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À Strasbourg, le service commun de la documentation de l’université de sciences humaines – Université Marc-Bloch depuis octobre 1998 – est une création récente puisqu’il vient de fêter son dixième anniversaire. Il présente de nombreux caractères originaux et atypiques, fruits des circonstances de sa naissance et de son processus de composition. En effet, le site documentaire strasbourgeois est l’un des plus important qui soit en France en sciences humaines, par la présence de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNUS), qui joue depuis longtemps le rôle de bibliothèque centrale. Toutefois l’université est également riche de nombreuses bibliothèques spécialisées d’instituts, héritage de la Kaiser Wilhelmuniversität, et qui ont été régulièrement augmentées par les chercheurs allemands et français, au gré des bouleversements de l’histoire. Ce sont ces bibliothèques d’instituts qui ont d’abord composé le substrat des collections du SCD qui les a intégrées, refondues et modernisées progressivement.

En 2003, le SCD offre environ 400 000 volumes et 2 719 périodiques en sciences humaines et sociales, pour la majeure partie en libre accès. Ses collections sont éclatées entre six structures, elles mêmes réparties sur deux campus, proches l’un de l’autre, au centre de la ville. À l’Esplanade – campus des années 60 – se trouvent la bibliothèque des sciences sociales, la bibliothèque du Portique – Philosophie, lettres anciennes et modernes, STAPS, musicologie –, la bibliothèque « 1er cycle U2/U3 », commune avec l’Université Robert-Schuman, et la dernière née, la bibliothèque des langues (anglais, allemand, langues méridionales) inaugurée au printemps 2002. Au Palais universitaire, ancien bâtiment collégial des Facultés de l’Université allemande, érigé dans les années 1880 dans un style inspiré d’un palais génois et doté d’un décor pompéien restauré pour partie il y a peu, les collections se répartissent entre la bibliothèque des arts – histoire de l’art et arts plastiques – et les bibliothèques d’histoire et d’archéologie – une bibliothèque centrale créée par le SCD et douze bibliothèques de recherche, intégrées mais non encore fusionnées. Cette dernière structure documentaire est en voie de réorganisation avec l’émergence de la MISHA, la Maison interuniversitaire des sciences de l’homme – Alsace. Cf ci-après.

La création de la maison des sciences de l’homme et la préparation de la fusion des bibliothèques d’histoire ont accéléré le processus de reprise des fichiers papier (hérités des ancienne bibliothèques refondues) que mène le SCD depuis quelques années, à côté du traitement des entrées courantes – 205 000 notices à l’heure actuelle dans notre base AB6. Le SCD a déposé un dossier pour la numérisation des fiches en papier auprès de la sous-direction des bibliothèques et de la documentation, en 1998. Il en a résulté un financement pour le traitement d’une première tranche de 40 000 notices en 2000. Cette opération a mis en évidence la richesse et l’originalité de nos collections en sciences humaines : sur l’ensemble du lot, 25 000 notices n’ont pas été retrouvées sur les bases sources par la société Pritec – essentiellement les collections allemandes. Ces notices ont été versées dans le Sudoc et ont contribué ainsi à l’enrichir de titres que ne possèdent pas les autres universités françaises en raison du passé particulier des universités strasbourgeoises. Deux tranches supplémentaires ont été financées les années suivantes par le Ministère pour 15 000 et 17 000 notices, avec un accent particulier mis sur les collections de sciences de l’Antiquité. Entre temps, le SCD de l’Université Marc-Bloch (UMB) a intégré le Système universitaire de documentation, le 20 janvier 2002, dans le cadre du groupe des premières bibliothèques « hors source ». Le versement initial n’a pas encore eu lieu mais les catalogueurs des structures travaillent régulièrement dans le Sudoc et sont en mesure d’en apprécier déjà certains avantages. Au terme d’une année, il est certes encore difficile de tirer un bilan mais les opérations de numérisation des fichiers ne seront pas renouvelées. Des tests sur quelques fonds spécialisés ont montré dans certains cas jusqu’ à 70 % de taux de « recouvrement » entre nos collections et celles présentes dans le Sudoc. Toutefois il est largement moindre pour certains fonds de recherche issus des collections allemandes.

Il est trop tôt pour apprécier tous les changements que cette intégration pourrait entraîner sur les pratiques et le travail quotidien des personnels des bibliothèques. Si l’on a gagné incontestablement du temps en catalogage, l’idée de centraliser en conséquence ce dernier, en un ou deux seuls endroits, se heurte à l’extrême dispersion de nos structures. De même, toute une réflexion est à mener autour de ce qu’il faut ou non traiter dans le Sudoc. Y signaler les fonds de recherche ou les fonds spécialisés nous paraît une évidence. En revanche, les manuels et ouvrages généraux y sont souvent déjà présents et il n’est donc pas nécessaire d’en rajouter. Il en va de même pour les simples rééditions sans additions ou corrections. Le SCD de l’UMB ne possède d’ailleurs pas de service de prêt entre bibliothèques, cette fonction étant assurée par la BNUS.

Enfin, l’existence de la MISHA n’est pas sans soulever des questions au sujet du traitement de la documentation concernée, laquelle relève de trois universités différentes et de deux SIGB. Un cas d’école inédit !

References

Bibliographical reference

Vincent Chappuis, « Réseaux en Alsace », Arabesques, 30 | 2003, 7.

Electronic reference

Vincent Chappuis, « Réseaux en Alsace », Arabesques [Online], 30 | 2003, Online since 21 novembre 2023, connection on 04 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3788

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Vincent Chappuis

Directeur par intérim du service commun de la documentation de l'université Strasbourg 2 - Marc Bloch

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