Le réseau des pépinières de revues scientifiques en accès ouvert (Repères) prend racine dans le mouvement de création de services de soutien aux revues scientifiques. Ces services ont mis en lumière, par leur expérience de terrain, un certain nombre de problèmes auxquels les équipes de revues font face : difficultés de diffusion, moyens humains qualifiés réduits, isolement des équipes éditoriales, fragilité des processus éditoriaux, manque d’interlocuteurs locaux ou encore faible place des éditeurs publics ou privés1. Plusieurs établissements proposent depuis quelques années une aide graduée aux équipes des revues et soutiennent des plateformes de publication en accès ouvert qui répondent à la fois aux besoins éditoriaux et de diffusion de la recherche2. Depuis 2004, une vingtaine d’entre elles3 sont nées au sein de services communs ou structures fédératives des universités (bibliothèques universitaires, services d’appui à la recherche, maisons des sciences de l’homme) et ce mouvement s’est accéléré entre 2014 et 2018, notamment sous l’impulsion du Plan national pour la science ouverte4.

Un besoin de mutualisation

Repères est né en 2018 lors de la 1re journée des incubateurs de revues en accès ouvert qui avait pour objectif de réunir les plateformes existantes et d’en dresser un état des lieux. Il est rapidement apparu qu’un espace d’échanges mutualisé était nécessaire. La création du réseau permettait de mobiliser une intelligence collective au service des revues et de travailler ensemble au futur des plateformes. Celles-ci font face aux mêmes enjeux : développements et évolutions techniques sur Lodel et OJS, adaptations des modèles et des processus éditoriaux aux nouvelles modalités de publication, besoins de formation des équipes de revues, documentation commune pour de bonnes pratiques de l’édition standardisées et interopérables.

On distingue deux types de plateformes dans Repères :

• celles dont l’objectif est d’héberger et de diffuser de façon pérenne les revues qu’elles soutiennent ;
• celles que l’on qualifie de « pépinières », des tremplins pour accéder à des plateformes d’envergure internationale comme OpenEdition.

Quelle que soit leur vocation d’origine, elles ont pour objectif la montée en qualité éditoriale des revues qu’elles accompagnent et leur visibilité internationale. En mobilisant des alliances locales, les plateformes s’organisent de plus en plus en pôles éditoriaux, souvent à l’échelle régionale, qui regroupent les personnels de plusieurs services (appui à la recherche, édition, informatiques, documentaires, presses universitaires) et mutualisent des moyens financiers et techniques.

Au cœur de Repères, la complémentarité des métiers

Si l’accompagnement et l’acculturation aux bonnes pratiques éditoriales en contexte de science ouverte restent au centre des préoccupations, les méthodes mises en œuvre varient selon les sites. Dans ce contexte, Repères coordonne des actions communes via des groupes de travail, pilotés par des professionnel.les de plusieurs branches d’activités. Ces groupes produisent des outils utiles à toutes les plateformes et aux équipes de revues : formations, modèles de contrat adaptés aux plateformes, procédures de candidatures des revues, etc. Ils mettent également à disposition des développements informatiques spécifiques à Lodel et OJS et diffusent aussi des partages d’expériences sous formes de webinaires ou journées d’étude.

Au-delà de l’offre de services déclinée au sein de chaque établissement et mutualisée à l’échelle du réseau, c’est une culture professionnelle commune à plusieurs métiers qui voit le jour. Elle s’appuie sur différentes compétences (édition, documentation, archivistique, informatique, droit, communication, pédagogie) dont la complémentarité autour de l’objet plateforme est évidente, mais bouscule les pratiques et le vocabulaire stricts de l’édition.

Ainsi, les critères Quéro5 ont été produits par des professionnels de la documentation et soumis à l’expertise de professionnels de l’édition, ce qui a favorisé les échanges sur la terminologie commune employée dans les deux milieux. Ces critères ont ensuite donné leur nom à une formation en ligne (voir l’encadré infra) qui sert de point d’appui aux plateformes pour améliorer les pratiques professionnelles des équipes de revues qu’elles soutiennent. De même, le travail sur le référencement fait collaborer les milieux de l’édition, de l’informatique et de la documentation pour une meilleure compréhension des modalités d’accès à différents systèmes d’information6.

Des réseaux nationaux et internationaux en lien

Les membres de Repères souhaitent étendre ces principes de coopération en tissant des liens avec des réseaux7 connexes, en particulier Médici (réseau des métiers de l’édition scientifique publique) et Mir@bel. Ces trois réseaux collaborent déjà, notamment en contribuant au projet Mir@bel20228 qui vise à améliorer le référencement des revues françaises. En organisant des comités de pilotage communs, ils ont pour objectif de déterminer des axes stratégiques de mutualisation (entraide, vie des réseaux) et la conception de livrables (méthodes, outils, webinaires), dans le respect des périmètres de chacun.

Au-delà de la présence de la Belgique au sein du réseau depuis sa naissance, Repères s’investit petit à petit sur le plan international. Des partages d’expériences ont eu lieu avec Érudit et le Partenariat des bibliothèques du Québec. En soutenant le plan d’action pour l’accès ouvert diamant, Repères affirme aussi sa volonté de promouvoir ce modèle et de collaborer, à l’échelle européenne, aux initiatives en sa faveur, notamment dans le domaine de la formation.

Si le réseau est né d’un constat – le besoin de mutualiser les moyens au service des revues -, il s’est construit grâce à la volonté des personnes qui ont souhaité collaborer à ce projet. Consolidé par l’apport financier du Fonds national pour la science ouverte en 2020, Repères bénéficie désormais d’un coordinateur du réseau. En 2023, il disposera d’un site web qui centralisera les productions réalisées dans ce cadre. Sa structuration juridique reste aussi à mettre en œuvre pour que cette coopération se poursuive dans la durée. Gageons que son fonctionnement sera renforcé en tenant compte d’un périmètre désormais international, interdisciplinaire et interétablissement !

LE SPOC QUÉRO, UNE FORMATION POUR LES ÉQUIPES DE REVUES

À l’initiative de l’université Toulouse Jean Jaurès, le Spoc Quéro est une formation organisée en 7 modules. Elle est destinée à améliorer la qualité éditoriale des revues, dans un contexte de science ouverte et d’édition scientifique publique. Trois sessions nationales ont déjà eu lieu et ont permis la formation de 120 personnes. Deux sessions sont proposées chaque année.

Public visé : responsables et équipes de revues, presses universitaires, enseignant.e.s-chercheur.se.s et chercheur.se.s, doctorant.e.s, professionnel.le.s de l’édition, personnel d’appui aux revues.

https://callisto-formation.fr

 

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