Texte

Cette remarque, lancée très doucement par un cadre de l’administration pénitentiaire, nous donne, il me semble, une indication essentielle à ce que peuvent supporter, et tout aussi vite évacuer, ses responsables, il en est de même pour les autres catégories des personnels, comme pour les détenus.

Le psychologue doit ainsi face à des individualités confrontées à la violence institutionnelle, à la violence individuelle des personnels entre eux, tout autant qu’à celle des détenus, eux-mêmes tributaires de leurs propres débordements. Il est souvent délicat et parfois très difficile de ne pas être pris dans ce cercle infernal, de ne pas se sentir soi-même nié dans sa spécificité clinique tant les situations rencontrées sont hors cadre habituel ; violence et folie s’infiltrent dans les rouages institutionnels.

Se trouver au carrefour de processus enchevêtrés entre les pathologies exacerbées par l’enfermement, pour tout le monde, personnels et détenus, nécessite une acrobatie psychique de tout instant.

L’étau infernal dans lequel les professionnels sont pris au quotidien oblige à une organisation intrapsychique continuellement centrée sur l’observation de leur entourage direct, puis à une élaboration centrée sur l’action/réponse. Par conséquent, tenter de les réunir en ayant pour objectif d’amorcer à minima une analyse de pratique en groupe, c’est-à-dire prendre le temps de s’interroger sur un vécu personnel ou groupal, les fait se sauver au moindre prétexte, et ce n’est de toute façon pas prévu par leur institution. C’est la raison pour laquelle nous mettons en œuvre un cadre de travail qui se cherche et s’interroge perpétuellement, à travers une pratique adaptative à l’institution qui nous emploie, condition sans laquelle la mort psychique serait de mise.

Ces professionnels des exclus de la société nous réclament désormais, car une certaine confiance s’est instaurée avec le temps, et ils viennent vers nous les « psys », psys dits « de coursive », selon leur propre qualificatif, c’est-à-dire en soutien du personnel ; psys en Direction Régionale dans un rôle transversal en direction des personnels mais aussi de l’orientation des condamnés ; ou enfin psys PEP1.

Nous sommes désormais 12 psychologues cliniciens pour les 19 établissements de la Direction Régionale des Services Pénitentiaires de la région Rhône-Alpes-Auvergne. Par ailleurs, 8 psychologues vacataires interviennent auprès des équipes de Conseillers d’Insertion et de Probation, qui sont des travailleurs sociaux évoluant entre le milieu ouvert et le milieu fermé.

La convergence de notre travail clinique peut s’observer au cœur de certains processus individuels et institutionnels qui sont récurrents dans l’univers carcéral, bien que nos fonctions varient suivant les quatre spécificités ci-dessus décrites.

Nous sommes mis régulièrement en position d’observateur, comme eux, nous sommes celui ou celle qui voit, et que l’on prend à témoin.

Notre difficulté est de donner à notre expérience une forme pensable, d’identifier certaines constantes d’intervention, bien que chacune soit singulière et qu’il n’y a pas de prêt-à-penser du travail clinique. Nos efforts se portent sur la tentative de générer un travail de repérage de l’originalité de nos pratiques.

L’idéal serait d’avoir en tête un cadre « nomade2 » à articuler à chaque situation, un peu comme un mode d’intervention pour engager un travail psychique dans des conditions inhabituelles.

Comme eux nous avons à faire face à la violence, mais différemment, celle qu’ils nous font vivre par personne interposée, de notre place de clinicien, acculé à rester parfois ligoté dans la pensée et la parole, quand certains viennent auprès de nous en nous indiquant d’un ton narquois devant l’intéressé, ou au contraire sous le sceau de la confidentialité debout dans le couloir de la détention : « lui il a besoin de vous ». Il arrive aussi parfois qu’un détenu nous dise « vous devriez aller par là, ça chauffe… ». Il s’agit en effet de différer notre intervention qui deviendrait intrusive, induite par ceux qui nous poussent à agir en une répétition à l’identique de ce qu’ils viennent de subir.

Quelle attitude prendre, quelle parole prononcer, le silence n’est-il pas plus protecteur ? Autant de questions que seul un après-coup permet à la pensée de remettre sur le métier. Maintenir une certaine temporalité est plus que jamais de mise, réceptionner, contenir dans la mesure du possible, restituer une pensée apaisante si une once de créativité surgit, cette méthodologie fait partie du travail de coursive.

Ces temps se différencient des périodes post-traumatiques au cours desquelles les repères des psychismes surchauffés ou complètement sidérés, volent en éclat, périodes au cours desquelles les individus ont besoin avant tout de repères vitaux dans la réintroduction de logiques humaines chaleureuses, simples et adaptées aux besoins corporels et affectifs.

Que dire de ces situations limites dans lesquelles nous nous plaçons nous-mêmes en allant dans les couloirs d’une institution chauffée à blanc et qui mettent le clinicien face à des dilemmes. Par exemple être interpellée, comme témoin partial, par un surveillant qui appelle au secours parce qu’il vient d’être tabassé par un groupe de détenus qu’il n’a pas pu identifier au cours de l’échauffourée. Cet homme demande au psychologue de les lui nommer, car il n’a pas à l’esprit qu’il a eu peur, qu’une fois de plus un grand sentiment d’injustice l’envahit. Ses défenses surgissent dans un registre bien compréhensible de sanction et non d’interrogation au sujet de ce qu’il en vit.

Au regard de cette situation, vaquer dans les couloirs semble apparemment entretenir une confusion au sujet de notre fonction. Cependant, en de multiples occasions, nous avons pu désormais constater qu’elle fait au contraire naître à minima un appel au secours source de transformation psychique ultérieure grâce à notre présence ponctuelle et corporelle, à certains moments repérés de la journée. Il est important en effet de choisir les circonstances de notre travail afin qu’il laisse en mémoire un noyau d’étayage pour le personnel en cause qui, faute de quoi, ne reviendrait pas sur ce genre de situation subie, et renforcerait des défenses accumulées contre la tension ambiante.

Que dire de la scène suivante : une alarme sonne, la psychologue cherche à se renseigner sur la situation en cours. Les faits se sont déroulés en cours de promenade, un prisonnier incarcéré depuis peu pour réitération d’usurpation d’identité, balafre son visage avec un cutter au moment où les autres détenus, jusqu’alors en promenade, amorcent le retour vers la détention. Un surveillant arrive dans la cour, lui demande de lâcher sa lame, met en parole qu’il doit arrêter de se faire mal, attend qu’il pose cet objet car il sent le prévenu très offensif, lequel s’exécute grâce au calme du gardien. Un brancard arrive, le blessé est évacué dans une salle de soin auprès d’une infirmière de l’établissement, sous la protection d’un autre surveillant qui les accompagne car ce dernier est très agité et menaçant.

Ce personnel verbalise alors rétrospectivement à la psychologue ses émotions de peur, ce qui n’est pas fréquent de leur part, celle-ci lui restitue des propos rassurants concernant son intervention, et la normalité de ses éprouvés face à la violence d’une telle scène.

Dans cet univers où tout et rien convergent entre deux individualités, la première attitude du psychologue est donc l’empathie, l’apaisement par une présence réceptive, elle consiste à se mettre à la place de l’autre dans un co-éprouvé, dans un partage des sensorialités, c’est-à-dire une entente réciproque minimum sur laquelle s’appuyer pour partager les émotions. Un contrat narcissique minimum s’établit, à partir duquel ce genre d’échange peut avoir lieu, grâce à la confiance acquise au préalable par le personnel envers la clinicienne qu’il a repérée dans les couloirs, et auprès de laquelle il peut déposer ses affects. Cet événement a permis autre chose, une mise en tension psychique du côté de la psychologue, qui a pu apaiser ce qu’elle-même venait d’éprouver, grâce à un contenant plus théorique, une remise en pensée de cette scène sidérante, que peut donc signifier pour un individu la mutilation de son visage, alors qu’il a pour habitude d’usurper l’identité d’autrui ? À quel moment, dans quel contexte son acte désespéré s’est-il déroulé ? Par la suite, un travail d’appropriation subjective a pu être généré auprès des professionnels concernés, lui-même ayant pour origine l’élaboration psychique de la clinicienne.

 

 

Ils prennent ainsi conscience que tout acte peut avoir une signification, mais surtout qu’une attitude calme face aux violences auto et hétéro agressives les aide à contenir et apaiser ce genre de situation, les protégeant en l’occurrence d’une dangerosité criminelle.

Cette méthodologie d’accompagnement par le clinicien auprès des personnels de surveillance, n’est pas une analyse de pratique « classique » puisqu’elle n’est pas systématique, ou régulière. Elle se perpétue plutôt à l’occasion ; elle entraîne néanmoins pour ce profil de personnel, le fait qu’ils se permettent de prononcer des paroles du registre de l’humain sans s’en culpabiliser, au regard de la fonction répressive institutionnelle préconisée par la justice. En l’occurrence, dans notre vignette clinique, le détenu blessé transporté à l’infirmerie continue : « ce n’est pas fini, je vais recommencer », le surveillant l’apaise : « que vous est-il arrivé, qu’est-ce qui vous fait souffrir ainsi ? ». Le représentant pénitentiaire permet ainsi à l’intéressé d’exprimer sa détresse abandonnique et de renoncer à ses actes violents, grâce à la transformation du registre sécuritaire, habituellement prioritaire et souvent source de persécution, en une présence simplement humaine et chaleureuse.

Le clinicien se trouve par conséquent au carrefour de situations à double entrée, celle d’un maintien de sens grâce au regard porté sur la population pénale qui est à l’origine de bien des processus institutionnels en cours, celle prioritaire du mieux-être des personnels qui seront par ricochet plus à l’aise dans leurs fonctions face aux détenus.

Dans ce milieu où tout se sait, maintenir une certaine neutralité en toutes circonstances est un moyen d’instaurer ou de maintenir à minima une ébauche de pensée. En particulier quand nous sommes amenées à soutenir séparément deux personnes opposées dans un conflit alors que chacune sait pertinemment que nous les avons entendues l’une comme l’autre. « Ni pour les uns, ni pour les autres3 » est une position qui vaut pour évoluer plus librement au sein des relations entre les personnels de base et les cadres qui ont autant besoin d’accompagnement dans leurs fonctions que leurs subordonnés.

Une autre caractéristique est de verbaliser notre attitude qui consiste à être très attentives aux mouvements internes à la détention. Ils peuvent en effet faire basculer soudainement une ambiance calme en une atmosphère explosive, fond minimal à partager qui fait que l’on intègre notre présence. Être à certains moments de la journée parmi eux, s’accompagne d’une mise en parole : « nous sommes avec vous, afin que vous puissiez nous interpeller si besoin », cette manière de procéder met particulièrement en évidence la symbolique psychique qui accompagne notre présence, c’est essentiel pour se présenter, pour être repérée dans un univers où l’action prédomine. Le retour que l’on a parfois des surveillants peut être, « que faites-vous ? Vous venez contrôler ce que je fais, vous allez en référer au directeur ». Certains surveillants ont la crainte que le « psy » participe à leur notation et à la prise de décision dans leur titularisation.

Plus que jamais l’étanchéité de notre fonction, ce que nous gardons de ce qui nous est confié, ou de ce dont nous sommes témoins visuel ou auditif, restitue cette dimension psychique contenante, ce qui introduit au plan métapsychologique toute la dimension du registre prégénital anal au sein duquel nous évoluons.

Nous avons une fonction apaisante certes, mais tout autant parfois stimulante, dans le sens où nous concrétisons un tiers externe révélateur de la distance nécessaire qui ouvre sur une question perpétuellement sous-jacente : comment transformer l’impensé en pensée.

Une base narcissique commune est ainsi créée avec l’institution, base à partir de laquelle peuvent se déployer les spécificités de chacun car en effet, la présence symbolique du clinicien dans les couloirs, repéré par tous comme celui qui est là pour le personnel, porte en elle-même les prémices d’une activité de pensée possible.

Ainsi, les pratiques des psychologues en milieu carcéral convergent au bout du compte à faire naître une interrogation sur soi. Elles font tout pour être l’offre d’un espace de parole, même dans les couloirs, chantier archaïque de la présence perceptivo motrice d’un objet externe premier si important pour les détenus mais aussi pour le personnel, support d’une intersubjectivité naissante. Cette offre a pour objectif d’être transformable grâce à sa souplesse et à son adaptation, même si de fait l’univers carcéral est organisé d’une façon réactionnelle aux barrières du dehors, la société et ses lois, dont nous-mêmes faisons partie et sommes porteurs. Cette institution se défend tout autant par l’intermédiaire de barrières psychiques, édifiées contre les violences ambiantes du dedans, la prison.

La créativité, au sein du couple destructivité/créativité, peut naître face à la violence engendreuse de fusion/confusion à condition que l’on ne tombe pas dans le piège que serait le miroir de cette violence, miroir constitué par une pratique clinique cloisonnée, par défense contre un vécu d’intrusion et qui entretiendrait alors des zones de clivages, pratique envers les détenus comme envers le personnel.

Au sein de cet univers, la santé, l’éducation nationale, les intervenants du monde extérieur, sont les exécutants indirects d’une justice qui vient du dehors. Ces personnels sont pris dans le double étau que constituent d’une part le mal-être éventuellement implosif intra-muros, généré par une institution fermée à vocation punitive ; d’autre part le rejet venant du dehors, doublé/soutenu par le regard de la société. Dénoncer le dedans, l’« intra-muros » peut être parfois une manière d’essayer de se différencier d’un objet submersif, ou encore de se dégager d’un conflit privé intra subjectif, à résonance interne, en le projetant au dehors de soi. Au cœur de ce cadre violemment instauré, le psychologue ne peut, et de quelque place qu’il soit, que tenter d’accueillir les détresses ambiantes individuelles et/ou groupales, afin qu’elles aient l’occasion de se transformer, en prenant garde de ne pas se laisser prendre dans les clivages multiples entre les services et/ou les individus qui les composent. Le piège est de se laisser entraîner dans les oppositions bon/mauvais, protégés/menacés, agresseurs/agressés tout autant que dans leurs confusions. Tout ceci au détriment d’une réflexion globale de ce que peuvent générer des personnalités, d’une part privées de liberté, d’autre part souffrant de non-intégration des limites et des interdits.

La pratique clinique évolue des tensions sidérations aux émotions débordements, des clivages aux indifférenciations, en passant par les processus d’identification projective, passages obligés des prémices de la différenciation de l’objet. Le travail psychique ne peut vivre que s’il laisse naître en lui-même une aire constante de désillusion par laquelle et au cours de laquelle, l’acceptant en tant que tiers, l’objet clinique pourra se différencier, le clinicien pouvant ainsi contribuer à l’apaisement des tumultes inhérents à toute institution.

Cet article interroge des pratiques historiquement « jeunes », au sein d’un environnement où la liberté corporelle est balisée, tant pour les individus contraints à sa privation, que pour le personnel de l’AP, dont la mission est d’exécuter ce que la justice impose pour signifier certaines limites. La pratique du psychologue clinicien est alors souvent logée au sein d’un déploiement temporel et spatial entre des dehors et des dedans matérialisés par les établissements pénitentiaires au sein desquels nous intervenons, eux-mêmes inclus dans un système administratif au sein du ministère de la justice ; pratique ponctuée par les interrelations dues au fourmillement humain que cet univers génère, de l’intériorité à l’extériorité, du subjectif à l’intersubjectif. Faire aller notre réflexion au gré de la liberté de nos propres mouvements psychiques individuels et groupaux, permet d’analyser ces moments représentés à propos de ce dehors contraint et contraignant qu’est l’espace carcéral dans sa réalité matérielle. Certains épisodes sont appréhendés dans un après-coup comme un fond qui se différencie d’une forme d’apparence opératoire, tel un contenu qui prend sens grâce à nos appropriations subjectives naissantes. Celles-ci s’efforcent d’être créatives face à des situations générées par une violence ambiante qui impose a fortiori des limites à la pensée, agressions du personnel, suicides des détenus.

« Respectez mes défenses », est une remarque qui témoigne de ressources psychiques certaines, ce qu’en l’occurrence les détenus n’ont pas toujours les moyens de mettre en place, déployant plutôt une économie psychique source de clivages et de processus d’identification projective.

La prison est organisée à la marge de la société comme si celle-ci ne pouvait contenir et subjectiver ses propres zones de turbulence. La notion d’espace potentiel proposée par D.W. Winnicott illustre par excellence un devenir inachevé, celui de ce qui ne peut être subjectivé et qui ne l’a jamais été, faute d’interrelation et de lieu de rencontre entre le socius et le monde de l’exclusion, comme les établissements carcéraux rejetés à l’extérieur des villes. Les sites d’enfermement sont ainsi maintenus au cœur du vaste champ « du manque à être4 ». Nous sommes là aux confins de la vie psychique.

Notes

1 PEP : Projet d’Exécution des Peines, le psychologue travaille selon un rôle non thérapeutique et non expertal, auprès de la population pénale, comme auprès des personnels qu’il accompagne, dans le but de participer à l’inscription des détenus dans un projet de vie et de gestion de sa peine pour les très longues condamnations et/ou de réinsertion pour des sorties plus rapides. Cependant, le suivi régulier des détenus dans ce cadre balisé, induit à fortiori un travail psychique préparatoire à une demande psychothérapique.

2 Selon l’expression employée par D. Anzieu dans le titre de son ouvrage, L’épiderme nomade et la peau psychique (1990, Apsygée).

3 Leclerc É., octobre novembre 2000, « Ni pour les uns, ni pour les autres », Canal psy n° 45, Être psychologue dans le champ criminologique.

4 Roussillon R., janvier février 1999, Canal Psy, « La transitionnalité : une coupure épistémologique “invisible” ».

Illustrations

Citer cet article

Référence papier

Sophie Brossier, Martine Edrosa, Chantal Escoffier, Élisabeth Leclerc et Nathalie Torrocilla, « « Respectez mes défenses… » », Canal Psy, 66 | 2004, 8-11.

Référence électronique

Sophie Brossier, Martine Edrosa, Chantal Escoffier, Élisabeth Leclerc et Nathalie Torrocilla, « « Respectez mes défenses… » », Canal Psy [En ligne], 66 | 2004, mis en ligne le 28 avril 2021, consulté le 23 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=898

Auteurs

Sophie Brossier

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