La Ligue des bibliothèques européennes de recherche est la principale association européenne de bibliothèques ; fondée en 1971, avec l’aval du Conseil européen, LIBER compte aujourd’hui 350 membres dans plus de 30 pays européens. Son objectif énoncé dans ses statuts est de créer un réseau de bibliothèques pour la conservation et la promotion du patrimoine écrit européen, améliorer l’accessibilité de leurs collections ainsi que la qualité des services d’information.

L’action de LIBER est soumise à l’approbation de l’assemblée générale de ses adhérents qui élit les 11 membres du bureau exécutif (Executive board), les responsables de division, le vice-président et le président. Le bureau exécutif peut s’adjoindre des experts pour renforcer sa réflexion. Les pays d’Europe du nord sont bien représentés dans cette instance et on peut regretter l’absence de représentants de l’Europe du sud ; par contre, le bureau compte aujourd’hui une représentante polonaise manifestant l’ouverture de LIBER vers les pays d’Europe de l’Est.

Objectif

LIBER représente et défend les intérêts des bibliothèques et agit en leur nom au travers d’interventions ou prises de position publiques.

LIBER met en œuvre cet objectif de différentes manières :

• en développant les compétences professionnelles et en diffusant les meilleures pratiques au moyen de la tenue de séminaires, de groupes de travail et de publications ;
• en favorisant le développement de la normalisation dans les champs d’activité des bibliothèques, en particulier dans le domaine de l’informatique documentaire ;
• en discutant l’élaboration et en assurant la promotion d’une vision stratégique pour les bibliothèques.

Lobbying

L’activité de LIBER dans tous ces domaines a été particulièrement riche ces dernières années.

La défense des intérêts des bibliothèques et de leur patrimoine s’est récemment illustrée dans la prise de position publique LIBER et son action de lobbying contre le projet du Land de Bade-Wurtemberg de vendre des collections patrimoniales de la bibliothèque du Land de Baden à Karlsruhe pour assurer son financement ; elle s’est aussi affirmée dans sa participation à l’enquête sur la TVA conduite par le groupe de Francfort pour demander à la commission européenne de baisser le taux de TVA sur la documentation électronique.1

La contribution de LIBER au repérage et à la diffusion des compétences est certainement le point fort de son activité.

La conférence annuelle, outre son rôle décisif pour la vie et le pilotage de l’association, est un temps fort de la réflexion professionnelle européenne et l’un des rendez-vous incontournables pour les bibliothèques académiques : la présentation d’expériences ou de réflexions issues d’horizons très variés sur le thème du congrès en font toute la richesse. La prochaine conférence se tiendra à Varsovie sur le thème, d’actualité s’il en est, de l’intégration européenne, de ses conséquences et de ses enjeux pour les bibliothèques et fera date pour nos collègues des pays de l’Europe de l’Est. La publication des interventions du congrès annuel sur le site de l’ENSSIB (depuis 2003) est la marque de l’engagement de la communauté professionnelle française dans LIBER.

Beaucoup d’autres séminaires et colloques s’organisent tout au long de l’année sous la houlette de LIBER grâce à l’action des responsables de division : il en va ainsi du congrès de Glasgow d’octobre 2006 (Open Scholarship 2006 : New Challenges for Open Access Repositories) piloté par l’infatigable Paul Ayris, à la London University College, ou du prochain séminaire interne à la division LMA sur la mesure de la qualité organisé par Suzanne Jouguelet à la BNF, pour ne citer que des exemples proches.

L’activité de publication est pilotée par Trix Bakker, notre collègue de l’université d’Amsterdam, responsable du contenu rédactionnel de la revue Liber Quarterly2 qui publie 4 numéros par an et s’est imposée parmi les revues professionnelles de tout premier plan en Europe. La richesse des thématiques abordées (la conservation et la protection des documents, le management des bibliothèques, l’architecture, les collections numériques…) permet au lecteur de disposer d’un état de l’art de la réflexion et des pratiques en Europe.

LIBER déploie aussi ses compétences au sein de structures plus réduites mais très efficaces dédiées à un champ d’étude particulier : le groupe des cartothécaires qui s’est réuni au début de ce mois de septembre 2006 à la BNF publie ainsi régulièrement ses études dans Liber Quarterly. Il en va de même pour le groupe « Architecture », animée par Marie-Françoise Bisbrouck, qui organise tous les deux ans un séminaire devenu la manifestation de référence pour tous les professionnels devant réaliser un projet de construction ou de réhabilitation.

Partenariat

La mission de LIBER ne peut être efficacement accomplie qu’au moyen d’un partenariat fort avec tous les acteurs de la communauté professionnelle en Europe et dans le monde. C’est ainsi qu’elle entretient un partenariat fort avec SPARC (Scholarly Publishing Academic Resources Coalition) dont elle est cofondatrice, et que des accords récents avec le CERL (Consortium of European Research Libraries) définissent le cadre d’une collaboration étroite en matière de conservation des collections patrimoniales et de normalisation (MARC, RDM, Registry of Digital Masters).

Liber en Europe - Carte de la répartition du nombre de membres de LIBER dans les différents pays européens

Autre exemple, le rapprochement avec EBLIDA (European Bureau of Library Information and Documentation Associations) qui débouche sur l’organisation en commun d’un atelier international sur la numérisation des collections de bibliothèques qui devrait se tenir en octobre 2007. Et bien d’autres initiatives que le site web de LIBER3 décrit abondamment.

Quel futur pour LIBER et quelles perspectives pour la participation française ? Liber s’est penchée sur son fonctionnement et ses missions et a conduit une enquête auprès d’experts et d’associations professionnelles européennes pour définir sa stratégie pour les années à venir. L’association envisage notamment de proposer des prestations de conseil et d’expertise à ses membres et de labelliser des pratiques exemplaires. Elle va approfondir son action en faveur de « l’Open access » et du développement des services en ligne.

LIBER sait que le futur des bibliothèques de recherche se joue largement sur ces questions de renouveau du « process » de la communication scientifique mais aussi des services et qu’elle doit y faire porter tous ses efforts. Par ailleurs, l’ouverture de l’Europe aux pays de l’Est et les liens renforcés avec la Turquie l’incitent à favoriser la participation des bibliothécaires de ces pays : les prochains congrès auront lieu à Varsovie en 2007 puis à Istanbul en 2008.

Quant au rôle des membres français de cette association, il me semble qu’il devrait se renforcer : à la fois pour mieux faire connaître notre activité et nos réalisations (le démarage de l’implémentation de Libqual+4 dans les BU française par exemple…) mais aussi pour aider au rééquilibrage de l’association en encourageant la participation de nos collègues des pays d’Europe du sud, Italie, Portugal, Espagne… afin de donner à la réflexion européenne toute sa variété et sa richesse.