Portée par l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur (Abes) depuis sa création en 1995, la revue trimestrielle Arabesques présente les enjeux et principales évolutions du monde de l’information scientifique et technique (IST) et de la documentation dans l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). La revue aborde les problématiques spécifiques aux bibliothèques universitaires et aux centres de documentation, principalement ce qui concerne les systèmes d’information, les services, les données et métadonnées utiles aux étudiants, enseignants et chercheurs, d’un point de vue national et international.
 


En validant le Projet d’établissement de l’Abes en novembre 2023, le Conseil d’administration a acté l’importance stratégique que revêt le socle informatique documentaire grâce auquel, aujourd’hui, l’Abes déploie une gamme de services considérablement plus riche que ne l’imaginaient sans doute les rédacteurs du décret fondateur de 1994, comme le rappelle Marianne Giloux.

L’informatique irrigue aujourd’hui toutes les activités du secteur documentaire : numérisation, interopérabilité, web de données, API, triple store… Le vocabulaire des bibliothèques s’est de facto largement étoffé en puisant dans les disciplines informatiques, tout comme le métier lui-même a acquis une coloration technique indubitable ainsi que le montre l’article de Sylvain Machefert. L’inscription des SGB dans les systèmes d’information des universités imprime également sa marque dans ce milieu en constante évolution. Impossible aujourd’hui de travailler dans le secteur documentaire sans parler gestion de données, outil de découverte ou identifiants. À la frontière entre ces deux mondes, le bibliothécaire reste l’indispensable lien entre informatique et recherche, entre étudiants et outils de documentation.

Ce dossier donne à voir la trajectoire de cette évolution puissante, en trois temps :

  • Une approche historique inaugurée par l’article de Jean Bernon, que suit l’évocation d’Henriette Davidson Avram, figure méconnue de l’univers bibliothéconomique à travers laquelle Grégory Miura s’intéresse à la construction politique et stratégique du secteur.
  • Plusieurs arrêts sur images parlent ensuite de l’imprégnation technique du métier en ces années 2020 : transformations des SGB détaillées dans les articles de Sophie Demange et d’Agnès. Manneheut, modification des usages des OPACs évoquée par François Renaville, évolution des métiers, dans un texte cosigné par Aurore Cartier et Corinne Maubernard.
  • L’avenir de l’informatique documentaire n’est pas en reste, avec deux focus pour clore ce dossier dont l’un, actualité oblige, précise les contours de la réinformatisation de l’Abes sous la plume de Stéphane Gully et Jean-Marie Feurtet. Mathilde Garnier, quant à elle, s’est prêtée au jeu d’imaginer le catalogue de 2054, marqué par l’entrée de l’IA dans notre monde. La parole est également donnée aux clubs utilisateurs des SGB devenus des acteurs désormais incontournables de ce milieu.

À tous ceux qui s’imagineraient par erreur que le monde des bibliothèques, souvent taxé de conservatisme, peine à sortir des ornières du signalement, puisse ce dossier leur témoigner, à l’inverse, de ses grandes capacités d’adaptation et des mutations profondes auxquelles il a dû faire face, avec succès.

Laure Jestaz
Directrice adjointe de l'Abes

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