32 | 1998Le conte

Le conte ? Le thème fait presque immanquablement lever des souvenirs de lectures qui sont aussi souvenirs d’enfance. Leur particularité est qu’ils intègrent souvent, plus ou moins clairement, l’Autre, qui fit don du livre ou mieux, qui fit don d’une histoire, la réinventant sur le vif pour l’enfant.

Je ne sais s’il y a beaucoup d’autres situations où un adulte se prête à être l’initiateur de cet espace de rêveries, qui ne manquent pas d’être transgressives, à les partager à sa façon tout en les médiatisant et en les ordonnant par la trame d’un récit qui appartient à l’héritage commun.

Curieuse fécondité de cette littérature orale qui peut se passer d’un nom d’auteur et qui cherche et trouve si bien la subjectivité de celui qui raconte et de ceux qui écoutent. Étonnante est aussi la capacité que possède le conte de jouer des barrières culturelles qui peuvent se figer en hiérarchisation des différents types de savoir et en exclusion des personnes. Aussi, si on n’a connu le conte que par le livre, il reste encore à le découvrir vraiment, lorsqu’il est porté par une voix qui, dans le présent, maille une histoire et des liens entre ceux qu’il touche. C’est à quoi ce dossier voudrait inviter.

M. C.