Réseaux sociaux de la recherche et open access : les perceptions des chercheurs

DOI : 10.35562/arabesques.801

p. 8-9

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Au printemps 2014, une étude a été menée par le consortium Couperin auprès des chercheurs pour connaître leur perception de l’ open access et des réseaux sociaux de la recherche. Aperçu des résultats.

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Mary Crandall / Flickr (CC BY-SA-NC 2.0)

1 698 chercheurs assez représentatifs en termes de genre, âge et répartition disciplinaire1 ont répondu au questionnaire, démontrant l’intérêt que suscite cette thématique dans le monde académique français.

Des outils au potentiel mal maîtrisé

Les réseaux sociaux de la recherche sont des outils largement connus et utilisés par les chercheurs ayant répondu à l’enquête : 60 % des répondants les connaissent et 42 % les utilisent. ResearchGate (65 %) et Academia.edu (24 %) sont les plus fréquemment cités. Ils sont avant tout utilisés pour développer la diffusion et le partage d’informations et accroître la visibilité du chercheur. Ils constituent l’un des multiples moyens d’échanges destinés à faciliter la communication entre eux.

Toutefois, ces réseaux apparaissent comme des outils à potentiel important mais encore mal maîtrisé. Certains chercheurs formulent des doutes sur la fiabilité des informations qu’ils diffusent, mentionnent le manque de fonctionnalités qu’ils proposent, l’insuffisante clarté de leur politique d’usage des données et déplorent l’éparpillement des informations qu’ils contiennent. Ces réseaux sont également perçus comme présentant des risques de captation des données en raison de leur caractère privé et sont parfois perçus comme complexes et chronophages.

Le dépôt en libre accès à encourager

70 % des répondants connaissent l’open access. Alors que 41 % déposent leurs publications dans des archives ouvertes, en grande majorité sur Hal et ses collections satellites (Hal-SHS, Tel…), 10 % optent pour des archives institutionnelles. Les raisons pour lesquelles les chercheurs ne déposent pas donnent une idée des obstacles freinant la progression de l’open access. Au premier rang de ceux-ci, la méconnaissance du monde du libre accès, puis le manque de temps, un déficit d’information sur les possibilités d’auto-archivage permises par les éditeurs, les stratégies de publications qui font privilégier la parution dans des revues prises en compte pour l’évaluation des carrières, les habitudes de publication (chercher une revue en open access pour publier n’est pas un réflexe) et l’ergonomie des archives, parfois jugée insuffisamment intuitive.

La soumission dans des revues en open access est pratiquée par une faible marge des répondants (11 %) et semble étroitement dépendante de la communauté d’appartenance. Ainsi en sciences de la vie, les dépôts se font de façon privilégiée dans des revues de ce type en raison de l’importance de l’évaluation par les pairs.

De nombreux commentaires laissés par les chercheurs expriment leur souhait de voir encourager l’open access au niveau national et européen par diverses voies : une très forte incitation (voire obligation) à déposer en libre accès les publications financées sur fonds publics, une révision des critères d’évaluation des carrières pour prendre en compte la publication en libre accès, l’encouragement à l’auto-archivage et le développement de l’édition en libre accès.

Des perceptions différentes selon les disciplines

De façon générale, les archives ouvertes sont perçues très favorablement pour assurer la protection, la pérennité des publications et les diffuser efficacement. Mais cette vision n’est pas partagée de façon unanime par toutes les communautés académiques. Un regard disciplinaire permet d’esquisser différents profils.

Ainsi en mathématiques et informatique, les chercheurs possèdent une bonne connaissance des réseaux sociaux de la recherche, mais les utilisent peu et privilégient les archives ouvertes pour la diffusion de leurs travaux (61 %). Les sciences de la matière s’impliquent également beaucoup dans les archives ouvertes.

A contrario, les sciences humaines et sociales (hors droit économie gestion) connaissent et utilisent fréquemment les réseaux sociaux de la recherche, qu’ils estiment plus visibles que les archives ouvertes pour faire connaître leurs travaux. Les sciences de la vie et les sciences de l’ingénieur présentent un profil de même type.

Les disciplines droit économie gestion et arts langues et lettres accordent en revanche la majorité de leurs suffrages aux réseaux sociaux de recherche pour la visibilité de leurs travaux et pour la protection et la pérennité de leurs données, ce qui surprend car cette enquête montre qu’ils ne connaissent globalement pas les politiques d’utilisation des données de ces réseaux…

Les réponses et commentaires des chercheurs laissent transparaître que ni les dépôts d’archives ouvertes ni les réseaux sociaux de la recherche ne leur semblent satisfaisants à eux seuls. Ils dessinent en creux les contours d’un outil dédié à l’open science, couvrant l’ensemble du processus de publication, du dépôt en passant par l’évaluation par les pairs pour aboutir à la mise en ligne, mais offrant également des services complémentaires afin de créer un environnement spécifique dans lequel le chercheur trouverait tout ce qui lui permettrait de conduire ses recherches dans les meilleures conditions.

Pour en savoir plus

L’étude exploratoire ainsi que les données brutes de l’enquête peuvent être téléchargées à l’adresse : www.couperin.org/groupes-de-travail-et-projets-deap/open-access/286-open-access/1214-reseaux-sociaux-de-la-recherche-et-open-access

1 Des regroupements disciplinaires ont été effectués afin de faciliter l’analyse. S. Vignier, M. Joly, C. Okret-Manville, Réseaux sociaux de la

Notes

1 Des regroupements disciplinaires ont été effectués afin de faciliter l’analyse. S. Vignier, M. Joly, C. Okret-Manville, Réseaux sociaux de la recherche et Open Access. Perception des chercheurs. Étude exploratoire, nov. 2014, p. 11.

Illustrations

Mary Crandall / Flickr (CC BY-SA-NC 2.0)

Citer cet article

Référence papier

Christine Okret-Manville, « Réseaux sociaux de la recherche et open access : les perceptions des chercheurs », Arabesques, 79 | 2015, 8-9.

Référence électronique

Christine Okret-Manville, « Réseaux sociaux de la recherche et open access : les perceptions des chercheurs », Arabesques [En ligne], 79 | 2015, mis en ligne le 07 août 2019, consulté le 16 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=801

Auteur

Christine Okret-Manville

Directrice adjointe, SCD Université Paris-Dauphine

christine.okret-manville@dauphine.fr

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