L’individu dans le groupe, interpréter et/ou intervenir ?

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Texte

Le 15 et 16 mars dernier, la SFPPG a organisé à Paris ses journées de réflexion, comme chaque année. Devant la richesse des communications, je développerai un seul point de vue, renvoyant les lecteurs à la revue qui reprendra ce thème1.

Dès le départ, Claudio Neri2 a donné le ton : dans une présentation clinique riche et détaillée une participante rapporte le rêve d’un monstre : ceci risque de mettre à mal le groupe si celui-ci ne se mobilise pas, côté participants et côté psychanalyste. Départ non annoncé et deux nouveaux arrivants, situation banale qui a eu un impact sur l’élaboration d’un groupe de psychodrame conduit par Ophélia Avron. Pierre Privat prend en charge des groupes d’enfants : ils parlent de leur rivalité avec les plus jeunes, la séance suivante l’un des enfants a perdu son jeune frère… Blandine Guettier rend compte avec authenticité d’une différence de point de vue avec son co-animateur à propos… d’un participant parti subitement lors d’un groupe de formation du CEFFRAP3. Ces exemples, non concertés, font travailler le groupe. Comment peut-il « digérer » ces imprévus, comment continuer à exister et à travailler malgré ce qui vient faire traumatisme ?

Le projet d’une équipe joue ici un rôle important pour garantir ces conditions de possibilités d’un travail en groupe dans un cadre institutionnel, Jean-Marie Enjalbert a illustré cet aspect pour l’hôpital psychiatrique.

Dans le groupe se pose la question de l’interprétation du ou dans le transfert : pratique non remise en cause, il s’agit cependant de pouvoir intervenir pour la rendre possible. Ainsi O. Avron met en relief les mouvements de « perception participative globale » : le problème de la fluidité des échanges, l’effet de présence recherchée, l’inter-liaison qui rassemble chacun. Avec C. Neri, les participants associent à partir du rêve (il s’était déroulé pendant les vacances du groupe), puis il raconte une histoire avant d’interpréter les anxiétés propres à la reprise de ce groupe. L’intervention tenterait de contenir ces événements par l’attention commune qu’elle mobilise (voir la fonction alpha de Bion).

J’en suis parti avec l’idée d’une résistance particulière au travail en groupe quand la perception de la réalité externe se télescope avec certains sentiments de ses participants : des alliances se soudent pour nier la souffrance propre du groupe qui se sent menacé.

Un écho, nécessairement partiel et partial.

Notes

1 La Société Française de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe prend en charge la publication d’une revue semestrielle, la Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, voir le numéro 29.

2 Psychanalyste italien, spécialiste des groupes selon une approche bionienne, il a été invité à l’Institut. L’un de ses livres vient d’être traduit en français (voir page 15).

3 Cercle d’Étude Française pour la Formation et la Recherche Active en Psychologie.

Citer cet article

Référence papier

Denis Mellier, « L’individu dans le groupe, interpréter et/ou intervenir ? », Canal Psy, 29 | 1997, 10.

Référence électronique

Denis Mellier, « L’individu dans le groupe, interpréter et/ou intervenir ? », Canal Psy [En ligne], 29 | 1997, mis en ligne le 02 septembre 2021, consulté le 22 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=2722

Auteur

Denis Mellier

Maître de conférences à l’Institut de Psychologie de l’Université Lumière Lyon 2

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