Le Kap Learning Centre a ouvert ses portes le 2 septembre 2024. Le bâtiment regroupe plusieurs services de la bibliothèque universitaire, le service IPPA (innovation pédagogique et production audiovisuelle) et la Fabrique, service d’orientation et d’insertion professionnelle des étudiants.
Le Kap, entrée principale
Marie-Aude Aumonier
Contexte et historique
Tout a commencé avec la nécessité, pour la bibliothèque universitaire, de se doter d’un nouvel équipement pour les bibliothèques de lettres, langues, sciences humaines et sociales. En effet, la bibliothèque Lafayette, ancienne bibliothèque centrale, construite au début du XXe siècle et abritant la majorité des collections de LSH, était devenue trop petite, vétuste et inadaptée aux travaux nécessaires pour accueillir une bibliothèque universitaire répondant aux standards actuels.
Créer un nouvel espace était également l’occasion de rationaliser le réseau des bibliothèques de lettres, très hétérogènes et réparties sur 4 sites universitaires : « Lafayette », rassemblant la plus grande partie des collections mais éloignée des sites d’enseignement et n’offrant que peu d’espaces pour les utilisateurs ; « Marie-Hélène Lafon », située au sein de la fac de lettres, largement ouverte et accessible mais trop petite ; d’anciennes BUFR aux places de travail et à la documentation vieillissantes ; des magasins distants avec des collections en accès différé...
De multiples projets avortés se sont succédés entre les années 1990 et la fin des années 2010, jusqu’à ce qu’émerge un projet de Learning Centre, occasion pour l’université de créer un équipement dédié à la réussite des étudiants, associant la BU à d’autres services. Grâce notamment au programme d’excellence I-Site CAP 20-25, un budget de 24M€ a pu être mobilisé et le travail de programmation fut lancé en 2019. Pour implanter le nouvel équipement, l’université a décidé de réhabiliter un bâtiment des années 1950 et d’y adjoindre une extension afin d’atteindre la surface nécessaire. Parallèlement au projet bâtimentaire, porté par la direction du patrimoine immobilier et de l’énergie de l’UCA, la bibliothèque a mené un travail de fond, en impliquant les utilisateurs, afin de définir espaces et services à proposer dans le nouvel équipement.
À la suite d’un dialogue compétitif, le choix de l’UCA s’est porté en 2021 vers la proposition du cabinet d’architectes Espagno et Milani, portée par le groupement GCC. Un marché global de performance a été négocié avec l’entreprise, l’université étant particulièrement exigeante vis-à-vis des performances énergétiques attendues. Point suffisamment exceptionnel pour être relevé, le calendrier initial des travaux a été respecté à la lettre et le bâtiment livré dans les temps.
Le Kap, vue extérieure depuis le jardin
Jérôme Justine Photographies
Le bâtiment
Le bâtiment retenu, dit « Kessler », désaffecté depuis le départ du laboratoire de géologie en 2016, a nécessité une reprise totale. Il s’est vu doter d’une extension doublant sa surface, construite sur un ancien parking situé en cœur d’îlot et transformé en jardin. Le nouvel équipement totalise 6 000 m² utiles et offre 650 places de travail, réparties entre places individuelles et salles de travail en groupe. Il se caractérise notamment par sa transparence et sa luminosité permise par deux puits de lumière et de nombreuses cloisons vitrées donnant à voir les différents espaces et niveaux. Côté extension, la façade extérieure de l’ancien bâtiment a été conservée pour souligner de manière esthétique la structure du bâti. Un soin tout particulier a été apporté aux performances thermiques, afin que le bâtiment reste agréable, hiver comme été, sans nécessiter une climatisation énergivore.
Enfin, le Kap, au cœur du « quartier latin » étudiant, a été pensé en complémentarité avec les autres bâtiments universitaires qui l’entourent : Institut d’Auvergne du développement des territoires, Maison des sciences de l’homme, faculté de droit, mais également École des beaux-arts. Ainsi, il ne dispose pas de fablab puisque celui des Beaux-Arts est largement accessible, ni d’amphithéâtre puisque l’offre à proximité répond déjà aux besoins.
Le nom du Learning Centre, le Kap, a fait l’objet d’un sondage auprès des personnels des services destinés à occuper les lieux. Le choix s’est porté vers un nom court, facilement utilisable. Le Kap (dont l’initiale rappelle le nom de Kessler que portait jusqu’à présent le bâtiment) véhicule également la notion de direction, d’objectif à maintenir et à atteindre pour les étudiants qui fréquentent ses espaces.
Services
Le bâtiment abrite trois services de la BU et deux services de la direction de la formation, soit près de 90 agents qui le font vivre au quotidien. Côté BU, outre les équipes de la bibliothèque de lettres (27 agents), le bâtiment accueille également la direction de la BU de l’UCA (10 personnes) et la bibliothèque numérique (10 personnes). Les services IPPA (20 personnes) et la Fabrique (20 personnes) relèvent de la direction de la formation. La présence du Crous au sein du bâtiment est notable puisqu’il propose une offre kiosque du lundi au samedi.
Outre les espaces de la bibliothèque, le Kap propose trois salles de formation et une salle d’innovation pédagogique appelée e-lab, (utilisées par les formateurs de la BU, l’IPPA et la Fabrique et réservables par les enseignants), un studio de captation audio et vidéo, ainsi qu’une salle de conférences permettant d’accueillir près de 100 personnes. Ces espaces vivent au travers d’un calendrier événementiel riche d’activités variées proposées par les services habitant le site, mais aussi plus largement par d’autres services universitaires ou des partenaires de l’UCA qui y trouvent un lieu largement ouvert, visible et facile d’utilisation.
Le Kap met à disposition des étudiants 23 salles de travail en groupes de 4 ou 6 places, réservables via une application développée par l'UCA. Équipées d'écrans et de tableaux, elles rencontrent un vrai succès, comblant le manque de salles dédiées, en centre-ville. Enfin, l’espace chercheurs offre 10 places individuelles réservables par les doctorants et enseignants-chercheurs, avec possibilité pour eux de mettre de côté une sélection de documents sur une longue durée.
L’accueil est assuré essentiellement par les équipes de la BU lettres, renforcées en soirée par des emplois étudiants. L’équipement est ainsi ouvert 84 h/semaine, de 8 h à 22 h du lundi au samedi, et répond aux standards du plan PBO+. Les larges horaires d’ouverture, la qualité des espaces et l’offre de service ont fait immédiatement le succès du Kap qui, en deux semaines, a atteint les 3 500 entrées par jour.
Côté BU lettres, ce projet a été également l’occasion d’équiper en RFID les collections du libre-accès, et progressivement celles des magasins (400 000 volumes conservés), afin de permettre une automatisation des prêts et retours : une première sur le réseau. Ce service apporte une plus-value, tant pour les étudiants désormais autonomes que pour les collègues qui consacrent le temps gagné à l’accompagnement des usagers. Seul bémol, les espaces publics n’offrent que 50 000 documents en libre-accès. Même s’il a été multiplié par 10, ce chiffre reste insuffisant et les demandes d’ouvrages en magasin représentent toujours environ la moitié des prêts. Le projet a malgré tout permis la création d’un magasin patrimonial pour l’ensemble des collections anciennes du réseau, qui bénéficient enfin de conditions de conservation optimales. L’ouverture du Kap a par ailleurs été l’occasion de donner de la visibilité au nouveau service de prêt-retour universel, la navette des BU, qui concerne les 7 BU de la métropole, et les 4 BU en région.
Le Kap, des espaces de bibliothèque lumineux
Jérôme Justine Photographies
Perspectives
Si, avec l’ouverture du Kap, s’achève un travail de plusieurs années, ce n’est qu’une étape dans la réhabilitation des BU de l’UCA : ainsi la bibliothèque de Montluçon a pu intégrer un nouvel espace de type Learning Centre au printemps 2024, celle du Puy sera rénovée au printemps 2025, en attendant des travaux structurants sur celle de droit en 2025. Sans oublier la réhabilitation du site universitaire Gergovia, à l’horizon 2027, qui abrite la bibliothèque Marie-Hélène Lafon, seconde bibliothèque de lettres. Cette dernière devrait se voir doter d’une extension de 200 m² et de 40 places de travail supplémentaires pensés de manière complémentaire avec les espaces du Kap. Ces réhabilitations sont aussi l’occasion de pousser plus avant les collaborations de la BU avec les ingénieurs pédagogiques pour accueillir toujours mieux les étudiants.
Fidèle à sa volonté de mettre l’accueil et l’usager au centre de son dispositif, la BU travaille déjà à l’amélioration de ses services au Kap : une semaine de recueil de toutes les questions posées à l’accueil a eu lieu fin novembre, une grande enquête est prévue au début de l’année 2025. L’occasion de faire le bilan des premiers mois du Kap...