S’engager. En politique ou dans un lien amoureux, dans une association ou dans une formation, dans un métier, un poste, des responsabilités… Le spectre de l’engagement est large et la valeur teintée d’une certaine ambivalence, entre admiration, que l’on songe au succès du livre de Stéphane Hessel ou à la sympathie dont bénéficient les révoltes dans les pays arabes, et crainte, défiance, que l’on songe aux 50 % d’abstention aux élections cantonales, aux très faibles participations aux élections étudiantes, quand il n’y a pas absence de candidat.
Investissement à plus ou moins long terme, exigences et responsabilités plus conséquentes, travaux à accomplir, soubassements inconscients, enjeux institutionnels, résonances subjectives… s’engager implique un certain nombre d’effets à géométrie variable. Car s’engager c’est prendre un risque, celui d’afficher des opinions, des actions, de se confronter à d’autres, qu’il s’agisse d’options pédagogiques, d’exercice professionnel, de formation (cf. les enjeux autour du titre de psychothérapeute), de la politique concernant les plus faibles (étrangers en situation précaire, SDF, délinquants…).
L’engagement pourrait paraître antagoniste à la recherche, à une Science qui ne parlerait que d’Objectivité. Certains soutiennent cette position, ignorant ainsi qu’il n’y a pas de position neutre. Les choix de l’objet et du terrain de recherche, la sélection d’un modèle théorique, le mode de recueil des données, relèvent d’enjeux qui sont loin d’être neutres ! La recherche peut aussi s’appréhender comme un engagement, un mode d’action dans la société, une « subjectivité assumée » (Azzam A., 2009), une partialité nécessaire.
Engagement dans le contexte d’une segmentation sociale toujours plus grande ; Histoire des contractualisations entre employeur et employé ; Implication et intervention clinique auprès d’une population en souffrance d’exclusion ; dans leur champ de compétence respectif, Nicolas Fieulaine, Cynthia Cadel, Franck Héas et Francis Maqueda, ont accepté de se saisir de cette thématique.
En « à propos » est abordée la question des folies de l’engagement, avec une présentation de l’ouvrage de Bernard Chouvier sur Les fanatiques. Enfin, René Kaës, en nous parlant de son travail sur Les alliances inconscientes, nous amène à considérer toutes les dimensions « hors-champ » de l’engagement.
Pour finir, nous saluons, tout particulièrement, le travail graphique remarquable d’Adeline Bidon.
En vous souhaitant une lecture engagée…