La description archivistique est restée jusqu’à présent largement marquée par des compromis entre une approche textuelle et documentaire, induite par la prégnance de l’instrument de recherche dans les modes de signalement, et une orientation progressive vers les données. La version 3 du format EAD1 ne dément pas ce constat : la révision du standard hésite en effet à sortir de la logique de l’encodage de textes, en l’absence du vocabulaire et des outils nécessaires à la mise en relation d’entités restant parfois à consolider.
« Records in context » (Ric) est la première réponse d’ensemble, émanant du monde des archives, aux besoins d’interopérabilité et d’ouverture qui caractérisent le web de données. En 2012, devant la nécessité de mieux articuler les quatre normes de description archivistique (consacrées aux fonds, contextes, fonctions et institutions de conservation), face aussi au manque d’une prise en compte globale de tous les types d’archives (électroniques, ou intermédiaires dans le cadre du records management), l’Ica2 a chargé son Groupe d’experts sur la description archivistique3 de créer un modèle conceptuel global (Ric-CM) et de développer une ontologie de domaine (Ric‑O) pour exprimer cette modélisation et la rendre exploitable par les machines. Les premières versions en seront présentées à l’occasion du congrès de l’Ica à Séoul4 en septembre 2016.
Ric partage des concepts avec les autres modèles du triolet LAM5 (FRBR6 et Cidoc CRM7), tout en introduisant des entités spécifiques (notamment trois types hiérarchisés de « documents » d’archives : RecordSet, Record et RecordComponent). Au-delà de la singularisation des producteurs que le schéma EAC-CPF (2010)8 a permis d’établir sous la forme de véritables notices d’autorité archivistiques, des perspectives complémentaires à l’approche par provenances seront offertes, notamment à travers les fonctions et mandats des entités productrices d’archives. Les travaux de l’Egad s’inscrivent dans la continuité des grands principes archivistiques (provenance, respect des fonds) et ne visent pas à substituer Ric aux normes et standards déjà en place, mais plutôt à offrir à ces derniers un nouveau cadre général pour faciliter leur évolution.
A l’instar des standards XML tels qu’EAD, qui évoluent en tension entre des fonctions d’échange et de catalogage, Ric pose la question de ses impacts, directs ou non, sur les processus de production de données. Il devra offrir les moyens d’une logique moins monolithique ou binaire dans la description archivistique, et constituer le socle d’un réagencement en archipel de composantes plus différenciées.
Phot. FredR (CC-BY NC ND 2.0)