Ainsi il est arrivé l’an qui, s’annonçant trois fois neuf, sera aussi le dernier d’un millénaire. Certes, le mode de constitution des nombres enlève tout mystère à ce constat mais ce dernier ne manquera pas de faire lever en chacun ce qui s’associe au passage des limites et des seuils. À chaque année finissante, nostalgie, crainte et espoir écrivent le bilan et on s’emploie, entre conscience à peu près réaliste et inquiétude presque oraculaire, à détecter des voies d’initiative pour le futur. Mais ce travail obscur de la mémoire et du désir va, cette fois embrayer sur une dimension collective très accentuée par les retentissements imaginaires et symboliques d’une fin de siècle approchante et cela dans un moment où le terme de mondialisation résonne de tous les côtés et où la réalité de la mondialisation impose comme réalité un seul de ses possibles. Récemment, Paul Ricœur s’interrogeait sur le sens à donner à ces nouvelles formes de pratiques collectives de mémoire qui ont choisi de se nommer « repentance », et sur les liens complexes, parfois ambigus, qui les relient à l’exigence de justice. Quoi qu’il en soit et en sera, ce retour sur le passé porte l’espérance – renouvelée ? réitérée ? – de limiter l’empire de l’oubli et de la répétition.
Sous ces auspices, je vous souhaite une année 1999 réceptive aux nouveautés et surprises fécondes au cœur et à l’esprit. Et, si vous vous reportez au précédent éditorial, vous aurez toutes les suggestions utiles pour faire fructifier ces inédits, par exemple en envoyant vos articles à Canal Psy.