En 2018, la rubrique « Pleins Feux » d’Arabesques présentait La Ruche du SCD de l’université de Poitiers, un espace de travail collaboratif et numérique. Six ans et demi plus tard, le concept de la Ruche s’est déployé sur la totalité du bâtiment abritant la section lettres et sciences humaines et le service des collections remarquables.
Les gradins de la Ruche
© Crédit photo Université de Poitiers
Aujourd’hui, la Ruche propose 4068 m2 d’espaces accessibles au public, près de 1000 places assises, 34 salles de travail en groupe et deux Numérilabs dans une conception résolument tournée vers les besoins des usagers.
Plus qu’une BU : un lieu de vie
Imaginée comme un lieu multiforme et multiservice, la Ruche a été conçue dans une logique d’espaces au service des publics : le hall d’entrée s’ouvre sur un immense gradin desservant deux salles de lecture situées aux 1er et 2e étages, une cafétéria et trois terrasses. Ce gradin est un véritable lieu de vie où les pratiques diverses se croisent : certains étudiants y travaillent connectés au réseau Wifi, d’autres s’y donnent rendez-vous, font leurs pauses, mangent, discutent, se reposent. Au rez-de-chaussée, avant d’entrer dans les salles de lecture situées de part et d’autre du hall, des canapés invitent à la détente, le point presse et les distributeurs à quelques pas, et l’espace expositions permet de découvrir des collections ou des expositions proposées par le SCD ou l’Université. Des fauteuils et canapés viennent également compléter l’aménagement des salles de lecture. Ces mobiliers rythment les espaces et favorisent l’appropriation des lieux : les étudiants n’hésitent pas à y dormir ou travailler en chaussettes après avoir laissé leur déjeuner dans un casier vitré fermant à clé.
Les équipements numériques des étudiants étant aujourd’hui importants (PC, smartphones, tablettes, batteries externes, casques sans fil, etc..), le bâtiment a été équipé de 1 579 prises de courant hors prises de courant sur les tables des différentes salles de lecture.
Ce bâtiment, porté par l’université (dévolution du patrimoine depuis 2012, est équipé de 570 m2 de capteurs photovoltaïques (118,8 kWc) installés sur une partie de la toiture. La température y est maîtrisée, offrant un confort thermique malgré de grands espaces vitrés et une verrière surplombant deux salles de lecture : l’ensemble du bâtiment a été isolé par l’extérieur, toutes les menuiseries ont été changées. L’ensemble des espaces est équipé d’installations de ventilation mécanique double flux avec récupération de chaleur permettant d’assurer un renouvellement de l’air ambiant tout en maîtrisant les consommations énergétiques.
Afin de rappeler la valeur patrimoniale forte de ce bâtiment conçu par Jean Monge (équerre d’argent en 1973), un travail de mise en valeur des structures de façade en nid d’abeille a été réalisé : restauration de la couleur jaune d’origine et mise en place de rubans leds derrière les nids d’abeille. Ces leds permettent d’éclairer les deux façades emblématiques du bâtiment. Le choix de couleur de lumière étant possible, l’éclairage de mise en valeur inscrit le bâtiment dans les évènements nationaux tel Octobre Rose.
Espace cafétéria et terrasse
© Crédit photo Université de Poitiers
Espaces et outils au service des apprentissages
Chaque salle est équipée de collections en libre accès, de salles de travail en groupe réservables en ligne, d’assises individuelles et collectives et de divers types de mobilier répondant aux différentes postures de travail. Des écrans de partages de contenus sont disponibles dans les salles de travail en groupe et de nombreux matériels numériques et audiovisuels, comme des tablettes et des appareils photo numériques, sont empruntables par les usagers.
De plus, la Ruche accueille deux Numérilabs, une nouvelle génération d’espaces numériques développés au sein de l’université de Poitiers grâce à un financement dans le cadre d’un programme d’investissement d’avenir. Conçus pour accompagner les évolutions pédagogiques et favoriser l’appropriation des compétences numériques, ces lieux offrent aux étudiants et enseignants des outils technologiques de pointe dans des environnements modulables et connectés. Les deux premiers Numérilabs aménagés au sein de La Ruche, offrent chacun une réponse spécifique à des besoins émergents.
Le premier, dédié à la création de contenus audiovisuels, mise sur la simplicité d’usage grâce à un dispositif permettant d’enregistrer facilement des vidéos de qualité, qu’il s’agisse de capsules pédagogiques, de présentations ou d’entretiens filmés. Étudiants, enseignants et conseillers pédagogiques se sont déjà largement approprié cet espace, qui fait également l’objet de formations pour une prise en main autonome du matériel (caméra 4K, micros professionnels, fond vert, etc.).
Le second espace doté de six écrans — dont deux grands pour la visioconférence — permet à plusieurs utilisateurs de partager simultanément leurs contenus, avec ou sans fil permettant les échanges en petit groupe, les réunions hybrides ou les ateliers de formation aux compétences transversales. L’objectif est d’encourager les pratiques actives et d’accompagner la réussite étudiante.
Modulables, ergonomiques et connectés, ces deux Numérilabs s’inscrivent totalement dans le concept développé au sein de la Ruche et des BU du SCD : repenser les lieux pour les adapter aux nouveaux usages, à la croisée du numérique, du documentaire et du pédagogique.
Cette mixité d’usages et d’ambiances participe à l’attrait que les usagers éprouvent pour cette BU. Depuis sa réouverture, la Ruche accueille des étudiants de toutes les disciplines de 8h30 à 22h en période universitaire ainsi que les samedis. Elle met à l’honneur les collections en donnant à voir par transparence l’intérieur des magasins et notamment celui du Service des collections remarquables.
Collections remarquables
Abritant un ensemble pluridisciplinaire constitué de 40 000 imprimés anciens (XVe-XXe siècle), de 200 manuscrits (XIIIe-XXe siècle), d’une quinzaine de fonds d’archives (XIVe-XXIe siècle) et de documents graphiques, soit environ 2,3 km linéaires, le magasin du Service des collections remarquables, vitré sur deux de ses côtés, se donne à voir depuis l’espace d’expositions et de détente du rez-de-chaussée de la Ruche. Dans cet espace de conservation, les conditions climatiques, régulées par une centrale de traitement d’air (CTA) double flux, sont stables : elles sont identiques à celles des lieux d’accueil du public du service (équipés également de CTA double flux). De plus, l’air y est constamment renouvelé, filtré et brassé, et les entrées lumineuses y sont réduites. Enfin, y sont régulièrement dépoussiérés les sols, comme les étagères ; les collections, quant à elles, sont traitées dans une salle réservée à l’entretien des documents patrimoniaux.
Située tout près du magasin, la salle de lecture dédiée au patrimoine (consultation surveillée) accueille des étudiants et des enseignants-chercheurs, ainsi que le grand public, venant de Poitiers et de sa région, de France ou d’ailleurs. Dans cet espace, sont mis à la disposition des lecteurs, en quelques minutes, les documents patrimoniaux qu’ils ont repérés dans le Sudoc, dans Calames, dans l’outil de découverte de la bibliothèque (Odébu+1) ou encore sur les inventaires mis en ligne sur le site des BU2. 3400 ouvrages de référence sont également accessibles en libre accès pour aider le public dans ses recherches. Deux dispositifs de numérisation, placés dans un local aveugle donnant sur la salle de lecture, permettent de réaliser rapidement les reproductions demandées par les lecteurs.
Juste à côté de la salle de lecture, la « salle de présentation », équipée d’un système de visioconférence, permet de recevoir des groupes d’élèves et d’étudiants (du CP au doctorat) dans le cadre de leurs études. Cette salle sert aussi pour des actions de valorisation, ouvertes à tous, notamment les Heures du patrimoine, qui sont des séances de présentation à deux voix (un chercheur et un bibliothécaire) permettant au public de découvrir et de manipuler un petit corpus thématique de documents patrimoniaux.
Une vie culturelle riche et variée
Dès la réouverture de la Ruche, l’équipe a souhaité animer le lieu par des actions culturelles valorisant l’espace et créant du lien avec les usagers. La médiation littéraire et artistique s’y est développée : prix du roman étudiant, ateliers d’écriture et de lecture à voix haute, participation aux Nuits de la lecture, concours de nouvelles, etc.
Convoité pour ses espaces et son potentiel de fréquentation, les acteurs de la vie culturelle, scientifique et partenariale de l’université se sont rapidement emparés du lieu. Une programmation riche d’événements très divers s’est installée, en articulation avec d’autres services comme la Maison des Etudiants, le Service des relations internationales, la Direction de la recherche et des laboratoires, des enseignants et des étudiants, la Fondation, l’alliance européenne EC2U : expositions, conférences, concerts, émission de radio publique, déambulations dansées, rencontres, speed searching, actions de sensibilisation, projection de film ont investi les lieux, y compris les salles de lecture.
Le succès de ces manifestations tient à l’attractivité du lieu, à son équipement audiovisuel performant, à la visibilité des événements dans un lieu de très forte fréquentation étudiante, mais aussi à la mobilisation importante des personnels, y compris pour la partie logistique, l’enjeu étant de mettre en lumière un événement tout en permettant à la bibliothèque et aux usagers qui le souhaitent de poursuivre leurs activités habituelles.
La Ruche est aujourd’hui perçue comme le lieu idéal pour intervenir auprès des étudiants. Les acteurs de la vie de campus y mènent régulièrement des actions notamment via les étudiants relais santé.
Vivre ensemble à la Ruche
La Ruche est bien un espace de travail et de vie où cohabitent des populations et des usages très divers. Le constat après bientôt deux ans d’ouverture est très positif : les espaces ont été conçus et délimités pour permettre une cohabitation entre travail et détente, concentration et récréation, bruit et silence, et le succès est au rendez-vous : 227 000 entrées pour l’année 2024, 535 personnes en simultané le samedi et jusqu’à 460 en nocturnes.





