En 2002, la BU de pharmacie dispose d’un fonds d’environ 11 525 ouvrages, 11 556 thèses et 781 titres de périodiques, dont une centaine vivants, se rapportant aux enseignements dispensés par l’UFR de pharmacie de l’Université Montpellier I. La bibliothèque dessert en priorité, tous cycles confondus, les 2 340 étudiants et les 200 enseignants et enseignants‑chercheurs de l’UFR de pharmacie, mais elle accueille également des usagers inscrits dans les autres sections de la BIU de Montpellier ainsi que des lecteurs autorisés universitaires ou non universitaires, pour une fréquentation totale de 130 000 à 135 000 entrées par an selon les années.
Politique documentaire locale et mutualisations des moyens informatiques. La nature des enseignements propres aux études de pharmacie conduit à une approche documentaire prenant en compte à la fois le niveau multidisciplinaire très large dans les 1ers et 2es cycles (sciences mathématiques, physiques et chimiques, sciences de la vie, de la santé publique et de l’environnement, sémiologie et pathologie, biologie clinique, sciences du médicament…) et la plus grande couverture possible dans les domaines spécialisés du niveau recherche en incluant la documentation électronique devenue aujourd’hui un enjeu d’une très grande importance. L’objectif est de mettre à la disposition de l’usager à la fois le document en texte intégral, qu’il se présente sous sa forme imprimée classique ou désormais électronique, et les moyens signalétiques en ligne indispensables pour le repérer et le localiser, et ce pour un coût qui reste adapté au budget de la bibliothèque.
BIU de Montpellier : pharmacie. Les Oiseaux L’Épinaque promefil, R. P. Lesson.- Histoire naturelle générale et particulière des mammifères et des oiseaux - 1837
La BU a pu bénéficier ou user, de manière efficace, de la politique coopérative autorisée par la structure administrative interuniversitaire existante, pour permettre l’accès, à l’échelle du campus de l’UFR de pharmacie (BU + laboratoires), à une documentation électronique en ligne utile pour la recherche. Cette politique est devenue possible grâce à l’utilisation ou à la mise en place de moyens coopératifs selon trois axes de développement.
Le Système universitaire de documentation
Comme les autres sections de la BIU de Montpellier, la BU de pharmacie participe au Sudoc depuis le 2 juillet 2001. Elle dispose ainsi de l’outil signalétique efficace et complet indispensable pour la localisation des documents au niveau local et national.
La dynamique coopérative du travail de production dans ce catalogue collectif a fait évoluer, à la fois l’organisation interne du travail de récupération et de production des données bibliographiques courantes associées aux fonctions d’acquisition gérées au moyen du SIGB Aleph de la BIU, et la mise à disposition du public d’une information signalétique en ligne sur l’ensemble des fonds de documents primaires classiques (ouvrages, thèses, périodiques) disponibles localement ou dans les BU françaises. Cette information est exploitable par le public de plusieurs manières.
- Au premier niveau de la bibliothèque, l’accès au catalogue commun est envisagé sur le mode OPAC, c’est à dire principalement sous la forme d’un outil d’accès rapide à la localisation des ouvrages et des manuels, au service des étudiants des premiers cycles.
- Au deuxième niveau de la bibliothèque, l’accès au Sudoc est compris comme un outil de la recherche, à part entière et prend place parmi l’ensemble des moyens en ligne mis à la disposition des étudiants de 5e et de 6e année.
- Enfin, le Sudoc continue à être utilisé par les chercheurs et les enseignants-chercheurs à partir de leur laboratoire sur le campus.
Dans la distribution géographique des accès à l’information documentaire qui respecte l’organisation des études en pharmacie, le Sudoc se présente comme un premier lien entre le niveau de la pédagogie et celui de la recherche. Il constitue désormais l’outil bibliothéconomique permanent utilisé par les étudiants tout au long de leurs études et au-delà.
Les bases de données en ligne
Avec l’opération American Chemical Society (ACS) gérée par l’ABES, la BU de pharmacie a bénéficié directement, en 2001, du projet coordonné par la BIU de Montpellier d’un abonnement mutualisé aux Chemical Abstracts en ligne. Cet abonnement a été financé, pour trois accès simultanés, conjointement par quatre organismes montpelliérains : la BIU, l’UFR de pharmacie, l’École nationale de chimie et le département de chimie de Montpellier II, l’université des sciences et techniques du Languedoc. Grâce à cette opération et moyennant l’installation sur les postes de consultation du logiciel résident SciFinder Scholar, les sections pharmacie et sciences de la BIU de Montpellier, ainsi que l’ensemble des composantes des autres établissements participants, peuvent accéder, sous une interface très conviviale au contenu de la base en ligne des Chemical Abstracts. Par ailleurs, en février 2002, la BU de pharmacie s’est abonnée en commun avec la bibliothèque de l’Unité pédagogique médicale, à un certain nombre de bases de données en ligne dont elle disposait auparavant en version cédérom. Ainsi, sont déjà utilisables en ligne sur une même plateforme d’accès, les bases : Pascal (complète), Embase drugs and pharmacology, Embase pathology, Medline (6 années), Sport discus. En 2003, l’opération sera poursuivie, avec le projet d’augmenter le nombre des bases par l’étude d’une solution permettant de proposer à la BU de sciences, un accès commun à des bases communes aux domaines des sciences et de la santé. La BIU de Montpellier poursuit, à son niveau, une politique de veille documentaire pour la souscription d’abonnements à des sources de données plus généralistes utiles à l’ensemble de ses BU, comme Europress, donnant un accès en ligne aux articles de la presse nationale française. Elle gère la politique interuniversitaire d’accès aux périodiques électroniques.
Les périodiques électroniques
Troisième axe du développement de la documentation électronique, les périodiques en ligne en texte intégral représentent un potentiel de recherche d’une grande « rentabilité » en terme de disponibilité immédiate de l’article recherché. La participation de la BIU et des universités montpelliéraines au consortium Couperin a permis un élargissement considérable des accès à ce type de document. Ainsi, moyennant la contrainte de respecter l’engagement auprès des éditeurs de ne pas modifier leur volume financier d’abonnement sur trois ans, la BU de pharmacie et les laboratoires du campus bénéficient, par le biais de l’accès croisé, de quelque 2 000 revues en ligne d’éditeurs comme Elsevier (Science direct), Wiley (Intersciences), ProQuest (pci full text), Kluwer (Kluwer on line).
Le changement d’échelle est ici très important, car jusqu’alors la BU de pharmacie et les différents laboratoires, disposaient d’une couverture des besoins de la recherche limitée par l’évolution régulière à la hausse, du prix des abonnements aux périodiques.
Ouverture des accès et infrastructures informatiques. Si l’on excepte l’accès public au Sudoc qui est gratuit, tous les autres produits électroniques (bases de données, périodiques Couperin) font l’objet d’abonnements prévoyant une ouverture d’accès aux données par déclaration à l’éditeur de la classe des numéros IP des postes informatiques de consultation. Du fait de la décentralisation au niveau de l’UFR dans son ensemble du mode de consultation des produits informatisés, le passage régulier par le lieu géographique bibliothèque, devient moins automatique pour les enseignants-chercheurs des différents laboratoires du campus qui disposent, in situ, de leurs propres postes de consultation. En revanche, la fréquentation de la bibliothèque est plus indispensable aux étudiants qui doivent à la fois s’y former aux nouvelles technologies de la documentation, et en retirer l’information scientifique et technique qui leur est utile. Le besoin de faire évoluer les infrastructures informatiques constitue la dernière étape du processus de modernisation, maintenant étroitement associé au service à rendre aux étudiants.
Sans renoncer aux tâches liées à la conservation et à l’accroissement de ses fonds traditionnels, la BU de pharmacie doit donner la place la plus importante possible aux nouvelles techniques de diffusion de l’information scientifique et technique. Cette politique nécessite d’associer, de manière toujours plus cohérente, la documentation au régime et au contenu des enseignements délivrés aux étudiants de pharmacie, car une démarche prenant en compte l’évolution des systèmes de communication, passe par un projet pédagogique qui oriente l’usager vers des ressources documentaires de qualité, lui apportant une aide efficace dans son travail. Cette démarche documentaire se veut constructive. En essayant d’aider à la progression des étudiants du niveau de la pédagogie vers celui de la recherche, elle vise à apporter sa contribution à l’une des missions essentielles de l’université.
Coopération enseignant-bibliothécaire
À l’acquisition de connaissances livresques, complémentaires aux enseignements des premiers cycles, doit s’adjoindre, dans le courant du 2e cycle, une familiarisation à la recherche documentaire, prolongée en 5e année par une formation plus approfondie permettant aux étudiants de disposer d’un « savoir-faire » dans l’utilisation courante des moyens documentaires disponibles pour la recherche. Or, l’utilisation des NTIC, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, modifie partout la notion de monopole de l’information, qu’il s’agisse de celle détenue par l’enseignant sous la forme d’un savoir à transmettre ou de celle gérée par le bibliothécaire et « diluée » toujours plus dans Internet, du fait de la multiplicité et de la dématérialisation croissantes des sources documentaires. En pharmacie, et dans ce contexte, le rôle de l’enseignant et du bibliothécaire sont plus que jamais en synergie, puisque dans un programme de formation à la recherche et à l’utilisation de l’information scientifique et technique, il leur faut tout à la fois :
• fournir à l’étudiant les moyens matériels nécessaires pour accéder aux données utiles,
• s’assurer qu’il sait manipuler l’indispensable outil Internet,
• l’orienter vers les sources desquelles il devra tirer sa documentation,
• le conseiller pour dépouiller cette information afin qu’il puisse ultérieurement s’en servir pour la constitution et l’exploitation d’un dossier bibliographique,
• lui ouvrir, enfin, la voie vers une logique de veille documentaire dans les domaines qu’il a choisis.
« Une damoiselle de Sainct-Guiliem à Montpellier » Aquarelle d’Emmanuel RYHINER, étudiant en pharmacie à Montpellier en 1614
Emmanuel RYHINER, étudiant en pharmacie à Montpellier en 1614 Musée de la pharmacie de Montpellier
Dans les bibliothèques universitaires
Les origines de la pharmacie montpelliéraine remontent au Xe siècle et sont aussi vieilles que la ville elle-même, car le pharmacien d’aujourd’hui est l’héritier de l’épicier de la période moyenâgeuse devenu expert dans les préparations médicamenteuses. En effet, le tour de main acquis par une longue pratique fait de l’épicier apothicaire ou « especiador » un spécialiste, pour lequel l’art joue un rôle aussi grand que la connaissance du médicament. Très vite, ce métier a ses règles qui assurent l’excellence des préparations.
Le serment des « especiador » contient « la promesse d’exercer la profession bien et loyalement… » Puis, les apothicaires obtiennent le droit de suivre des cours. Les compagnons apothicaires obtiendront une « lettre attestatoire » certifiant qu’ils ont bien suivi les cours des maîtres de l’Université. Dûment réglementée, l’apothicairerie montpelliéraine est dotée, en 1574, de « La pharmacopeoa monspeliensis » qui reprend les anciennes formules médicamenteuses de Mesué, Avicenne, Galien mais on y retrouve aussi celles d’Arnaud de Villeneuve et de Gui de Chauliac, célèbres médecins montpelliérains.
Les préparations magistrales connaissent une renommée séculaire dans toute l’Europe grâce à la foire de Beaucaire. En effet, les apothicaires de Montpellier y ont une cabane certes modeste mais universellement connue, où l’on vient de partout s’approvisionner en compositions magistrales toutes certifiées par le sceau de l’Université, ce qui leur donne toute garantie. De ce passé prestigieux, intimement lié à celui de la médecine avec la préparation d’un électuaire fameux, la thériaque, panacée venue du fond des âges, il reste des écrits pieusement conservés dans nos bibliothèques universitaires.
Alain Terol