Le cadre de gouvernance de l’EAD en bibliothèques se reconfigure, pour mieux prendre en compte la mosaïque des besoins en traitements rétrospectifs et la variété des attentes.
Depuis la mise en ligne, début 2013, d’un Guide national de bonnes pratiques EAD1, l’animation du catalogage EAD en bibliothèques a été amenée à prendre de nouvelles voies. À la gestation du schéma XML EAD3, dont les conditions d’application en France restent incertaines, ont fait pendant, sur la scène nationale, les réflexions du groupe de travail interministériel chargé de projeter un dispositif national de production en EAD, qui a remis, fin 2015, son étude à son comité de pilotage et au CSB2.
Cette étude de faisabilité3 a défini sept ensembles de besoins fonctionnels qu’appellent les pratiques de description de manuscrits et d’archives (non administratives) et a pointé, comme première urgence à traiter, l’absence d’environnements de catalogage mutualisés et adaptés aux besoins des établissements des collectivités territoriales (directement desservis par le département de la coopération de la BNF). Elle a souligné que les bonnes pratiques et l’usage de XMetaL‑XMax (plug-in web commun à Pixml et Calames) serviront d’appui aux efforts de convergence ; et que la perspective d’un référentiel national d’entités offrira des intersections essentielles avec le signalement des autres objets culturels et scientifiques.
Une coordination interministérielle à quatre têtes
Des deux principaux scénarios examinés en 2015 (réplications de Pixml ou de Calames Prod pour mettre à jour la base Manuscrits et archives du CCFr), c’est celui de la BNF qui a été retenu, le renforcement des collaborations techniques entre la BNF et l’Abes ainsi que l’objectif d’un rapprochement progressif des environnements de catalogage étant conservés.
Prenant le relais du comité de pilotage, le comité exécutif a réinscrit à parité des représentants issus des périmètres culture et ESR, de la BNF et de l’Abes au sein de quatre groupes de travail chargés de spécifier les évolutions en cours et d’adapter les pratiques EAD. En novembre 2016, leurs attributions ont été ainsi fixées : logiciels d’édition XML (pilote : Franck Bellugeon, BNF) ; interopérabilité des données (pilote : Jean-Marie Feurtet, Abes) ; analyse des réseaux de production et d’utilisation de l’EAD (pilote : Patrick Latour, bibliothèque Mazarine) ; interfaces de saisie et ergonomie des outils (pilote : Florent Palluault, médiathèque François- Mitterrand de Poitiers).
La souplesse plutôt qu’un « couteau suisse »
Dans cette nouvelle distribution, l’adaptation des environnements Pixml et Calames reste un enjeu central, mais les efforts ne se concentrent plus en direction des seules problématiques d’outillages XML. Un temps entretenue par la possibilité d’une réappropriation du plugin collaboratif XML développé par l’Equipex Biblissima, l’idée d’un « couteau suisse » pour l’EAD en bibliothèques a fait long feu. Il s’agit plutôt de définir un cadre commun, interstructurel et suffisamment adaptable pour convenir à une diversité d’acteurs et de cycles de vie des données, en termes de modèle économique, de gouvernance et d’accompagnement des réseaux.
Les premières opérations de signalement régional exhaustif des manuscrits champardenois menées par l’équipe CCFr et Interbibly ont mis en évidence la mosaïque des besoins en traitements rétrospectifs, la variété des attentes des producteurs potentiels et la gageure que représenterait la quête d’un environnement technique unique et véritablement polyvalent. Parallèlement, forts d’une expérience quasi décennale, la BNF et le réseau Calames ont multiplié les interdépendances entre, d’une part, leurs données EAD, et, d’autre part, les numérisations patrimoniales, le traitement des archives de la recherche et des fonds iconographiques ou hybrides. Pour autant, ces données restent peu portables vers d’autres environnements (bibliothèques numériques, SIGB, portails, outils de gestion, bases RDF, projets de publications spécifiques…), difficiles à représenter dans d’autres formats plus courants au sein des mêmes communautés (Dublin Core, Marc…), sans probation encore dans le traitement émergent des archives numériques, et en attente d’une modélisation (Records in Context4) qui devrait favoriser leur désenclavement à moyen terme. Mappings, protocoles d’échanges, modèles de saisie, et d’autres ressources encore restent largement à mutualiser et à encadrer de recommandations communes.
Les livrables des quatre groupes de travail sont attendus d’ici à l’automne 2017.
L’EAD est un format de catalogage utilisé pour la description des manuscrits et des documents d’archives.
Première page du manuscrit de Victor Hugo, conservé à la BNF
Source : Gallica/BNF
