Plus de 20 ans après sa première informatisation, en 2001, l’Abes a inscrit le renouvellement de son système de gestion des données au cœur de son projet d’établissement 2024-2028. Explications.
Au cours de l’année 2023, l’Abes a préparé son projet d’établissement1 pour la période 2024-2028. Ce projet a pour « colonne vertébrale » le renouvellement du système de gestion de métadonnées (SGM) de l’Abes. Cet article balaye succinctement trois questions autour du « cœur technique » du projet d’établissement : pourquoi l’Abes doit-elle se réinformatiser ? Quelle est sa démarche ? Quels sont les grands principes du futur SGM de l’Abes et de ses réseaux ?
Pourquoi se réinformatiser ?
De manière générale, une démarche de réinformatisation peut répondre à de multiples motifs : obsolescence (subie ou choisie), disparition de la maintenance, contraintes juridiques parfois rigides, et aussi inadéquation croissante face à l’émergence de nouveaux besoins. Le rythme classique observé en bibliothèque est de 8 à 15 ans environ.
À la différence notoire d’une bibliothèque, l’informatisation originelle de l’Abes a été consubstantielle à sa naissance, avec l’ouverture du Sudoc en 2001. C’est principalement pour deux raisons que la refonte de ce socle est envisagée d’ici à 2027 :
- l’obsolescence logicielle du cœur de système (CBS, PSI et WinIBW), doublée d’une dette technique qui affecte également la galaxie des applications satellites que l’Abes a elle-même développées tout au long de ces années, contribuant à en faire un ensemble complexe, hétérogène, lourd à gérer et plus encore à faire évoluer ;
- les priorités fonctionnelles ont beaucoup évolué en deux décennies, en particulier avec le poids grandissant de la documentation électronique et des besoins de signalement et de gestion qui lui sont associés.
Démarche et périmètre de la réinformatisation
Tout au long de l’année 2023, une équipe Scrum composée de 10 agents issus des 3 départements de l’Abes a été mise en place pour travailler de manière itérative sur l’analyse des produits et services de l’Abes, le recueil des besoins utilisateurs, des propositions de services, la rédaction et la mise en consultation publique du document de projet.
Le projet d’établissement 2018-2022 avait porté parmi ses axes la refondation d’un Système de gestion de métadonnées. À la lumière des freins alors identifiés, il a paru essentiel de clarifier les fondements techniques de la future réinformatisation en portant le choix entre deux approches :
- approche « décentralisée » : commencer par le remplacement des applications cœur du Sudoc, en s’intéressant davantage aux données à gérer et aux services à leur associer. Dans cette approche, le futur système devrait forcément être associé à de nombreuses applications satellites pour fournir la plupart des services aux réseaux de l’Abes ;
- approche « centralisée » : installer un nouveau cœur de système maximisant le nombre de services aux réseaux nativement intégrés.
En novembre 2023, c’est finalement cette dernière approche que le conseil d’administration de l’Abes a souhaité privilégier.
C’est dès le début de 2024 que peuvent ainsi être lancées les premières phrases du chantier qui va structurer la vie de l’Abes pour les prochaines années : expression des besoins et sourçage auprès d’un panel de prestataires, appel d’offre à l’automne 2024, mise en test début 2026, et première mise en production escomptée début 2027…
Les cinq grands principes du futur SGM
Le projet 2024-2028 de l’Abes énonce les grands principes devant guider la réinformatisation, en prenant en compte, d’une part, les besoins des réseaux de l’Abes et, d’autre part, l’état actuel du système d’information de l’Abes et l’état de l’art du moment.
Principe N°1 : recours au marché des fournitures et prestations logicielles
Excluant l’option de développements internes, le prochain système reposera sur une des solutions du marché couvrant un maximum des fonctionnalités liées aux missions de l’Abes.
Principe N°2 : souhait d’une stratégie open source
L’open source fait aujourd’hui partie intégrante de la politique informatique de l’État et de l’Abes qui ouvre depuis 2019 tous les codes source qu’elle produit. L’Abes souhaiterait que son futur système soit open source, mais n’en fait pas un prérequis. Une attention particulière serait alors portée à la participation à la communauté et à l’alignement avec sa feuille de route, en se prémunissant de tout risque de « fork » (fourche logicielle).
Principe N°3 : souveraineté sur les données
En complément d’une politique des données dont les dimensions qualitatives et juridiques seront essentielles, le système de demain fera la part belle aux API pour que l’Abes et ses réseaux puissent garder la main sur les manipulations de données et faciliter et standardiser des flux massifs et automatisés avec les tiers.
Principe N°4 : convergence de la documentation imprimée et électronique
Le prochain système devra unifier les deux univers qui sont aujourd’hui dispersés dans plusieurs applications satellites de l’Abes. Un objectif sera de faciliter l’intégration et l’interopérabilité des données et leur exploitation dans les systèmes des établissements.
Principe N°5 : perspective de passer à un modèle entités - relations
Ce principe vise à inscrire le futur système dans une logique de réutilisation et d’évolutivité des données, en visant notamment une compatibilité avec le modèle IFLA-LRM.
Cet ensemble de cadrages techniques, en confirmant des engagements antérieurs, vise à fournir les bases nécessaires à la mise en cohérence profonde d’une architecture presque tout entière dédiée aux métiers et services documentaires. Le nouveau système permettra de fournir, dans un temps désormais rapproché, des points d’appui aux objectifs fonctionnels majeurs énoncés dans le Projet d’établissement : s’adresser à des réseaux d’utilisateurs élargis et se diversifiant, tout en fournissant à l’ESR un panel de solutions d’exploitations pour des métadonnées massifiées.