-Valéry,
• la bibliothèque de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier.

À Nîmes :

• les bibliothèques du Centre universitaire de formation et de recherche de Nîmes-Vauban et de sciences.

La BIU a des projets d’intégration et d’association pour 2004. Ces bibliothèques travailleront dans le Système universitaire de documentation et utiliseront les fonctionnalités du SIGB Aleph.

La BIU a apporté son soutien et participe au Réseau Alexandrie de l’Université Paul-Valéry. Ce réseau regroupe douze bibliothèques de proximité.

F. Foury

Illustrations

Citer cet article

Référence papier

Hélène Lorblanchet, « À Montpellier au Musée Atger », Arabesques, 31 | 2003, 14-15.

Référence électronique

Hélène Lorblanchet, « À Montpellier au Musée Atger », Arabesques [En ligne], 31 | 2003, mis en ligne le 15 novembre 2023, consulté le 02 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3775

Auteur

Hélène Lorblanchet

Directrice de la section médecine de la BIU de Montpellier

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