Le GIS CollEx-Persée s’est constitué au cours de l’année 2017 avec le mot d’ordre suivant : développer un ensemble de services qui se placent au plus près des besoins des chercheurs en s’appuyant sur les collections d’excellence présentes au sein des établissements de l’ESR. Ces collections sont perçues comme hybrides, leur dimension numérique étant fortement mise en avant dans le dispositif.

Du point de vue de l’enrichissement des collections et de la fourniture de documentation, un volet numérique s’est naturellement développé en parallèle du soutien à l’imprimé qui a perduré, en complémentarité avec le programme de numérisation du GIS et alors même que le contexte de science ouverte prenait son essor jusqu’à l’ampleur qu’on lui connaît. Constatant que tout un pan de l’édition scientifique électronique restait (et reste encore) soumis à une barrière payante sur un modèle traditionnel d’achat, le programme « acquisitions » porta son action prioritairement sur ce terrain, en particulier dès lors qu’il s’agissait de ressources très spécialisées, qualifiées de « niche », difficiles d’accès car trop rares ou absentes de l’offre documentaire à l’échelon local. En termes de politique documentaire, on serait tenté de parler de « politique de l’interstice » qui conduirait tout à la fois à se glisser dans les angles morts de l’offre documentaire disponible au sein d’un site ou d’un établissement, et en même temps à consolider des initiatives existantes tout en diversifiant cette offre dans un contexte budgétaire tendu.

Le Ciel et les sphères : verso du Saint Christophe, dessin

source BnF / Gallica

Une collection d’excellence constituée au plus près des besoins des chercheurs

L’approche qui prévalut fut de tenter de mutualiser au niveau national des besoins partagés par une communauté de chercheurs qui, du fait de leur éparpillement sur le territoire, ne pouvaient prétendre à obtenir un accès en local à une ressource donnée. L’idée de reprendre le modèle de la licence nationale déjà éprouvé fut rapidement adoptée. En cela, ce programme s’est inscrit dans le droit fil de certains objectifs poursuivis par le projet « Istex », tant vis-à-vis de l’égalité territoriale dans l’accès aux ressources numériques que des enjeux de souveraineté sur la documentation acquise au moyen d’achats pérennes incluant la livraison des données pour en disposer de façon durable et diversifiée (notamment des usages de type Text and Data Mining). Alors même que le gros des budgets documentaires vient souvent alimenter les mêmes acteurs du paysage éditorial, le programme portait l’idée qu’une collection d’excellence de niveau national repose sur une diversité accrue de l’offre, au plus près des besoins de la recherche. À rebours des logiques d’achats par lots, l’achat d’ebooks a permis de réintroduire une notion de sélection documentaire par des bibliothécaires experts du domaine en collaboration avec des chercheurs représentant les disciplines concernées.

Enfin, un dernier principe fut celui de la diversification des ressources acquises à cette échelle nationale. Cela s’est traduit par l’intégration d’une plus large typologie de ressources que les orientations prises lors du projet Istex, incluant ouvrages de référence, archives et bases de données, pour prendre en compte des besoins plus spécifiques de certaines disciplines, notamment en SHS ou en médecine. Il fallut alors adapter le modèle de licence nationale pour tenir compte des spécificités de la ressource.

Pour répondre à l’ensemble de ces principes directeurs validés par le Conseil scientifique du GIS, il fallut faire coïncider l’analyse d’un besoin, la réalité d’un marché des ressources numériques dans une discipline donnée, les objectifs en termes de service et les moyens disponibles. Ce défi a été relevé durant six années, porté par plusieurs établissements membres du GIS ou associés, représentant diverses disciplines labellisées et autant de communautés de chercheurs1. Il a reposé sur des acteurs majeurs de l’IST que sont le consortium Couperin, l’Abes, et l’Inist-CNRS. Fort des enseignements tirés de cette nouvelle expérience, le programme se poursuivra dans le cadre d’un GIS renouvelé, grâce à l’engagement de ces mêmes acteurs qui garantiront la poursuite de la mission par l’association de leurs expertises respectives.