Former, informer, consigner sont trois des maîtres verbes qui ont permis aux réseaux documentaires animés par l’Abes de se développer et s’adapter. Pour nourrir la dynamique de ses réseaux, l’Agence, dès la fin des années 2000, a constitué progressivement un dispositif d’ingénierie pédagogique complet, équilibré et évolutif, allant du présentiel jusqu’au distanciel asynchrone  :

• noyau originel, les formations initiales aux outils de production de données, généralement organisées en présentiel (à l’exception des webinaires STEP) et dont une majorité est assurée en-dehors des murs de l’Abes 
• des sessions de formation continue, notamment les « J-e.cours » mis en place en 2012, ainsi que les interactifs « Rendez-vous avec les experts » instaurés en 2019, qui jouent un rôle de premier plan dans la mise à jour des compétences numériques, en continuelle évolution, des contributeurs et partenaires des réseaux de l’Abes 
• des ressources pédagogiques en ligne, proposées à des fins de préparation de sessions synchrones et surtout d’autoformation, réunies à partir de 2009 sur la plateforme moodle.abes, et dorénavant sur Callisto-formation1
• des ressources documentaires en ligne, parmi lesquelles on distingue, d’une part le Guide méthodologique Sudoc (référence incontournable des catalogueurs une fois formés2) et ses ramifications, et d’autre part plus de 120 manuels utilisateurs publiés à l’aide de la chaîne éditoriale libre Scenari (qui a succédé en 2016 à l’usage du langage DocBook). Ces manuels sont regroupés en 10 portails destinés aux utilisateurs des applications et services de l’Abes, structurés et habillés de manière uniforme

Ce large éventail a une histoire, son foisonnement documentaire reflétant la diversification des missions, et surtout des outils proposés par l’Abes depuis la fin des années 2010. Il s’appuie sur une pluralité de maillons logistiques dont nous ne détaillerons pas l’intégralité. En plus de Moodle et Scenari, clés de notre voûte distancielle, il faudrait citer Webex pour la programmation des webinaires, l’outil maison Bifor et son formulaire public pour les inscriptions aux formations présentielles, Vimeo pour la diffusion de vidéos…

Fruit d’un travail collectif de longue haleine et de contributions quotidiennes minutieuses et discrètes, véritable commun professionnel qui donne corps et sens aux conventionnements d’adhésion aux services de l’agence, ce dispositif pédagogique est aussi traversé de belles réussites, dont nous mettrons en lumière deux exemples : les formations-relais et les J-e.cours.

 

Crédit photo Adobe Stock - vectorizer88 , généré à l’aide de l’IA

La formation, une activité d’essaimage structurante

La mise en production du Sudoc et des outils professionnels correspondants s’est assortie d’un effort spécifique et massif de sensibilisations et de formations initiales lors des différentes vagues de déploiement, réparti en 2000-2002 entre agents de l’Abes, CRFCB et recrues externes temporaires. A partir de 2001, un service de l’Abes est explicitement consacré au déploiement de nouveaux établissements intégrant le réseau (incluant la formation de leurs correspondants et catalogueurs). En 2007, un Pôle dédié à la formation et à la documentation lui fait suite, devenu l’un des deux noyaux de l’actuel Service Accompagnement des réseaux ; depuis lors, la fonction pédagogique représente à l’Abes un contingent relativement stable d’environ 4 ETP.

Au-delà de ces forces internes, la logique collaborative qui a présidé aux phases préparatoires du Sudoc (travail rapproché avec des établissements-pilotes) s’est traduite et prolongée dans le domaine de l’accompagnement, avec le recrutement en 2004 des premiers « formateurs-relais Sudoc » missionnés pour apprendre à cataloguer dans le contexte du réseau Sudoc et avec le logiciel WinIBW. Cette déconcentration3 de la formation initiale, qui a fait florès et se poursuit plus que jamais vingt ans plus tard, implique tout à la fois l’engagement d’un agent et de l’organisme déployé auquel il appartient – ce dernier mettant à disposition une infrastructure d’accueil équipée pour recevoir des stagiaires.

En 2012, ce modèle a été étendu au réseau Calames, qui dispose depuis lors de trois formateurs-relais ; deux ans plus tard est introduite la possibilité de demander une formation « délocalisée » (Sudoc, Calames ou STAR), c’est-à-dire dans son propre établissement, moyennant une cohorte d’une taille suffisante. L’équipe des formateurs-relais, en plus de sa contiguïté avec d’autres équipes nationales de formateurs (TB, Rameau), incarne assurément l’un des exemples les plus aboutis de cette continuité « organique » entre l’Abes et les parties prenantes (à la fois individuelles et institutionnelles) de ses réseaux. On ne pourra que se réjouir du soin particulier qui a été pris à entretenir et renouveler cette dynamique au fil des ans.

L’apport du distanciel pour une culture professionnelle commune

En 2012, en écho au besoin d’un lien pédagogique et d’expertise plus régulier exprimé par divers canaux, le pôle Formation de l’Abes met sur pied un rendez-vous en ligne : organisés les jeudis matin, les « J.e-cours » constituent un véritable programme de formation continue à destination des professionnels des réseaux4.

En douze années, ont ainsi été proposés près de 150 « J.e-cours », soit près de 7 000 inscriptions, constituant autant de points de consolidation d’une culture professionnelle commune et de qualité, vitale pour une entreprise humaine d’une telle échelle : rappelons ici qu’environ 3 000 personnes sont abonnées aux 12 listes de diffusion principales des réseaux de l’Abes, et qu’environ 900 personnes ont une ou plusieurs fonctions de correspondants.

Les enregistrements des sessions J-e.cours, ainsi que les supports accompagnant chaque séance, constituent jusqu’à présent l’essentiel des ressources déposées sur la plateforme d’autoformation moodle.abes – pointant ainsi l’un des futurs axes de développement de la politique d’accompagnement de l’agence, à savoir le balisage et la construction de parcours pédagogiques en ligne à la fois plus homogènes et personnalisables.

L’amélioration continue du dispositif suppose de concevoir et d’insérer l’offre de l’Abes dans un paysage partenarial, a fortiori lorsqu’on considère que l’Abes n’est pas un organisme de formation5. Une coordination tend ainsi, de manière croissante et encore perfectible, à s’opérer avec les principaux acteurs de la formation professionnelle dans le domaine des bibliothèques et de l’Information Scientifique et Technique : prioritairement avec les CRFCB (opérateurs principaux des formations aux bases de catalogage requises avant usage de la majorité des outils de l’Abes), mais aussi avec l’Enssib, l’Ecole des Chartes et le réseau des URFIST.

De même, dès l’origine du programme Transition bibliographique, l’Abes a participé aux travaux du groupe de travail « Formation », concourant depuis une décennie à un important processus d’acculturation aux trajectoires d’évolution des règles de catalogage, des systèmes d’information documentaire et de leurs données.

C’est également en direction d’une meilleure insertion dans les réseaux nationaux de formation à l’IST, et en vue de participer à la construction d’une culture pédagogique partagée qu’a été actée, en 2024, la migration des contenus d’autoformation de l’Abes vers la plateforme de ressources éducatives libres Callisto.

Des perspectives à inventer

Dans le cadre du Projet d’établissement 2024-2028 de l’Abes6, de forts enjeux entourent la formation et la documentation, depuis le renouvellement des dispositifs d’assistance jusqu’à l’articulation à des programmes nationaux de formations, qui pourront s’appuyer sur la culture de l’engagement existante. Surtout, dans le cadre du futur Système de gestion de métadonnées à l’horizon 2027, l’arrivée de nouveaux services et de nouvelles approches pour les rendre vont impliquer une adaptation de l’actuel contrat régissant les réseaux.

L’objectif d’autonomisation des professionnels des réseaux dans leur gestion des données et des flux de données (écho à la diversification des situations et des objectifs parmi les établissements de l’ESR), l’identification et le développement d’une communauté technique parmi ces interlocuteurs (dont la création d’un dialogue avec les clubs utilisateurs de SGB, depuis 2023, est un jalon important), ne sont pas des codicilles de la réinformatisation à venir, mais bien certaines des conditions humaines et relationnelles indispensables à sa réussite.

Callisto-formation : l’Abes rejoint le portail pédagogique national de l’IST

Consciente de son rôle, sectoriel mais essentiel, dans la construction et la vitalité de plusieurs pans de culture professionnelle touchant aux systèmes d’information et aux données, l’Abes s’est proposée d’intégrer courant 2024 le dispositif Callisto, ce que son Conseil d’administration a validé.

Point de continuité majeur, ce choix de migration maintient les ressources d’autoformation de l’Abes dans un même giron logiciel, puisque la plateforme moodle.abes, mise en place dès 2009, reposait déjà sur le LMS Moodle, logiciel libre et open source bénéficiant d’une communauté dynamique, désormais prédominant dans le monde de l’e-learning des établissements d’ESR francophones.

Activement soutenu par le MESR depuis sa création en 2021, Callisto réunit depuis lors trois partenaires autour de la formation à l’information scientifique et technique, à la science ouverte, à la documentation et aux métiers des bibliothèques : l’ADCRFCB, l’ARU (Urfist), et l’Inist-CNRS.

Les objectifs de l’intégration de l’Abes au dispositif Callisto sont de :

• sécuriser l’offre de formation à distance de l’Abes dans un cadre d’ingénierie pédagogique élargi 
• contribuer à la constitution d’un creuset pédagogique commun à l’IST en France, et favoriser la co-construction, avec les partenaires actuels et à venir, de parcours de formation articulables, communs, plus personnalisables.

Consulter l’espace dédié aux formations de l’Abes :

https://callisto-formation.fr