Plan

Texte

L’année 2021 nous invite à reprendre la mesure de l’œuvre de Gilbert Durand né il y a tout juste cent ans. Sous la direction d’Isabelle Krzywkowski, la revue Iris consacre sa partie « Mythodologies » à cette réflexion sur l’héritage du maître savoyard. Certains des articles réunis ici ont d’abord fait l’objet d’une communication lors du colloque célébrant les cinquante ans de recherche sur l’imaginaire, organisé en novembre et décembre 2016 à Chambéry et à Grenoble. Les deux premières contributions constituent un hommage, d’une part en relisant les Structures anthropologiques de l’imaginaire, d’autre part en montrant comment les théories de Gilbert Durand permettent d’analyser les rapports entre imaginaire et politique. Les trois autres articles analysent la pensée durandienne à l’aune de notre époque, en examinant les enjeux théoriques actuels de l’imaginaire. Pour commencer, Philippe Walter envisage une propédeutique de l’imaginaire et s’intéresse au rôle maïeutique des images. En outre, on constate aujourd’hui que les sciences et les techniques ont adopté le concept d’imaginaire et Jean-Jacques Wunenburger y voit une des clés de l’innovation technologique. Enfin, Joël Thomas présente l’évolution historique des représentations du cerveau de l’Antiquité à nos jours et l’on pourrait conclure de ce panorama que la validation des études sur l’imaginaire passe par les neurosciences contemporaines.

La partie « Topiques » consacrée à l’imaginaire des dragons n’oublie pas le centenaire de la naissance de Gilbert Durand, puisqu’elle permet au lecteur de retrouver un article de ce dernier et de Chaoying Sun publié deux fois en Belgique — en 1996 puis 1997 — mais difficilement accessible : « Renversement européen du dragon asiatique ». Rappelons d’ailleurs que Gilbert Durand s’intéresse aussi au dragon en tant que figure lunaire dans les Structures anthropologiques de l’imaginaire (Durand, 1992, p. 359‑369). Dans cette section « Topiques », avant ce texte qui compare l’imaginaire du dragon en Asie — principalement en Chine — et en Europe occidentale, Bernard Sergent propose une contribution qui dévoile toutes les problématiques et expose les diverses fonctions des dragons, avec un point de vue large, englobant les cinq continents. Après cette approche des mythologies du dragon et l’essai comparatif entre les mondes asiatique et occidental, diverses enquêtes font passer d’une culture à une autre en s’intéressant à l’épopée byzantine et persane, aux sources historiques polonaises et aux récits de la vie de sainte Marthe. Dans le premier article de cette série, Nina Soleymani Majd montre que le dragon n’est pas toujours une figure du mal à combattre, ne serait‑ce que parce que, du point de vue symbolique, il est aussi un symbole de puissance. De même, les chroniques polonaises s’avèrent parfois ambivalentes, car le dragon est certes souvent à abattre, mais il apparaît également dans des comparants pour valoriser certains personnages accomplissant des exploits guerriers. Quant à sainte Marthe, il s’agit clairement d’une figure sauroctone, toutefois, selon les textes, on observe des variations dans la présentation du dragon, dont le but serait de s’adapter au public de l’œuvre en question. On termine avec les noms des plantes qui ne sont jamais loin de la mythologie et dont plusieurs convoquent la représentation du dragon, comme serpentaire ou estragon. En reprenant les caractéristiques de l’image du dragon, Audrey Dominguez explique comment ces dernières ont servi à nommer et à définir certains végétaux.

En ce qui concerne les varia, la section « Facettes » offre d’abord une étude des mythes et des symboles dans Le Cercle de l’écrivain grec Stratis Tsirkas, dont l’action se situe en 1942, en pleine guerre mondiale. On pourra également découvrir les fragments d’un roman arthurien : Ilas et Solvas. Ce dernier est inédit et Jean-Charles Berthet accompagne le texte original d’un commentaire et d’une traduction en français moderne. Enfin, on trouvera une suite des anecdotes japonaises sur les chats publiées et commentées dans le numéro 40 d’Iris. Alors qu’il était déjà inquiétant dans les histoires précédentes, cette fois‑ci, le chat va jusqu’à se transformer en un monstre nommé nekomata dans les Heures oisives, œuvre composée vers 1330 par Yoshida Kenkô.

Le numéro se termine avec les recensions des ouvrages de Julien d’Huy, Bernard Emery, Karin Ueltschi, Claude Lecouteux et Hervé Tiffon.

Bonne lecture !

Remerciements

Je souhaite remercier deux étudiants de lettres ayant participé à la préparation de ce numéro lors d’un stage : Pauline Modolo, en troisième année de licence, et Rémi Sieffert, en première année de master.

Les relecteurs sont restés dans l’anonymat tout le temps de la préparation de ce numéro, conformément à la politique scientifique de la revue qui évalue les contributions en double aveugle (avec auteurs et évaluateurs anonymes lors du processus de relecture), mais au moment de la publication, il devient possible de les remercier. Outre les membres du comité de lecture, mes remerciements vont à :

  • Yannick Bruneton (Université de Paris) ;

  • Alain Delissen (École des hautes études en sciences sociales) ;

  • Joëlle Ducos (Sorbonne Université) ;

  • Ryszard Grzesik (Académie polonaise des sciences, Institut d’études slaves, département d’histoire, Varsovie) ;

  • Edward Skibiński (Institut d’histoire de la Faculté d’histoire d’Adam Mickiewicz, Poznań) ;

  • Kôji Watanabe (Université Chuo, Tokyo).

Bibliographie

Durand Gilbert, 1992, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire. Introduction à l’archétypologie générale [1960], Paris, Dunod.

Citer cet article

Référence électronique

Fleur Vigneron, « Éditorial », IRIS [En ligne], 41 | 2021, mis en ligne le 28 novembre 2021, consulté le 19 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=2294

Auteur

Fleur Vigneron

Univ. Grenoble Alpes, CNRS, Litt&Arts, 38000 Grenoble, France

Articles du même auteur

Droits d'auteur

CC BY-NC 4.0