Bibliothèque de recherche et au service de la recherche, le Grand équipement documentaire du Campus Condorcet a été pensé comme un espace mutualisé, aussi bien en termes d’espaces, de collections que de services.
Conçu par l’architecte franco-brésilienne Elizabeth de Portzamparc et financé par la Région Île-de-France, le Grand équipement documentaire (GED) est la toute jeune bibliothèque de recherche du tout neuf Campus Condorcet. Situé au cœur du Campus, il a vocation à en constituer le centre névralgique.
La programmation du bâtiment et de ses services s’est effectuée pendant plus de 10 ans, en coconstruction étroite avec les équipes de recherche et établissements ayant vocation à s’installer sur le Campus Condorcet. Bibliothèque de recherche et au service de la recherche, le GED a été pensé comme un espace mutualisé, aussi bien en termes d’espaces, de collections que de services.
© Sergio Grazia
Un forum de 1 000 m2, trait d’union entre le nord et le sud du campus
Le bâtiment se développe sur plus de 23 000 m2 et 6 étages. Il fait la part belle aux espaces professionnels qui manquaient cruellement dans les implantations de départ : 10 grandes réserves en sous-sol, protégées aussi bien d’éventuelles infiltrations que de tout passage de canalisation, grands espaces collectifs destinés au pré-traitement des documents, à la numérisation, au tri des dons, bureaux organisés sur 2 étages autour d’un patio.
Côté public, on entre dans le GED par un rez-de-chaussée traversant, ouvert à toutes et tous : cette rue intérieure prolonge le Cours des Humanités, allée piétonne traversant le Campus. Elle s’élargit sous une immense verrière pour devenir un Forum de plus de 1 000 m2, trait d’union entre le Nord et le Sud du Campus, lieu de discussions, de rencontres, de détente et d’échanges pour des publics variés. Un auditorium, un espace d’exposition et un open space destiné aux étudiant.es sont également librement accessibles au rez-de-chaussée, qui s’enrichira dans le courant 2022 d’un café et d’une librairie.
L’accès aux étages se fait sur accréditation, pour consulter les collections et accéder à plus de 40 salles de travail en groupe, réservables sur place ou à distance. Certaines sont déjà utilisées par les établissements membres du Campus pour des séminaires, notamment autour de la documentation et des archives. Plusieurs balcons et une grande terrasse prolongent les espaces de travail et de lecture à l’air libre. La capacité totale est de 1400 places assises. À terme, le bâtiment permettra une ouverture H24, 7 j/7.
Les fonds de plus de 50 bibliothèques rassemblées
Plus de 50 bibliothèques, fonds documentaires et services d’archives, historiquement dispersés sur autant de sites en Île-de-France, mutualisent leurs collections et archives. Au total 5 km linéaires d’archives et près d’un million de documents rejoignent le GED.
Pour maintenir le lien étroit entre les chercheurs et la documentation, le principe retenu a été d’offrir plus de 80 % de ces collections en libre-accès : la collection documentaire se déploie sur 27 km linéaires de rayonnages, trois étages, organisés en 4 territoires de recherche thématiques (Connaissances et savoirs ; Histoire ; Textes, sens, création ; Espaces, populations, sociétés), ainsi que 4 aires culturelles (Afrique ; Amériques ; Asie ; Eurasie). Les archives et les ouvrages de la Réserve (ces derniers représentent moins de 5 % de l’ensemble des monographies) sont conservés dans les magasins en sous-sol.
La richesse de la collection documentaire provient notamment de la façon particulière dont elle a été constituée, à la fois pour et avec les chercheurs. Outre une abondante documentation imprimée publiée dans de multiples langues, les institutions ont collecté un ensemble exceptionnel de matériaux de recherche sur tous supports (tirés à part, littérature grise, travaux universitaires non publiés, documents iconographiques et audiovisuels). L’enrichissement de ces collections est le fruit d’une collaboration entre professionnels de la documentation et chercheurs, ces derniers donnant ou léguant bien souvent les matériaux qu’ils ont collectés ou produits durant leurs travaux.
Un soin particulier est accordé aux ressources de niche destinées à des communautés de recherche restreintes représentées sur le Campus, sur des objets de recherche ou aires géographiques spécifiques, en coopération avec CollEx-Persée. Le GED est en effet bibliothèque délégataire pour la thématique Sociétés et populations (histoire sociale, démographie et sociologie).
Depuis deux ans, l’enrichissement des collections est désormais centralisé au GED et se fait en collaboration étroite avec les équipes de recherche : la mise en place de comités d’acquisition thématiques permet aux chercheuses et chercheurs de continuer à coconstruire la politique documentaire.
Autre principe fondateur, le GED associe dans une synergie étroite des collections éditées, imprimées et numériques, et des archives. Ces archives de la recherche étaient conservées dans les services archives des établissements membres du Campus, mais souvent aussi dans les centres et bibliothèques de recherche des unités, où elles côtoyaient déjà les collections documentaires. Tout dans le bâtiment et son offre de services est donc conçu pour faciliter le dialogue et la fluidité entre collections et archives : mutualisation des espaces de consultation, formations croisées des archivistes, documentalistes et bibliothécaires, développement d’interfaces de recherche communes… Les archives scientifiques, matériau inédit pour la recherche, occupent au sein de cet ensemble une place particulière : les fonds d’archives continueront à se développer par la collecte et la valorisation des archives des chercheurs et des unités installés sur le Campus. Les 5 km linéaires d’archives scientifiques du GED comprennent ainsi des fonds collectés comme matériaux pour la recherche, notamment en histoire, mais également les traces de l’activité des communautés de chercheurs et de leurs prédécesseurs. Ces archives deviendront ainsi elles-mêmes matériau de recherche et sources de données pour de nouveaux travaux, comme pour l’histoire de la recherche en SHS.
© Sergio Grazia
Des services à la fois pour le soutien à la recherche et l’ouverture sur le territoire
Outil pour la recherche, le GED a comme mission d’accompagner les équipes de recherche au plus près de leurs projets et de faciliter l’innovation et l’intégration du numérique. Il bénéficie en particulier de la synergie avec Huma-Num1 et Biblissima2. Des liens forts ont été construits entre le GED et les équipes de recherche par le biais d’un dispositif original, la mise en place de référent.es, qui sont des personnels du GED dont une partie du temps de travail est dédiée au relais entre les équipes et le GED : participer aux conseils de laboratoires, instruire les besoins, faire le lien entre besoins et services.
Le soutien à la recherche se développe autour de plusieurs axes prioritaires :
• La gestion des données de recherche : l’accompagnement des projets de recherche, en particulier sur les questions liées au traitement, à l’exposition, à la conservation et à la valorisation des données de recherche, se structure progressivement.
• La numérisation de corpus : les projets de numérisation de corpus se sont concrétisés grâce au soutien de CollEx-Persée. Deux projets portés par le GED en collaboration avec des équipes de recherche ont ainsi été financés, Palibr (Pensée anarchiste et libertaire en brochures) et Popp (Projet d’océrisation des recensements de la population parisienne).
• La transcription de textes manuscrits, collaborative et automatique, qui se développe en 2022.
Le GED a également comme mission d’accompagner les équipes et initiatives autour de la diffusion et la valorisation des savoirs, dans une démarche d’ouverture sur le territoire qui est consubstantielle au projet Condorcet dans son ensemble. Au-delà du public académique, riverains, scolaires, citoyens et curieux sont invités à fréquenter les espaces du rez-de-chaussée, qui progressivement s’animent autour d’expositions, d’événements et de rencontres en lien avec les axes de recherche des unités et coconstruites avec elles : rendez-vous autour de l’actualité éditoriale, projections de cycles de documentaires, représentations théâtrales, préparation d’une grande exposition en 2023 autour du Sport populaire. Ces espaces contribuent également à relever un des défis du Campus : comment faire connaître au grand public la recherche en sciences humaines et sociales, comment montrer ses enjeux, ses méthodes spécifiques, ses résultats ?
LES CHIFFRES CLÉS
• Coût du projet : 100 millions d’euros, construction financée entièrement par la Région Île-de-France
• 1 million de documents dont plus de 80 % en accès libre
• 23 000 m2 d’espaces de consultation, formation et partage des savoirs, répartis sur 6 étages
• 5 km linéaires d’archives, sources issues de la recherche en sciences humaines et sociales
• 1400 places assises et des salles de travail en groupe
• 50 bibliothèques, fonds documentaires et services d’archives mutualisés
