Colloque d’automne de la Société du Rorschach et des Méthodes Projectives de Langue Française

La méthode projective en psychopathologie de l’enfant

p. 16

Texte

Les 18 et 19 novembre 1995, organisé par le CRPPC (Centre de Recherches en Psychologie et Psychopathologie Cliniques) de l’Institut de Psychologie de l’Université Lumière Lyon 2, s’est tenu le traditionnel Colloque d’Automne de la Société du Rorschach sur le thème de la méthode projective en psychopathologie de l’enfant. Placée sous la présidence de Nina Rausch de Traubenberg, Professeur honoraire de Psychologie Clinique à l’Université René Descartes-Paris V, Présidente de la Société du Rorschach et des Méthodes Projectives de Langue Française, cette manifestation a accueilli près de 250 participants, professionnels de la psychopathologie de l’enfant, universitaires, étudiants de 2e et 3e cycles, venus de la France entière, mais aussi de Belgique, Allemagne, Italie…

L’ouverture des travaux de ce colloque a été assurée successivement, au nom du Président de l’Université, par le Pr Gérard Broyer, Vice-Président, rappelant la tradition « projective » de l’Institut de Psychologie, et, au nom du CRPPC, par le Pr Bernard Chouvier en sa qualité de Directeur, et enfin, au nom de la Société du Rorschach, par le Pr Nina Rausch de Traubenberg, sa présidente, qui a retracé sa participation aux premiers temps de l’introduction des épreuves projectives en France, il y a tout juste cinquante ans et rappelé la tenue à Lyon, en 1980, d’une journée de travail de la Société du Rorschach, placée sous l’autorité du Dr Péchoux.

La première matinée a vu le développement de points de vue méthodologiques. En introduction, le Pr Bernard Chouvier (Université Lumière Lyon 2) présentait quelques aspects de l’élaboration des processus de symbolisation chez l’enfant, insistant sur l’intérêt du concept de signifiant formel pour comprendre les enjeux de la symbolisation primaire. Pascal Roman (Université Lumière Lyon 2) proposait, dans la même lignée, une réflexion sur la pertinence du dispositif de la méthode projective comme « dispositif à symboliser » : tentant de tisser les liens avec le « dispositif » du jeu de la bobine décrit en son temps par Freud autour des trois paradigmes que sont la reconnaissance de l’objet, le recours à la motricité et la participation langagière, il en indiquait les enjeux en psychopathologie de l’enfant. Trois communications se succédaient ensuite : Michel Bernardi et le Pr Hervé Bénony (Université de Bourgogne) montraient la pertinence du recueil de données longitudinales (Rorschach et T.A.T.) dans l’approche clinique d’un cas d’inceste, le Pr Jacqueline Donnay-Richelle (Université de Mons, Belgique), quant à elle, mettait en évidence l’intérêt du dessin de famille pour étudier les organisateurs œdipiens chez des enfants dont les parents sont séparés ; enfin, Claude Zadjela-Buffet (C.H. de Longjumeau) présentait une réflexion sur la valeur des réponses organisées à partir de la symétrie chez l’adolescent, comme indicateur du degré d’« autonomie psychique » de l’adolescent.

L’après-midi du samedi était tout d’abord consacré à un travail en ateliers centrés sur diverses épreuves projectives : Scéno-test, Test des contes de J. Royer, Patte-Noire, C.A.T./T.A.T., Rorschach et épreuves graphiques. Ce temps de travail en groupe restreint a permis d’aborder la pratique des épreuves, sous la responsabilité de praticiens spécialisés dans chacune des épreuves. Dans un deuxième temps, deux jeunes chercheurs des universités Bordeaux II et Lumière Lyon 2 ont pu présenter l’état d’avancement de leurs travaux… et susciter un échange avec les participants.

Une première introduction du Pr René Roussillon (Université Lumière Lyon 2) a placé la deuxième journée du colloque sous le signe de la métapsychologie freudienne, avec une proposition de « déconstruction » de la notion de projection à partir du modèle freudien Perception-Conscience. Dans un deuxième temps, l’exposé de Monika Boekholt (Université René Descartes-Paris V), orienté sur la démarche diagnostique et le repérage des perspectives de changement en psychopathologie de l’enfant au travers des épreuves projectives, a tracé un large panorama des enjeux théoriques et pratiques du recours à ces épreuves dans le champ de la clinique. Deux communications, portant sur des points plus spécifiques, ont été proposées d’une part par Michèle Emmanuelli (Université René Descartes-Paris V) sur l’apport des épreuves projectives dans le repérage et la compréhension des inhibitions intellectuelles et d’autre part par Bernard Duez (Université Lumière Lyon 2) à partir d’une expérience d’utilisation du T.A.T. dans une fonction préliminaire à la conduite d’une cure avec de jeunes adolescents « anti-sociaux ».

Le colloque a été clôturé par une table ronde réunissant l’ensemble des intervenants des journées autour du Pr Jacques Hochmann (Université Claude Bernard Lyon 1), qui nous a proposé le point de vue de l’« utilisateur » des méthodes projectives qu’est le psychiatre d’enfants, non sans adresser un clin d’œil au passé et à sa rencontre première avec les épreuves projectives par l’intermédiaire de Jean Guillaumin ! Un échange fructueux au sein de la table ronde et avec les participants permit de terminer cette rencontre dans une ambiance stimulante pour la pensée.

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Référence papier

Pascal Roman, « Colloque d’automne de la Société du Rorschach et des Méthodes Projectives de Langue Française », Canal Psy, 21 | 1995, 16.

Référence électronique

Pascal Roman, « Colloque d’automne de la Société du Rorschach et des Méthodes Projectives de Langue Française », Canal Psy [En ligne], 21 | 1995, mis en ligne le 27 août 2021, consulté le 22 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=2544

Auteur

Pascal Roman

Maître de conférences à l’Institut de Psychologie Université Lumière Lyon 2

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