© Benoit Ravier-Bollard

Contexte & spécificités

Après deux ans de travaux, le nouveau learning centre Claude Oytana1 a ouvert ses portes le 15 janvier 2024, à l’université Marie-et-Louis-Pasteur (nouvelle appellation de l’université de Franche-Comté). L'ancienne bibliothèque universitaire Sciences Sport y a été transformée en un tiers-lieu innovant, avec un jardin connecté et un tout nouvel espace de 200 m² dédié à l'innovation. Cet « open lab » comprend une salle d'immersion panoramique en réalité virtuelle – une première nationale, saluée par le Prix Livres hebdo 2024 de l’innovation numérique2 – ainsi qu’un atelier équipé d'imprimantes 3D et de machines de découpe laser.

Une plateforme d’apprentissage

Le concept de centre d'apprentissage n'est pas nouveau. Cependant, la technologie immersive a pris une place importante dans cette volonté de renforcer le lien entre documentation et activités d'enseignement et de recherche.

L'analyse des besoins exprimés par les laboratoires scientifiques et sportifs a révélé l'absence d'une salle immersive mutualisée. Né des objectifs partagés du Service commun de documentation, des enseignants-chercheurs en géologie et du Service d'ingénierie pédagogique, l’openlab veut rendre accessible des équipements technologiques de pointe à l’ensemble des étudiants, en particulier aux étudiants de premier cycle. En effet, si de tels équipements existaient déjà dans diverses unités universitaires, leur accès était souvent réservé aux étudiants en fin de cursus.

La réalité virtuelle a de nombreuses applications dans les activités pédagogiques :

• en géologie, elle permet aux étudiants de préparer plus efficacement les visites de sites et favorise l’inclusion des étudiants en situation de handicap ou empêchés.
• en biologie, elle améliore les cours d'anatomie et de physiologie en permettant la visualisation des organes internes. Par exemple, la reproduction en 3D d'un cœur en fonctionnement peut être beaucoup plus efficace que l'analyse d'un simple électrocardiogramme. Les services sont complémentaires : la bibliothèque prête des livres et des modèles anatomiques aux étudiants, la technologie immersive facilite la compréhension et la mémorisation en leur montrant les organes en action.

Jardin de lecture.

© Benoit Ravier-Bollard

Une vitrine de la recherche

Les astrophysiciens peuvent utiliser en salle d’immersion l’application Gaïa Sky pour leurs travaux de recherche. Elle permet de voyager dans l’univers, en sélectionnant l’astre vers lequel on veut se déplacer. Cet outil a été présenté par le directeur du laboratoire OSU-THETA à des partenaires universitaires européens dans le cadre du colloque de l’alliance STARS EU.

Dans le domaine sportif, les cyclistes peuvent surmonter leur appréhension de la chute grâce à des simulations virtuelles. Pour les aider à améliorer leur confiance et leurs performances, un vélo d'intérieur est placé dans la salle d’immersion devant une vidéo d’un peloton de course.

Le learning centre a aussi une fonction de médiation scientifique :

• lors de la Fête de la science, le grand public devait patienter 1h30 pour participer à la dernière visite guidée du très attractif open lab.
• tribune pour la recherche, le learning centre invite chaque mois à découvrir des travaux de doctorants ou de chercheurs plus avancés, via le cycle de conférences « Chercheurs en BU »3. Cette initiative émane initialement des enseignants-chercheurs sportifs, bientôt rejoints par d’autres spécialistes des domaines scientifiques et techniques.

Salle d’immersion.

© SCD

Présentation de Gaïa Sky.

©Cécile Röthlin

Initiatives & bien-être étudiant

Parmi les nouveaux services, le jeu occupe une place importante.

Dans l’espace fablab, les étudiants peuvent tester et mettre en application leurs savoirs pratiques. Des ateliers d’initiation à l’impression 3D y sont proposés tous les quinze jours, grâce à un partenariat avec le CROUS dont les conseillers numériques viennent former les participants à la conception et l’impression de pièces. Le premier cycle d’ateliers a permis de réaliser des pièces d’échiquier, faisant écho aux soirées jeux également accueillies au learning centre, ainsi qu’au nouveau service de ludothèque permettant aux étudiants d’emprunter à domicile des jeux de société.

Dès ses prémices, le learning centre a été conçu comme un tiers-lieu accueillant. Depuis la pandémie et le confinement général, la question du bien-être étudiant est devenue une préoccupation majeure. Préalable indispensable à la qualité des apprentissages, le bien-être est pris en compte autant dans les services (puzzles participatifs, grainothèque, séances de relaxation méditative en salle immersive pendant les soirées révision…) que dans les espaces :

• un travail de recherche du laboratoire de STAPS portant sur la lutte contre la sédentarité a conduit à mettre à disposition des vélos-bureaux dans la salle de lecture, ces derniers connaissent un grand succès auprès des étudiants.
• le jardin de lecture connecté du learning centre propose à ses usagers de bénéficier de places de travail extérieures disposant de branchements et d’une connexion wifi. Un amphithéâtre de verdure permet d’accueillir des animations durant les mois plus chauds. Par convention avec la Ligue de protection des oiseaux, le jardin est un refuge labellisé par l’association. La protection des oiseaux est une thématique motrice qui permet aux étudiants d’acquérir des compétences en utilisant des outils du fablab (découpe laser, plotter de découpe notamment) lors d’ateliers de conception de mangeoires et nichoirs.

Perspectives

La présence de ces nouveaux services au sein d'une structure de documentation relève aujourd’hui d’une évidence tant sont interconnectés la documentation, l’enseignement et la recherche. Les bibliothèques universitaires sont désormais dans une logique de collaboration (ou de partenariat) et d’intégration où elles trouvent toute leur place au sein de l’université.

Ces initiatives complémentaires mettent en lumière l'évolution du rôle des bibliothèques et de leurs professionnels de la médiation. Au-delà des responsabilités traditionnelles, de nouvelles compétences – telles que la gestion de projet transdisciplinaire et la fabrication numérique – sont désormais indispensables pour gérer avec succès de tels espaces. La création d'un tel équipement innovant au sein de la bibliothèque, plutôt qu'au sein de la faculté des sciences, est un symbole fort : la bibliothèque se positionne comme un « troisième lieu » central, favorisant la collaboration et l'innovation.

Pour faire sens, ces différences actions visent un objectif commun : soutenir l’apprentissage et la recherche en offrant une multitude d’outils et de services ne se limitant pas à la documentation. En leur donnant la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences, le learning centre permet aussi aux étudiants de répondre à leurs besoins pratiques. Les sportifs peuvent, par exemple, personnaliser des t-shirts avec leur nom et le logo de leur équipe. À la croisée des possibles, le learning centre se positionne comme un lieu incontournable de la vie étudiante.