Canal Psy : à quelle occasion le projet de cette publication s’est-il concrétisé ?
Pascal Roman : ce projet a été réalisé à partir d’un colloque qui s’est tenu à Lyon à l’automne 1995 sur le thème du recours aux méthodes projectives dans le cadre de la psychopathologie de l’enfant. Cet ouvrage a donc ce colloque comme point d’appui, mais aussi des filiations que l’on peut reconnaître. Le titre en lui-même Projection et symbolisation l’évoque : les processus de symbolisation sont une part importante de l’activité du Centre de Recherches en Psychologie et Psychopathologie Cliniques de l’Université. Le colloque s’inscrivait dans les travaux du Centre.
Parmi les conditions à retenir pour qu’un tel ouvrage puisse exister, il y a la confiance des souscripteurs qui, dès le moment du colloque, ont été intéressés à voir paraître les travaux présentés. Confiance aussi de Paul Fustier qui a accueilli cet ouvrage dans sa collection « L’autre et la différence », sans oublier la confiance des Presses Universitaires de Lyon qui ont mené à bien la réalisation de cet ouvrage avec un professionnalisme que je tiens à saluer.
Canal Psy : En quoi pourrait-on dire que cet ouvrage est un ouvrage original ?
Pascal Roman : ce qui fait son originalité, c’est qu’il rassemble des points de vue venant d’horizons différents sur une même question : la méthode projective dans le champ spécifique de la clinique de l’enfant. Il s’agit d’une part de contributions de chercheurs et collègues de l’université, dans le cadre du CRPPC, d’autre part des contributions de collègues du groupe de recherches en psychologie projective de l’Université Paris V (M. Boekholt, M. Emmanuelli), ou d’autres horizons comme celui de l’Université de Mons en Belgique avec Jacqueline Richelle. Une autre originalité vient peut-être de mon souci de rassembler plusieurs angles d’approche de cette problématique : angle méthodologique, épistémologique et de la pratique clinique. Il s’agissait de construire à partir de ces trois dimensions une autre perspective qui pourrait se dégager aujourd’hui dans le cadre de la méthode projective en psychopathologie de l’enfant. J’ai souhaité que cet ouvrage soit une base de travail pour des praticiens ou des chercheurs qui voudraient continuer à travailler la question et à enrichir leur pratique.
Canal Psy : est-ce que pour vous cet ouvrage est aussi une occasion de valoriser la recherche en psychologie ?
Pascal Roman : oui, tout à fait. Valoriser la recherche implique deux mouvements qui sont contradictoires mais aussi nécessaires à articuler. Le premier mouvement consiste à prendre le temps de s’arrêter pour élaborer des positions et des propositions théoriques et cliniques, c’est un travail le plus souvent solitaire ou en petite équipe. Le deuxième mouvement, c’est de s’ouvrir à des échanges avec des collègues d’autres horizons, avec les jeunes chercheurs. Je voudrais d’ailleurs souligner que cet ouvrage contient en particulier le texte d’une jeune chercheuse de notre université, qui à l’époque était en train de terminer son DEA. Elle vient apporter la contribution du renouvellement des générations de chercheurs.
Canal Psy : la psychologie projective vous tient à cœur, avez-vous d’autres projets ?
Pascal Roman : Bien sûr, même s’ils ne sont pas éditoriaux ! Un premier projet est déjà sur les rails depuis le mois de janvier, avec la création d’un groupe de travail sur les méthodes projectives dans le cadre du CRPPC. Un groupe que j’anime et qui rassemble quelques unités de chercheurs et de praticiens. Il produira une participation collective au prochain colloque de la Société du Rorschach et des méthodes projectives de langue française, qui se tiendra à Dijon à l’automne 1997. Ce groupe de travail a pour vocation de s’enrichir et de faire vivre un pôle de psychologie projective à Lyon.
Le deuxième projet qui s’articule sur le premier, c’est la participation à un travail de recherche mené à un niveau national, en collaboration avec l’Université Paris V, sur un certain nombre de questions liées à la pratique du Rorschach et en particulier à l’actualisation des normes utilisées dans la dimension quantitative du traitement du Rorschach.
Le troisième projet concerne le développement des échanges entre les universitaires et les praticiens, et ceci en France et en pays francophones. La Société du Rorschach organise des colloques, des manifestations scientifiques, qui se décentralisent parfois ; comme c’était le cas en novembre 1995 et comme ça va être le cas à Dijon. Mon projet, dans le cadre de la Société du Rorschach, c’est de mettre en place des manifestations scientifiques plus légères qu’un colloque et qui prendraient la forme de ce que j’ai appelé « Les après-midi projectives ». Sur une demi-journée, des travaux de recherche en cours seraient présentés avec une perspective d’échanges et de travail de type « séminaire ». La première aura lieu à Lyon, le samedi après-midi 8 novembre 1997. Cette manifestation portera sur la problématique du neutre dans les méthodes projectives, invitée par le CRPPC, plus particulièrement par le groupe de recherches sur les processus représentatifs dirigé par René Roussillon. Cette articulation entre les institutions universitaires de recherches et ces manifestations me paraît tout à fait importante. Pour cette première « après-midi projective », trois intervenants : Marion Peruchon (Paris V) parlera du neutre dans la problématique du vieillissement, Isabelle Billon-Galland (Grenoble) évoquera le neutre dans la problématique du sexuel, et moi-même interviendrait sur la problématique du neutre dans le dispositif. D’autres après-midi sont déjà projetés (Toulouse, Bruxelles…) et à partir de là, peut-être d’autres publications !