Les collections d’histoire conservées par les universités lyonnaises, depuis la fin du XIXe siècle, époque de la création de la bibliothèque centrale, ont subi des pertes désastreuses lors du sinistre du 12 juin 1999. Aujourd’hui, Lyon veut à nouveau faire figure de pôle d’attraction pour l’enseignement et la recherche dans cette discipline. La coopération devenue une nécessité passe désormais par la mise en œuvre d’une carte documentaire adoptée par les trois bibliothèques universitaires de lettres et sciences humaines. La documentation de niveau recherche est ainsi répartie : à Lyon-II échoient la psychologie, la sociologie, les sciences économiques et sociales – à l’exception du droit et de la gestion –, les sciences politiques, l’histoire de l’art et l’archéologie ; à Lyon-III reviennent le droit, la gestion, les langues slaves et orientales. La bibliothèque de recherche commune – Bibliothèque interuniversitaire de lettres et sciences humaines (BIU-LSH) – assure, quant à elle, la documentation en géographie, en langues, en lettres, en philosophie, en sciences du langage et en histoire.
À la recherche d’une bibliothèque
Située dans le quartier de Gerland à Lyon, la BIU-LSH s’adresse aux étudiants avancés, aux enseignants et chercheurs des universités Lyon-II et Lyon-III et de l’ENS-LSH – soit un public de 6 000 lecteurs.
La BIU-LSH, les bibliothèques de l’ENS-LSH et de l’INRP partagent un même bâtiment, la bibliothèque Denis-Diderot, construit par l’architecte Bruno Gaudin.
Les collections de la BIU-LSH, ce sont 250 000 documents dont :
- 46 000 en accès libre,
- 30 000 livres anciens (manuscrits, incunables, imprimés du XVIe au XVIIIe siècle),
- une salle de recherche bibliographique de 1 400 titres,
- 80 000 livres du XIXe siècle.
L’enrichissement des collections d’histoire a reposé sur un budget de 60 000 € inscrits en 2003.
En commun avec l’ENS-LSH :
- 1 100 abonnements et de nombreuses collections rétrospectives en accès libre,
- des documents électroniques : Historical Abstracts, Dissertation Abstracts, JSTOR, Patrologia Latina par exemple.
Les étudiants et chercheurs des deux universités peuvent accéder au fonds d’histoire de la bibliothèque de l’École, bien que cette bibliothèque ne relève pas de la carte documentaire lyonnaise.
Les collections de l’INRP (600 000 volumes) ont rejoint celles de la BIU-LSH et de l’ENS-LSH en juillet 2003.
Inaugurée en février2001, la BIU-LSH se distingue par un statut de bibliothèque de recherche, qui lui confère une position particulière sur la carte documentaire lyonnaise, visant à instaurer une complémentarité de niveau et de champ disciplinaire entre les différentes bibliothèques universitaires locales.
En 1999, le projet de déménagement des collections vers un nouveau bâtiment rattaché à l’ENS Lettres était très avancé lorsque l’incendie priva la bibliothèque d’une partie importante de ses moyens documentaires. Cependant l’histoire était identifiée comme l’un des axes forts de la nouvelle bibliothèque. La question de la reconstitution des collections se posait donc fortement pour ce vaste domaine intellectuel, comme la nécessité de combler des lacunes préexistantes, dans la perspective rapprochée de l’ouverture début 2001.
Le fonds a été développé de la manière suivante :
- la reconstitution ou la mise à jour des collections de sources : corpus de textes, comme le Corpus Christianorum ou les Monumenta Germaniae Historica, d’actes officiels (Ordonnances des Rois de France…), de documents issus de la recherche archéologique (épigraphie, numismatique…) ; il y a également la reconstitution de fonds de base composés d’ouvrages « classiques », œuvres des grands historiens ayant fait évoluer la méthodologie ou un thème particulier de la discipline – L. Febvre, M. Bloch, P. Chaunu, E. Leroy‑Ladurie – de collections de références pluridisciplinaires (Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt pour l’Antiquité ou collections de la Voltaire Foundation pour le XVIIIe siècle), de grandes synthèses de bon niveau (telles les Cambridge History), ainsi que d’usuels (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Maitron) ;
- des acquisitions visant un haut niveau de contenu, avec le souci de suivre les orientations actuelles de la recherche historique en général, lyonnaise en particulier. Citons par exemple la demande croissante concernant l’histoire des institutions et des fondements juridiques des sociétés ou le développement de thématiques transversales mettant en jeu plusieurs disciplines : fonds d’histoire urbaine qui intéresse différents centres de recherche lyonnais, histoire religieuse, histoire militaire, lettres et civilisation médiévale. Plusieurs de ces fonds ont été enrichis grâce à l’aide du Centre national du Livre.
Dans cette perspective, une veille documentaire a été instaurée afin de saisir toute occasion de compléter les fonds par des achats particulièrement intéressants. Ainsi a été acquis, récemment, un ensemble d’ouvrages rares édités par l’EDHIS (Éditions d’histoire sociale) – sources pour l’histoire du XVIIIe siècle, de la Révolution et du XIXe siècle. Cette veille concerne pour une part importante (40 % des achats) les éditions en langues étrangères afin d’élargir l’offre documentaire.
Bibliothèque Denis-Diderot
© ENS-LSH
Dériver et (se) localiser
La dérivation des notices du Sudoc a permis de traiter dans un délai court la masse documentaire, dons ou acquisitions, liée à l’opération de reconstitution. S’agissant de nouvelles acquisitions, la localisation des exemplaires en France permet d’évaluer la pertinence pour le fonds d’ouvrages de recherche souvent onéreux. Le fonds d’histoire comprend plus de 14 000 volumes au catalogue et plus de 250 titres vivants de périodiques.
En histoire ancienne et médiévale, l’année 2004 doit permettre de poursuivre la constitution des grands corpus de sources, de collections de références et d’élargir l’offre documentaire aux sciences auxiliaires de l’histoire : numismatique, sigillographie, héraldique notamment ainsi que l’histoire du nord et nord‑ouest de l’Europe. Pour l’époque moderne et contemporaine, il s’agit d’enrichir le fonds d’histoire de la France par l’achat de sources et d’essais en langues étrangères. Il faudrait encore amener les fonds concernant les autres pays européens à un niveau quantitatif satisfaisant et répondre à une demande émergente concernant la Grande-Bretagne et le Commonwealth.
La BIU-LSH compte (novembre 2003) plus de 60 000 notices bibliographiques localisées dans le Sudoc, parmi lesquelles on dénombre environ 40 000 notices dérivées après juillet 2001, date d’entrée de la BIU-LSH dans le Sudoc. Parmi les 20 000 autres notices, on compte les notices issues de la conversion rétrospective « Pritec/Ministère », environ 400 notices de périodiques et les notices correspondant aux ouvrages dérivés de BN-Opale entre mars et décembre 2000.
14 000 notices, environ, correspondent au fonds d’histoire, réparties en 11 000 notices d’histoire générale et 3 000 notices d’histoire religieuse.
La BIU-LSH crée des notices pour environ 17 % des notices d’ouvrages d’histoire parus et acquis depuis l’an 2000.
L’histoire à l’université Lumière
Le service commun de la documentation de l’Université Lumière – université Lyon-II – créé en 1989, accompagne l’enseignement et la recherche d’une université à dominante littéraire.
Le SCD de Lyon-II comprend, actuellement, huit bibliothèques réparties sur les deux sites de Bron – Campus Porte‑des‑Alpes – et du centre-ville – Campus Berges‑du‑Rhône.
En 2005, les trois bibliothèques du centre-ville vont être regroupées, dans une construction nouvelle (bâtiment Chevreul), et les bibliothèques de Bron seront progressivement englobées dans le bâtiment de la bibliothèque universitaire, parallèlement à la mise en place des plateaux thématiques et à la « réhabilitation/reconstruction » des locaux qui est prévue.
Carte documentaire
Sur les 26 000 étudiants inscrits en 2002/2003, 2 667 ont choisi l’histoire et, parmi eux, 794 l’histoire de l’art tous cycles confondus, 239 l’archéologie à partir de la licence – cf. Arabesques n° 31 consacré à l’art et à l’archéologie. Depuis 2000, le SCD se conforme à la carte documentaire, ratifiée par les universités Lyon-II et Lyon-III, pour délimiter le périmètre de ses nouvelles acquisitions ; il acquiert en histoire la documentation de proximité nécessaire au niveau L – dans le cadre du LMD – pour environ 1 000 étudiants – 646 en DEUG, 298 en licence et 63 en préparation de concours. Les étudiants et la cinquantaine d’enseignants et d’enseignants-chercheurs en histoire ont à leur disposition deux bibliothèques destinataires, entre autres, de la documentation dans cette discipline, à savoir la bibliothèque universitaire de Bron et la bibliothèque interfacultés.
Le SCD a consacré environ 24 500 € en crédits documentaires pour l’histoire en 2003, pour les périodiques et les ouvrages, hors documentation électronique, ce qui représente une part moyenne dans les dépenses – mais pour le niveau L uniquement. Si les acquisitions courantes sur support papier ont diminué depuis l’existence d’une carte documentaire universitaire lyonnaise, le potentiel documentaire reste important sur le site de Bron avec 37 000 volumes et 95 abonnements, dont 81 en cours. Sur ces 37 000 volumes, 17 000 sont localisés dans le Système universitaire de documentation, les volumes restants étant pour l’instant signalés dans la base locale Loris – notices brèves.
Communauté universitaire
Parallèlement, le SCD met à disposition de l’ensemble de la communauté universitaire des deux campus un ensemble de bases de données bibliographiques en ligne à large spectre, où l’histoire est bien représentée, comme Francis, Swets Wise, PCI Full Text – sommaires assortis parfois du texte intégral, références bibliographiques d’articles. Ces bases en ligne sont de plus en plus fréquentées et ouvrent aux historiens un accès appréciable aux références en langues étrangères, principalement l’anglais. La base en ligne Blackwell nouvellement acquise met à leur disposition le texte intégral des revues éditées par Blackwell, dont un certain nombre concerne l’histoire.
Des bases en ligne plus spécialisées comme l’International Medieval Bibliography, l’Index islamicus ou le Corpus de littérature médiévale en langue d’oc viennent compléter l’offre électronique à l’université Lyon-II. Face à l’accroissement des effectifs en première année, la formation des usagers est de plus en plus reconnue comme indispensable. Les enseignants en histoire sont très présents dans l’accompagnement du dispositif de formation à l’utilisation des ressources documentaires mis en place dans le cadre de l’UE « méthodologie et documentation » en première année de DEUG – présentation et repérage des outils, TP.
La présentation du Sudoc y occupe une place importante, à côté du catalogue local Loris. Il est bien clair que l’objectif du SCD en matière de signalement des ressources sera de faire figurer, le plus rapidement possible, dans le Sudoc, l’intégralité de ses collections ; mais il sera pour cela nécessaire de reprendre toutes les notices créées localement et de se lancer dans le catalogage des ressources électroniques.
Michel Berger
Caroline Gayral
Sur les quais…
L’université Lyon-III compte un peu plus de 20 000 étudiants répartis sur trois sites : le nouveau campus de la Manufacture, l’ancien campus des Quais et l’antenne de Bourg‑en‑Bresse, le CEUBA.
Sur chacun d’eux, les bibliothèques du SCD jouent le rôle de pôle documentaire pour accompagner l’enseignement et la recherche, avec les orientations différentes en fonction de la carte documentaire lyonnaise en sciences humaines et sociales (SHS). Pour ce qui est de l’histoire il s’agit donc d’un pôle de proximité. Depuis la première année jusqu’à la préparation des concours du CAPES et de l’agrégation, il y a 825 étudiants en histoire, auxquels il faut ajouter environ 200 étudiants de la maîtrise au doctorat. Il y a donc, au total, plus de 1 000 étudiants en histoire, dont 200 relèvent de la bibliothèque interuniversitaire Denis-Diderot pour leur documentation. Les collections d’histoire de Lyon-III sont réparties entre la bibliothèque de la Manufacture et la bibliothèque de lettres et langues.
Un pôle de proximité
La bibliothèque de la Manufacture accueille les 650 étudiants d’histoire des deux premières années du cursus universitaire. Sur une superficie de 700 m2, le 2e étage regroupe les collections d’histoire, mais également de géographie et de lettres qui sont aussi utiles aux historiens. 170 places assises sont à leur disposition ainsi que des carrels leur permettant de s’isoler pour travailler en petits groupes sans déranger les lecteurs de la salle. Les usagers y trouvent 6 900 ouvrages d’histoire en libre accès correspondant à 4 100 titres, essentiellement les manuels, les ouvrages au programme des enseignements et les titres recommandés par les enseignants. Le budget d’environ 13 000 € permet d’acheter un nombre d’exemplaires suffisant pour répondre aux besoins des lecteurs. La cartothèque située au même étage regroupe 8 300 cartes et un mobilier adapté à leur consultation. Elle s’adresse prioritairement aux géographes mais aussi aux étudiants d’histoire. La bibliothèque de lettres et langues, ouverte depuis avril 2002, est née de la fusion de la bibliothèque de langues et philosophie et de la bibliothèque de lettres et civilisations. Située à 500 mètres du campus des Quais, sa superficie totale est de 1 400 m2. Elle est destinée aux étudiants de 2e cycle et aux candidats aux concours d’enseignement, en littérature, histoire, géographie et philosophie, ainsi qu’aux 3es cycles de langues slaves et est-asiatiques. En histoire, elle offre 7 000 ouvrages en libre accès, correspondant à 5 800 titres, aux quelque 300 étudiants répartis dans les différentes filières. Les titres plus variés, mais souvent en un seul exemplaire, sont alimentés par un budget annuel d’environ 12 000 euros. La variété du fonds s’explique également par son origine. Issu de la bibliothèque de l’UFR de lettres, il a bénéficié d’achats plus conséquents depuis l’intégration de la bibliothèque au SCD en 1991. Les choix d’acquisitions ont été constamment axés sur les programmes des concours et des enseignements ensuite. Le renouvellement régulier des questions et le choix des enseignants de mettre au programme de licence les anciennes questions de concours ont permis à la fois d’étoffer le fonds et de lui donner une cohérence. La bibliothèque propose d’ailleurs un service spécifique pour les concours. Chaque année des ouvrages et des dossiers d’articles traitant les questions de concours sont choisis avec les enseignants et proposés aux étudiants dans un espace dédié.
Une utilisation systématique du Sudoc
Pour ce qui est des périodiques sur papier, un peu plus de vingt titres sont disponibles entre les deux sites. L’abonnement à Ebsco et Sweet Wise permet d’accéder aux dépouillements de périodiques proposés par ces bases. Quelques périodiques et monographies sur cédéroms ainsi qu’une sélection de sites internet complétent une offre de ressources électroniques limitée puisque le pôle de référence est à la bibliothèque interuniversitaire. Il y a certainement un niveau de concertation spécifique aux trois établissements pour l’achat des ressources électroniques et la mise en œuvre d’un accès partagé. Le passage au Sudoc et son utilisation systématique a permis d’abandonner le catalogage local sauf pour certaines collections en caractères non latins. Pour tout le reste, le signalement systématique dans la base nationale est de règle. Grâce à cette politique et aux chargements initiaux, la proportion des collections qui ne sont pas signalées dans le catalogue national s’est réduite significativement au fil du temps. En histoire, elle concerne 1 800 titres sur 5 800 à la bibliothèque de lettres et langues et seulement 300 sur 4 100 titres à La Manufacture. Il s’agit pour l’essentiel de fonds des bibliothèques d’UFR dont le traitement rétrospectif n’avait pas pu être fait dans la base BN Opale.
C. Gallix