IdRef : un réseau de professionnels pour des référentiels au service de l’Enseignement supérieur et la Recherche

DOI : 10.35562/arabesques.3846

p. 6-7

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Fort d’une communauté professionnelle de plus de 240 correspondants Autorités coordonnée par l’Abes, IdRef est le fruit d’un travail collectif qui produit des référentiels de qualité avec l’objectif de s’ouvrir toujours plus largement au-delà du monde des bibliothèques

Saviez-vous que le groupe Ouest-France exploite IdRef pour repérer des chercheuses contemporaines afin de féminiser ses colonnes quand le recours à un expert est requis ? Et que, depuis cet été, de discrets liens hypertextes sont apparus sous le nom de chercheurs français cités dans des articles1 de la rubrique Sciences du journal Le Monde ? L’avenir dira si cet usage d’IdRef par des médias de renom est une préfiguration notable ou un simple feu de paille. Une chose est sûre : la communauté des professionnels de l’information qui œuvrent tous les jours pour décrire avec justesse les ressources qui constituent leurs collections représente la plus grande richesse d’IdRef. Ce gage de confiance a autorisé IdRef à mener plus loin que tout autre fichier d’autorités européen ou international l’ouverture et la coproduction de données, devenant une véritable singularité dans le paysage actuel.

Du monde des BU…

En 2009, en parallèle du Sudoc, l’Abes développe deux nouvelles bases de signalement pour des objets spécifiques : Calames pour les archives et manuscrits ; STEP/STAR (puis theses.fr) pour les thèses de doctorat. IdRef nait ainsi pour urbaniser ces applications et offrir aux « données qui font autorité » l’autonomie et la réutilisabilité nécessaires pour y adosser toutes les autres. Application full web, IdRef offre une vaste gamme de fonctionnalités. Pour le catalogueur2, IdRef se branche directement à son environnement de signalement (ressource éditoriale dans le Sudoc, thèse électronique dans STAR, article numérisé dans Persée, vidéo dans Canal-U, etc.). Le workflow est fluide et les informations bibliographiques sont récupérées pour éviter les doubles saisies. Pour les machines, IdRef fournit des identifiants uniques et pérennes (mine de rien, c’est un « service » !) et des API qui optimisent le transit des données.

Du point de vue juridique, les données d’IdRef sont ouvertes sous licence Etalab et respectueuses du RGPD.

L’interopérabilité découle des fonctionnalités précédentes : reposant sur l’interfaçage applicatif et sur le mécanisme de l’identifiant pivot, les échanges d’informations normalisées, fiables et actualisées sont simplifiés et la cohérence globale des données renforcée. Rappelons que le réseau Sudoc est la matrice constitutive d’IdRef : à l’origine de bon nombre des 6 millions de notices d’autorité actuelles, il continue d’alimenter l’immense réservoir des personnes physiques et morales, de concepts et des lieux mentionnés dans les documents possédés par les BU.

Pour sa part, le réseau des thèses de doctorat, dont le circuit national de signalement est modernisé et fiabilisé depuis 2010, est le second vecteur de données d’autorité en volume et en « qualité » via le signalement de plus de 12 000 thèses de doctorat par an. Points d’entrée dans la carrière académique, les thèses sont des condensés de relations entre personnes, structures et travaux universitaires, soit un poste d’observation privilégié sur la recherche française contemporaine.

… au monde documentaire francophone…

Si la démarche d’urbanisation d’un système d’information tire profit du recours à IdRef, les modalités en sont variées : simple réutilisation pour Univ-Droit – le portail universitaire du droit ; contribution active sans perte des indispensables données de gestion des droits pour Persée ; adoption pleine et entière pour Frantiq3, etc. Au gré des intégrations d’IdRef au sein d’opérateurs nationaux puis européens, l’Abes s’est dotée d’une boite à outils complète. Quand un potentiel contributeur se manifeste, l’un des gros défis réside dans la reprise du gisement documentaire qu’est sa base de données : c’est à cette fin qu’un service d’alignement pour les identifiants Personnes a été développé, qui fonctionne tous azimuts.

Il fallait une telle palette de services pour satisfaire des besoins de professionnels plus éloignés du Sudoc (cairn.info ou Canal-U) ou pour attirer à l’international les collègues belges de l’université de Liège et les collègues suisses. L’Abes a ainsi réussi à intégrer dans IdRef des réseaux de catalogage dont le volume de données et le réseau sont de tailles conséquentes : Frantiq, et les trois réseaux francophones suisses – Rero+, SLSP et Renouvaud.

Cette extension d’IdRef au-delà de l’Abes illustre le passage du « monde clos » des silos à « l’univers Infini »4 de la big data et du web sémantique.

Vue aérienne d’une plantation de thé

Vue aérienne d’une plantation de thé

Crédit Adobe stock, par Sunbrothers

Puis au monde académique…

IdRef se positionne comme un service incontournable ayant vocation à innerver la sphère académique dans sa double dimension de pilotage bibliométrique et de production de connaissances.

Côté pilotage, IdRef fluidifie la navigation du local (annuaires LDAP, gestion des thèses de doctorat dans ADUM) à l’international (ORCID5 et prochainement ROR6). IdRef dispose d’une couverture et d’une fiabilité très élevées, comme en atteste son utilisation massive dans l’outil national scanR, moteur de la Recherche et de l’Innovation. Côté scientifique, IdRef est utilisé dans des jeux de données de la recherche, notamment en humanités numériques. Les caractéristiques des autorités (normalisation, désambiguïsation, structuration) rendent davantage « FAIR » les connaissances produites. Et si face à la montagne des données de recherche, il faudra être sélectif, la communauté fourbit ses armes7 en vue d’assurer à ces précieuses données la plus riche intégration possible dans le web sémantique, dont les promesses en termes d’accroissement de la connaissance sont colossales et seront bientôt tenues.

La force d’un réseau pour « idrefiser » les données de l’ESR

IdRef est un bien commun, fruit d’une communauté dont la vitalité prend racine dans quelques principes fondateurs : le principe de confiance, intrinsèquement lié au catalogage partagé, et celui de la souveraineté des données produites, qui a pour corollaire le principe de responsabilité, les 200 correspondants Autorités8 jouent ici un rôle majeur.

Saluons l’expertise forgée par de solides pratiques métier et la volonté constante de se former9. Surtout, réjouissons-nous de l’engagement à servir, non seulement pour son propre bénéfice mais aussi pour d’autres initiatives. Que l’on pense à l’allant régnant au sein du chantier collaboratif de curation des quelques milliers de notices élémentaires dites « Tp1 », ou au chantier de création d’éditeurs français pour le corpus Mir@bel, ou encore à l’usage de paprika.idref.fr pour rendre à chaque auteur la paternité de ses créations en cas d’imbroglio.

Ces valeurs soudent la communauté, ce qui est crucial (protecteur et prometteur) dès lors que nos données vont servir de corpus d’entraînement à des intelligences artificielles « métier » ou généralistes10.

L’Abes souhaite maintenant œuvrer à la poursuite du déploiement d’IdRef auprès des archives ouvertes et institutionnelles, des entrepôts de données de recherche, des éditions universitaires, des services d’archives scientifiques, des bibliothèques numériques, etc. Alors, à vous qui lirez cet article et qui produisez des données de manière isolée, n’hésitez pas à rejoindre la communauté.

Et vous qui êtes déjà membres de la communauté IdRef et êtes les meilleurs ambassadeurs, démarchez vos collègues hors de la BU, au sein de vos établissements, et vantez-leur les bénéfices à nous rejoindre !

Notes

1 https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2023/08/15/guillaume-cabanac-le-sisyphe-de-la-depollution-de-la-science_6185437_3451060.html. Article complet consultable sur abonnement.

2 Le vocabulaire peut varier : catalogueur dans le Sudoc, contributeur dans Canal-U, convertisseur chez cairn.info… Derrière cette variété de libellés existent des compétences similaires : le signalement.

3 Avec abandon de l’ancienne gestion des autorités dans Koha.

4 Du monde clos à l’univers infini / Alexandre Koyré, 1973 : La pensée philosophique et scientifique a accompli une révolution profonde aux XVIe et XVIIe siècles.

5 Cf. entretien avec Nicolas Fressengeas

6 Cf. article de Carole Melzac

7 Cf. article de F. Beretta

8 Le portrait de ce numéro d’Arabesques met en avant l’un d’entre eux !

9 Cf. article d’Aurélie Faivre et Héloïse Lecomte

10 Cf. article de Yann Nicolas

Illustrations

References

Bibliographical reference

François Mistral, « IdRef : un réseau de professionnels pour des référentiels au service de l’Enseignement supérieur et la Recherche », Arabesques, 112 | 2024, 6-7.

Electronic reference

François Mistral, « IdRef : un réseau de professionnels pour des référentiels au service de l’Enseignement supérieur et la Recherche », Arabesques [Online], 112 | 2024, Online since 15 janvier 2024, connection on 18 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3846

Author

François Mistral

Responsable IdRef - Autorités à l’Abes

mistral@abes.fr

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