L’Abes est engagée de longue date sur les sujets de science ouverte. Dans cette optique, au fil des années, l’agence a participé à de nombreux projets CollEx-Persée, ou financés par le Fonds national pour la science ouverte. Cet engagement constituait un axe fort du projet d’établissement 2018-2023 qui s’est poursuivi depuis, par exemple dans le cadre de différents chantiers techniques menés pour améliorer le signalement des ressources en libre accès, comme la remontée des données d’exemplaires depuis les systèmes locaux ou l’intégration des bouquets de ressources électroniques dans le Sudoc. De même, la refonte complète de la plateforme theses.fr en 2024 visait à une diffusion élargie des thèses de doctorat.
C’est également dans cette optique que le projet d’établissement 2024-2028 comporte un volet sur le développement des identifiants pérennes, contribuant ainsi à l’ouverture des données scientifiques.
Dans ce contexte, l’Abes a entrepris le projet d’attribuer des Digital Object Identifiers (DOI)1 aux thèses de doctorat. Qu’est-ce qu’un DOI ? Il s’agit d’un identifiant, unique, pérenne et résolvable, ce qui garantit l’accès à une ressource, même en cas de changement d’URL. Largement utilisés par les outils bibliographiques (bases de données, archives ouvertes, logiciels de gestion bibliographique...), les éditeurs et acteurs de l’information scientifique et technique, les DOI permettent donc d’identifier, de référencer et de citer cette ressource de manière fiable. De plus, ils donnent accès à des métadonnées décrivant les modalités d’accès à la ressource, favorisant ainsi sa réutilisation et sa valorisation.
Jusqu’alors, les thèses de doctorat françaises n’en bénéficiaient pas systématiquement. C’est pourquoi, en 2024, dans le cadre de la politique nationale de science ouverte, l’Abes a collaboré avec le Centre pour la communications scientifique directe (CCSD) du CNRS et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche pour mettre en place un processus d'attribution de DOI aux thèses. Des DOI seront ainsi attribués rétrospectivement aux thèses électroniques déposées depuis 2016, et de façon systématique à toutes les thèses déposées à partir de 2025. Le CCSD pourra, de son côté, enrichir d’un DOI les autres versions des thèses déposées dans HAL. Un processus d’alignement de données entre l’Abes et le CCSD permettra d'établir le lien entre une version de thèse déposée par l’auteur dans HAL et sa version officielle, déposée par l’établissement, accessible via theses.fr.
Les métadonnées associées aux DOI des thèses seront transmises automatiquement à Crossref, l’organisme portant cette infrastructure, pour relier, grâce aux DOI, les différentes publications, entités (personnes, structures...) et actions de recherche identifiées. En lien avec d’autres identifiants internationaux comme ORCID (pour les personnes) et ROR (pour les structures), l’identifiant DOI servira ainsi de levier pour accroitre la visibilité de ces travaux de recherche au niveau international.
Dans un second temps, en 2025, l’Abes lancera un chantier d’extraction automatique des références bibliographiques présentes dans le texte intégral des thèses. Ces références seront envoyées à Crossref pour identifier celles déjà associées à un DOI. L’objectif de cette opération est de construire un graphe de citations croisées à partir du corpus des thèses de doctorat, offrant ainsi aux établissements la possibilité de répondre à des questions comme : Qui cite qui ? Qui est cité par qui ? Quels réseaux de connaissances émergent de ce vaste corpus ?
Ce projet, qui aboutira en 2026, fournira aux chercheurs et aux acteurs socio-économiques des outils pour analyser l’évolution scientifique des dix dernières années et la recherche en cours. Il constituera une contribution significative au rayonnement de la recherche française.
