L’Abes, d’hier à aujourd’hui

DOI : 10.35562/arabesques.870

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Plan

Texte

La bibliothèque universitaire de l’université de Nice Sophia Antipolis (UNS) a fait partie des premiers sites pilotes pour le système universitaire (SU). Point de vue sur les évolutions de l’Abes par Louis Klee, son directeur de 1990 à 2014.

Depuis sa création en 1965, la bibliothèque de l’UNS entretient un lien fort avec l’informatique documentaire1. L’équipe formée par Michel Meinardi, ingénieur de recherche en informatique et titulaire d’un CAFB, et Alban Daumas, conservateur-directeur, a permis de lancer Agape, télécatalogage de périodiques, la recherche documentaire informatisée (RDI), la base de données de biologie marine Medifaune, le catalogage partagé dans OCLC, le guide du lecteur sur Minitel et le SIGB Geac Advance. L’avantage de maîtriser l’informatique nous a permis de développer une culture de services à l’usager. Nous fûmes donc tout naturellement candidats en 1998 pour être site pilote SU. De ce poste d’observation, nous avons pu apprécier le chemin parcouru par l’Abes. Cette collaboration se poursuivit quand nous fûmes largement impliqués dans la gestion de Couperin : Geneviève Gourdet, présidente de l’UNS était aussi présidente des conseils d’administration du consortium et de l’Abes, Michel Roland, responsable Études et prospective et moi-même, responsable du bureau professionnel. Nous fûmes compagnons de route dans ce chemin quasi darwinien, qui illustre les compétences de l’Agence et les capacités d’adaptation des membres de son réseau à l’évolution numérique et au village planétaire. Initialement programmée pour unifier le signalement des documents, l’Abes est devenue un opérateur de référence pour l’accès aux documents, dont les thèses, pour l’achat et la gestion de ressources en ligne et le support de la Bibliothèque scientifique numérique (BSN), structure nationale de coordination pour l’accès à l’information scientifique et technique (IST).

Alors que dire de plus ? L’essentiel à mon sens. Par-delà ses compétences techniques, l’Agence a mis l’accent sur l’importance matricielle du management collaboratif et en réseau des ressources humaines, qui sont de fait les prérequis de la portabilité de ses réussites techniques. À charge pour les bibliothèques de les transformer en services à leurs usagers. Deux exemples.

La formation continue

Les débuts du SU furent laborieux si on se rappelle la picrocholine guerre des réseaux Sibil, BN-Opale et OCLC et l’Abes a su développer des méthodes de travail collaboratif qui ont apaisé, mais aussi professionnalisé les équipes de catalogage. Les modalités multiples de formation continue, par elle instaurées, ont contribué à la prise de conscience par le monde des bibliothèques de la force que représente le travail en réseau et le réseau lui-même. Cette démarche a en plus l’avantage d’un cercle vertueux car elle n’est payante que si elle est toujours recommencée. La réussite est vraiment éclatante au regard de 10 millions de notices du Sudoc.

Le management des situations complexes

Le Sudoc et l’accord avec OCLC pour le signalement dans Worldcat, le signalement et l’archivage pérenne des thèses, le développement des groupements de commandes pour soutenir l’action de Couperin, le portage de BSN, le soutien à Istex, le projet Système de gestion de bibliothèque mutualisé (SGBM) et les Journées Abes (Jabes) sont autant de réalisations qui intègrent encore plus les bibliothèques membres du réseau dans le milieu académique qu’elles doivent desservir et qu’on leur reproche, parfois injustement, d’ignorer ou d’en être ignorées. Les deux projets d’établissement 2008-2011 et 2012-2015 sont les supports structurants de cette marche en avant.

What else ?

Vous trouvez sans doute que nous sommes trop laudatifs. L’activité de l’Abes connaît des zones grises. L’évaluation de l’Aeres en 2012 en fait un point précis2. Pour ma part, l’abandon de SuPeb au profit de Refdoc ne m’apparaît pas comme une bonne option.

L’intervention de Jean-Pierre Finance, lors des Jabes 2014, m’a semblé pointer posément les problématiques. Heure des mutations ? Elles sont devenues permanentes. Idem, au moment où la question du millefeuille territorial est sur la table, ne serait-il pas utile de fédérer, voire de fusionner, les trop nombreux acteurs de l’IST en France et de leur donner une dimension européenne ?

Et puis pour sacrifier à mon dernier cheval de bataille, n’oublions pas que le travail de l’Abes, cette boîte noire qui n’intéresse pas nos usagers-consommateurs, n’a de sens que si les bibliothèques sont plus largement ouvertes !

1 Muriel Toulotte, Michel Meinardi, « D’Agape en Archipel : 25 ans d’informatisation à la BU Nice Sophia Antipolis », Bulletin des bibliothèques de

2 Disponible sur : http://www.abes.fr/content/download/2396/10172/.../AERES-S1-ABES.pdf

Notes

1 Muriel Toulotte, Michel Meinardi, « D’Agape en Archipel : 25 ans d’informatisation à la BU Nice Sophia Antipolis », Bulletin des bibliothèques de France, 1992, n°2.

2 Disponible sur : http://www.abes.fr/content/download/2396/10172/.../AERES-S1-ABES.pdf

Citer cet article

Référence papier

Louis Klee, « L’Abes, d’hier à aujourd’hui », Arabesques, 75 | 2014, 6.

Référence électronique

Louis Klee, « L’Abes, d’hier à aujourd’hui », Arabesques [En ligne], 75 | 2014, mis en ligne le 07 janvier 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=870

Auteur

Louis Klee

Directeur de la BU UNS de janvier 1990 à janvier 2014

Louis.Klee@unice.fr

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