Petit discours égocentré sur l’inachèvement, sur Il’ja Zdanevič et sur une énigme

  • Небольшое эгоцентричное рассуждение о незавершенности, Илье Зданевиче и загадке
  • A self-centered reasoning on incompleteness, on Il’ja Zdanevič, and on an enigma

DOI : 10.35562/modernites-russes.666

Notre existence est marquée par l’inachèvement, notre finitude elle-même proclame l’inachèvement de tout ce que nous entreprenons et que notre fin nous empêchera d’achever. L’auteur médite sur sa (relative) propension à ne pas rendre les articles qu’il a promis, à laisser ses travaux inachevés, et il constate le même défaut chez l’auteur sur lequel il travaille depuis plusieurs décennies. Cet inachèvement est-il un moyen illusoire de retarder la mort, ou un moyen infaillible pour ne pas laisser de trace ? Chez Il’ja Zdanevič, on constate différents types d’inachèvement : par abandon du projet, par reprise continuelle du texte, mais aussi, plus curieusement, par soustraction de pages déjà écrites. Se pose alors cette énigme : se peut-il que ces textes inachevés le soient en raison d’une intervention extérieure, ou bien ont-ils été amputés par Zdanevič lui-même ?

Наше существование отмечено незавершенностью, сама наша конечность провозглашает незавершенность всего, за что мы беремся, и что наш конец не позволит нам завершить. Автор размышляет о своей (относительной) склонности не возвращать обещанные статьи, оставлять свою работу незавершенной и отмечает тот же недостаток у автора, над которым он работает уже несколько десятилетий. Является ли эта незавершенность иллюзорным способом отсрочить смерть или надёжным средством не оставлять следов? В творчестве Ильи Зданевича мы можем наблюдать различные виды незавершенности: отказ от запланированного, постоянная переработка текста, но также, что более любопытно, изъятие уже написанных страниц. В связи с этим возникает следующий вопрос: возможно ли, что эти незаконченные тексты стали таковыми из-за внешнего вмешательства, или же они были ампутированы самим Зданевичем?

Our existence is marked by the incompletion, our finitude proclaims the incompletion of all that we undertake and that our end will prevent us from completing. The author meditates on his (relative) propensity of not returning the articles he has promised and leaving his work unfinished. He observes the same issue in the creativity of the author on whom he has been working for several decades. Is this incompleteness an illusory way of delaying death, or an infallible way of not leaving a trace? In Il’ja Zdanevič’s works, we can observe different types of incompletion that manifest themselves by abandoning the project, continually reworking the text, and by a curious way of subtracting pages already written. This paper raises the question: is it possible that these unfinished texts are unfinished because of external intervention, or have they been amputated deliberately by Zdanevič himself?

Text

Par chance, je ne suis que modérément paranoïaque.

L’appel à contribution d’un des numéros des Modernités russes proposait d’écrire sur l’inachevé. Ceux qui élaborèrent ce thème imaginèrent-ils la trémulation que ce simple mot éveilla en moi ? Avec un peu trop d’égocentrisme, j’aurais pu croire à une allusion malicieuse, à peine dissimulée, à certains articles promis, promis, promis de longue date et jamais envoyés au terme fixé pour la publication, terme lui-même reporté, reporté, reporté jusqu’à dépasser l’extrême limite décente. Puis la publication paraît sans votre article, et vous voilà bien marri, froissé et pire encore bourrelé de remords et de regrets envers vous-même, car, au fond, vous êtes la première victime de votre indécrottable tendance à l’inachèvement. Bien sûr, il n’y avait aucune arrière-pensée dans cet appel, mais je ne cessai pas d’être tracassé par la question.

L’inachèvement, en littérature, est un sujet fort sérieux. Pourquoi un écrivain abandonne-t-il en route le roman qu’il écrit ? Pourquoi un autre, ou le même, qui a passé le cap du point final, ne peut se résoudre à l’illusion du fini, reprend et reprend encore son texte, intégrant l’inachèvement non dans la longueur, mais, si je puis dire, dans l’épaisseur ? Le même, encore, une fois son texte envoyé à l’éditeur, s’épanche encore sur les épreuves, biffant, supprimant, ajoutant, déplaçant, à la grande irritation des réviseurs et des correcteurs. Il est poète ? Les formes fixes poussent à l’achèvement. Plus encore qu’une porte qui doit être ouverte ou fermée, un sonnet doit être fini par nature. S’il n’est pas achevé, s’il ne comporte pas ses quatorze vers, il n’est pas un sonnet. Alors, le poète qui a une difficulté vitale à terminer reprend sans cesse les mots « de l’intérieur », dans le gras du poème…

Difficulté vitale… Le pacte autobiographique, par définition, tient de l’inachevé. Un poète français bien connu, pour désigner son autobiographie, a jugé astucieux de lui donner comme titre ce qui est plutôt une appellation générique : Roman inachevé. Tant qu’on n’aura pas trouvé celui qui décrirait au dictaphone, depuis les premiers borborygmes de sa naissance jusqu’au dernier râle de son décès, tout ce qu’il ressent et vit minute après minute, l’autobiographie tiendra toujours de l’inachevé… Autant dire que l’inachevé a de beaux temps devant lui. J’entends déjà les commentaires : oui, mais l’autobiographie, comme tout travail d’écriture, nécessite un choix, un choix dans ce qui est raconté, et si l’on ne raconte pas l’intégralité de sa vie il ne s’agit pas, dans ce cas, d’inachèvement. Le vrai inachèvement, c’est lorsqu’un auteur s’est donné un cahier des charges littéraires à réaliser et qu’il ne le respecte pas, c’est le poème arrêté au bout de quelques vers, les personnages de roman laissés suspendus en l’air sans qu’on en sache davantage sur le destin qui les attendait.

Ce que nous faisons d’inachevé, c’est peut-être pour nous manière de refuser la mort.

C’est l’article promis, à moitié écrit et non terminé. Pire encore, c’est la communication dûment prononcée lors d’un colloque, et donc, en principe, complètement écrite par son auteur, mais en fait, pas du tout écrite, et que l’organisateur dudit colloque ne recevra jamais. On frise ici la stupidité et cette stupidité, je la connais bien. Je peux en parler et je vais tâcher de le faire, même si, comme on le sait, il ne vaut mieux pas être soi-même insecte pour être bon entomologiste.

Alors, que se passe-t-il ?

L’inachèvement est l’envers d’une monnaie dont l’avers est la terreur de la page blanche. Mais une fois que je crois épuisés tous mes alibis, une fois que j’ai débrayé — après parfois plusieurs semaines à sentir cette page blanchâtre et poisseuse me dévorer le cerveau comme une taie englue une cornée, tandis que s’effeuille l’éphéméride et que je n’ose plus ouvrir la boîte électronique où je redoute de voir les messages inquiets ou furieux (presque jamais furieux car les réserves de bienveillance de mes correspondants semblent quasi intarissables) du donneur d’ordre — une fois que la première phrase est écrite, toujours quelques jours après la date limite de remise du manuscrit, puis la deuxième et encore la suivante, je crois fini ce qu’il y a de plus intéressant dans mon texte — une entrée fracassante — et la suite ne me semble pas justifier les efforts à mettre en œuvre pour l’écrire, elle m’épuise, cette suite morne dont je sais déjà tout, il m’embête, ce sacro-saint développement que je connais par cœur. Les phrases s’allongent, de plus en plus contournées et caoutchouteuses, telle celle que vous venez de lire, et un drôle de sentiment me prend. Le plan que j’ai ébauché, qui s’est formé, en fait, à mesure que j’écrivais, ne me satisfait pas et je me dis que cette entrée fracassante ferait une belle conclusion. Et je réécris une nouvelle introduction tout aussi fracassante. Et à force d’ainsi fracasser d’hypothétiques lecteurs, je n’arrive toujours pas à écrire le corps du texte, le ventre mou qui ne fracasserait rien.

J’en suis là quand le temps presse. Mais le temps qui presse est encore un alibi, tout comme la fatigue devant l’inanité d’écrire — pour quels lecteurs ? — sur un sujet dont je sais tout…

Car ici, une digression s’impose. Et un léger rectificatif : huit fois sur dix, j’arrive quand même à écrire mon texte, à le finir et à l’envoyer tardivement, mais à l’envoyer quand même. Mon éditeur russe, qui me connaît bien, qui est un ami et qui, en tant que tel, n’hésite pas à me hurler parfois son désespoir, a réussi — notamment, par ses coups de knout téléphoniques — de véritables prouesses en ce domaine, et si je regarde l’un de ces nombreux curricula vitae que notre métier nous oblige à rédiger régulièrement — dans quelle autre profession passe-t-on sa vie à se mirer de cette manière ? — mon assez volumineuse production — certes fort obsessionnellement braquée sur un seul thème ou presque — m’indique que je ne suis pas le velléitaire maladif que je suis en train de décrire — mais cet ensemble est entrelardé des engagements non tenus, qui fraient autant de voies d’eau dans la petite nef à bord de laquelle je me présenterai à la porte de l’enfer des enseignants-chercheurs.

Ce n’est pas le temps qui presse : je passe beaucoup plus de temps à être en retard et, finalement, à oublier de finir les textes que je dois rendre que je ne le ferais si je travaillais comme tel ou tel qui avance méthodiquement dans son travail, heure après heure, sans bondir de son siège sitôt qu’il a écrit son introduction fracassante. Ce n’est pas non plus la paresse. Mes impayés intellectuels me tourmentent trop pour qu’on puisse nommer paresse cette activité intense et douloureuse qui consiste à constamment penser à ce travail que je devrais rendre, que je ne finis pas, que je n’ai pas fini, que j’aurais dû rendre, à ce sujet que je voulais aborder et que je n’ai pas fait, à ce livre que j’aurais voulu écrire. Sans même parler des reproches incarnés dans les feuilles de papier imprimées, massicotées, brochées et réunies sous une couverture où se lit le nom d’un autre — et qui me sautent au visage dans une librairie où je découvre qu’ils sont les livres que j’aurais voulu écrire car je n’ai pas fini d’attendre le moment idéal où ce que j’aurais écrit sur le même sujet eût été parfait. Parfait. Gardons ce terme en tête.

C’est à ce moment que j’ai commencé à me demander si je n’étais pas influencé par le schéma temporel en usage dans le domaine linguistique qui nous occupe, nous les russisants. Nous ne connaissons qu’un seul temps, un présent dont le futur n’est qu’une modalité particulière, et notre passé tient beaucoup d’un adjectif qualificatif auquel il emprunte quelques oripeaux. Tout ceci n’est guère dynamique. Notre petite capsule temporelle avance mais nous-mêmes, recroquevillés à l’intérieur, attendons la fin d’une autobiographie qui ne s’écrit pas. Le processus est agréable comme le désir, quand le plaisir fugace du but atteint s’accompagne déjà du sentiment de la mort. L’imperfectif nous grise quand le perfectif nous montre que notre verre est vide, ou le sera. Mais cela ne nous avance pas.

Puis j’ai secoué mes épaules et je me suis dit ceci : il est indéniable que l’auteur sur lequel nous écrivons opère une influence sur notre vie. On sait que j’ai donné une partie de mon existence à promouvoir l’œuvre d’un auteur. Très peu l’ont lu, et je sens bien que la plupart de mes collègues eux-mêmes, lorsque j’en parle ou qu’il leur arrive de voir la liste de mes publications, me font confiance, mais que leur bienveillance polie dissimule simplement le fait qu’ils n’ont guère envie de perdre du temps à le lire. Je continue pourtant à penser qu’Il’ja Zdanevič est un des esprits les plus originaux de la littérature russe, et je vais même plus loin — un des esprits les plus originaux du XXe siècle, tous pays confondus1. J’aurai passé ma vie à tâcher de le faire connaître. En Russie, le pari est presque gagné, mais je pense bien qu’en France, où il a pourtant vécu plus de soixante-dix ans, son cas est désespéré. Pourtant je n’ai pas cessé de travailler sur lui et je me fais parfois l’effet de ces Hurons qui chaque année, déterraient les cadavres de leurs parents, nettoyaient consciencieusement leurs ossements puis les réenterraient jusqu’à l’année suivante. Ainsi les années se suivent et bon an mal an, je continue ma petite popotte, consacrant trois ou quatre publications à cette cause qui semble perdue d’avance.

Il’ja Zdanevič, sous son nom, puis, à partir de 1923, sous son pseudonyme Il’jazd, a publié cinq pièces de théâtre en zaum’, un roman, cinq livres de poèmes. Il a également été l’éditeur de multiples « livres d’artistes » qui comptent parmi les plus prisés des collectionneurs bibliophiles et des spéculateurs. Il a aussi été l’organisateur des bals de l’Union des artistes russes à Paris, qui réunissaient dans les années vingt les noms les plus prestigieux de la bohème artistique de Montparnasse. Dans ces deux cas, il a convaincu des dizaines d’artistes de travailler avec lui. De même, il a porté sur lui la fabrication des tissus Chanel dans la principale usine de la marque, qu’il a dirigée pendant quelques années. Par ailleurs, il était un spécialiste reconnu de l’histoire de l’architecture religieuse chrétienne orientale, participant aux congrès de byzantinologie où ses communications étaient suivies avec attention.

Il était donc capable de mener à bien toute sorte d’activités. Or, les archives de Zdanevič-Il’jazd regorgent de textes inédits. Bien sûr, c’est ce qui fait et le charme et l’utilité du travail en archives, le travail en archives étant lui-même la part la plus passionnante et la plus utile de notre travail de chercheur (les commentaires n’en sont que le papier d’emballage). Fouiller dans des boîtes mal rangées, y remettre de l’ordre, reconstituer des textes épars, émettre des hypothèses, découvrir une pensée, un poème, une fiction, et qui plus est baignant dans la sauce des hésitations, des ratures, des reprises — c’est ce qui m’a été donné de plus agréable dans une carrière que je n’aurais pas entreprise si elle n’avait dû n’être pour moi que l’application de la dernière grille de lecture à la mode sur des textes déjà édités par d’autres, imprimés et sans surprises. J’ai eu la chance de passer ma vie au contact des vieux papiers, des encres délavées, des écritures illisibles, et d’y trouver un bonheur d’archéologue exaucé.

L’œuvre d’Il’ja Zdanevič-Il’jazd est un exemple d’inachèvement. L’inachèvement est même peut-être ce qui la caractérise plus encore que le zaum’, que le charme envoûtant de son roman Le Ravissement (Восхищение, 1927-1930), que les pentamètres magnifiques d’Afet (Афат, 1938-1940) ou de La Lettre (Письмо, 1948), ses deux œuvres en vers les plus achevées, ainsi que le coup de génie final des livres illustrés par Picasso, Braque, Giacometti, Ernst, Mirò et tant d’autres. En fait, quand on se penche sur les manuscrits d’Il’jazd, on comprend qu’avec ses œuvres inachevées, c’est le Zdanevič profond que l’on côtoie, celui qui se regarde, qui se cherche, qui se voit déjà dans le regard du chercheur qui va ouvrir ses dossiers, et qui lui laisse des énigmes à résoudre. L’un de ses textes inachevés les plus fameux, un roman de 1928, qui s’ouvre sur la mort de son héros, a comme titre, justement, Œuvres posthumes (Посмертные труды).

Il y a plusieurs strates à l’inachèvement. Il y a, très classiquement, comme dans le dernier cas évoqué, les ouvrages commencés et non-terminés. Je ne vais donner que quelques exemples de ces projets scripturaux abandonnés en cours d’écriture. Il y a, en 1924, une série de pièces en zaum’ (заумь) qui devait prendre le relais des cinq premiers drames, et dont une seule a été commencée, et continue à gésir dans un carnet qu’il faudra bien éditer un jour. Il y a surtout l’ensemble à caractère épistolaire initialement dépourvu de titre que j’ai appelé au moment de sa publication Lettres à Morgan Philips Price (Письма Моргану Филипсу Прайсу, 1929). Le texte s’arrête subitement au cours de la cinquième de ces lettres longues chacune d’une vingtaine de pages sans que leur sujet — le récit des voyages effectués par leur auteur en Turquie, et notamment des angoisses qui l’avaient étreint à Constantinople — n’arrive à son terme. Je n’ai d’ailleurs restitué le texte de cette dernière lettre, restée à l’état de brouillon contrairement aux précédentes, qu’au prix d’un travail de fouille « textologique » indescriptible. Arrivé à ce moment de son récit, Zdanevič a semble-t-il préféré entamer la composition d’un roman mêlant fiction et autobiographie au sujet de cette aventure dans laquelle il se replongeait, soir après soir, après l’avoir vécue en réalité dix ans plus tôt. Il a alors écrit et terminé, quasiment d’un seul jet, un très gros et très fort livre, Philosophie (Философия, 1930), dont je reparlerai plus tard. Dans le même esprit, on peut évoquer tous les textes de souvenirs qu’il a commencés dans les années soixante, comme ses notes En approchant Eluard (1967-1969) et Cinquante ans de futurisme russe (1962)2, conçues comme des préfaces de publication qui n’ont pas vu le jour. Pour ce qui est de ces deux textes-là, il faut noter qu’il les rédigeait directement en français, que cela lui demandait un effort supplémentaire et qu’également, une maladie insidieuse commençait à émousser ses capacités à écrire clairement. Dans le même ordre d’inachèvement, il y a aussi ce titanesque projet de poème de dix mille vers consacré à la guerre d’Espagne, Un de la brigade (Бригадный, 1941-1945), dont une partie seulement a été écrite. À son sujet, le traducteur André Markowicz a écrit combien, selon lui, il était bon que ce monument ne nous soit parvenu qu’inachevé, car « Un temple grec, nous ne pouvons plus le concevoir qu’en ruines » [Markowicz, 1987 : 624]. C’est une image intéressante que nous allons garder à l’esprit.

Chacun de ces textes était bien sûr conçu pour être édité un jour. Pour certains projets — des textes terminés, totalement écrits — cette publication, pourtant non-menée à terme, n’était vraiment pas loin d’aboutir : on peut citer la publication de quelques-unes de ses conférences de 1922-1923, que Zdanevič voulait mener à bien et à laquelle il a renoncé sans doute par manque d’argent et peut-être à cause de la désaffection d’un vrai public, mais aussi son roman Les Parigots (Парижачьи, 1923-1925), entièrement écrit. Pour ce roman, Zdanevič avait même réalisé en 1924 un bulletin de souscription qui annonçait une publication imminente, mais le livre est resté dans les tiroirs, jusqu’à la publication que j’en ai réalisée à Moscou en 1994. Cela forme une deuxième strate de l’inachèvement. Le projet scriptural est achevé, mais le passage à l’édition n’a pas pu se faire. Les aléas de la vie dans un pays étranger, le manque d’argent, le refus de participer à la vie éditoriale de l’émigration russe, dont il n’aimait pas le conformisme et leurs poses de fausse profondeur (les « chercheurs de Dieux » l’horripilaient), le fait qu’il ait toujours voulu contrôler ses publications en s’auto-éditant sont des raisons extérieures suffisamment fortes pour entraver la bonne marche des projets, même si, répétons-le, le nombre des travaux menés à bien ne permet pas de parler de tendance velléitaire dans le cas précis de notre auteur.

Il reste à évoquer maintenant quelque chose de beaucoup plus problématique. Une énigme.

Que s’est-il donc passé pour trois textes d’Il’ja Zdanevič dont les manuscrits manifestent en quelque sorte la troisième strate de l’inachèvement ? Après avoir décrit l’inachèvement du projet scriptural, puis l’inachèvement du projet éditorial, voici un troisième état des manuscrits d’Il’ja Zdanevič sur lequel nous devons nous pencher avec plus de perplexité sans doute, car il nous présente un inachèvement d’un tout autre type, inattendu et très surprenant par sa radicalité. Il s’agit d’un inachèvement par soustraction. On peut comprendre l’auteur qui commence l’écriture d’un texte et finalement, ne poursuit pas sa rédaction : il change d’idée, son projet ne lui plaît plus, ses personnages l’ennuient, la prosodie de son poème l’assomme — c’est, me semble-t-il, ce qui s’est passé avec Un de la brigade (Бригадный) — ou bien, au contraire, les difficultés s’accumulent car son projet devient tellement envahissant que l’auteur n’a plus la maîtrise de soi nécessaire pour maintenir en ligne les chevaux de cet équipage prêt à bondir de tous côtés qu’est la création d’une œuvre littéraire dans laquelle trop de désirs et de fantasmes personnels ont été engagés. On conçoit qu’un autre projet abouti ne puisse pas éclore par manque d’argent, par désintérêt du marché, ou bien encore — et les spécialistes de la littérature russe connaissent bien le sujet — parce que la société interdira la publication de l’œuvre, laquelle sera condamnée à rester dormir dans un tiroir pendant plusieurs décennies avant qu’on ouvre le tiroir, qu’on réveille définitivement le manuscrit endormi, qu’il s’étire, s’ébroue et puisse enfin commencer sa vie d’œuvre littéraire aux bons soins des typographes, des éditeurs et des libraires. Mais qu’est-ce donc qu’un inachèvement par soustraction, et quel esprit inqualifiable a imaginé ce phénomène ?

Nous sommes en 1987. Voici le chercheur amoureux des archives — en l’occurrence, moi-même — qui exulte car il a devant lui le manuscrit définitif d’un roman dont il connaît aussi des états intermédiaires disséminés dans des carnets de travail, des dossiers épars et des cahiers lacunaires. Le manuscrit des Parigots (Парижачьи), puisqu’il s’agit de ce roman dont on se souvient que son auteur avait été tout prêt de le publier, se présente sous forme de feuilles volantes écrites recto seul d’une écriture très lisible, chaque feuille dûment numérotée dans l’angle supérieur droit jusqu’au numéro 456. La rame de papier est contenue dans un classeur fermé par une courroie de tissu clos par une boucle qui maintient parfaitement serré cet ensemble. Une fois ouvert le dossier, on constate que l’auteur a pris la précaution d’indiquer sur la face interne de la première page du classeur les dates auxquelles il a recopié, depuis ses travaux antérieurs, chacun des chapitres, et l’on constate que l’ensemble du manuscrit a donc été normalement reporté au propre dans ce classeur. Mais voilà que si je commence à me plonger dans la lecture de ce magnifique ouvrage — réellement magnifique, un de ces romans consacrés à l’esprit d’une ville à travers les pensées de ses habitants, à la manière de Joyce que côtoyait Zdanevič à l’époque, je découvre soudain avec stupeur qu’il manque, vers le milieu du manuscrit, de la page 161 à la page 180, exactement un chapitre du livre, rendant celui-ci « inachevé », ou plutôt terriblement lacunaire. Car bien entendu, ce chapitre central qui manque, il était indispensable pour saisir le sens de la suite du roman, et même si l’on reprend la lecture au-delà ce chapitre, il reste toujours en mémoire ce manque et cette frustration.

Or, voilà que la même chose se reproduit pour le dernier roman signé par Il’jazd, Philosphie (Философия). Cette fois encore, classeur clos, paquet de feuilles numérotées comme il convient, toutes les apparences du manuscrit parfait qui ne donne aucun souci au lecteur ni à un futur éditeur. Et cette fois encore, absence du chapitre central (pages de 159 à 170), retranché par une main anonyme des 341 pages du manuscrit. Plus curieusement, cela se reproduit au milieu d’un court récit de 1941, poétique, savoureux et dont le sujet est plein d’intérêt pour l’historien de la littérature, À cause de Zabolockij (Из-за Заболоцкого) [Ильязд, 2014: 224-226], dont les 14 feuilles numérotées et bien réunies par un trombone sont mutilées par ablation de la page 6.

Mais cette fois, le trombone rouillé a laissé une trace brune sur les deux pages qui forment en quelque sorte la couverture de ce petit feuillet. Et quand je découvre que manque cette feuille, je vois que le trombone n’est pas placé exactement dans les traces qu’il a laissées pendant les quatre décennies et demie qu’il a passé à rouiller dans la malle où il était renfermé.

Quelle main a soustrait ici un chapitre, là une page ? Car il s’agit bien d’une intervention tardive — le trombone rouillé me le prouve. Quel esprit tordu, bien plus tordu que le trombone de 1941, a volé — par quel autre mot qualifier cette action ? — ces pages centrales et décisives aux trois seuls manuscrits complets qui n’avaient pas été publiés par leur auteur et qui donc, étaient prêts à vivre enfin dans le monde leur vraie vie imprimée, reliée, éditée, éventuellement traduite. Est-ce Zdanevič lui-même ? Il aurait eu plusieurs raisons pour le faire. On sait qu’il était lui-même éditeur, et de l’espèce la plus scrupuleuse, surveillant la fabrication de ses ouvrages quand il n’en assurait pas lui-même — le plus souvent — la composition typographique. Ne serait-ce pas lui qui, au soir de sa vie, peut-être, comprenant qu’il ne pourrait pas publier ces livres, en aurait retranché, non sans ricaner au passage, le morceau le plus succulent, entravant ainsi grandement le travail de l’éventuel éditeur ? Il’jazd ne pensait-il pas non plus, à la suite d’Adrian de Monluc, cet écrivain du XVIIe siècle qu’il a aimé publier et auquel, peut-être il s’identifiait, que « le meilleur sort du poète est de tomber dans l’oubli » ? Et comment mieux s’offrir à l’oubli qu’en commençant par compliquer la publication de ses propres œuvres ?

Mais revenons à cette journée de 1987. Je viens de publier une traduction de Восхищение sous le titre Le Ravissement. L’éditeur français souhaiterait poursuivre la publication des romans d’Il’jazd. Et voici que je pense immédiatement aux Parigots. Nous sommes chez la veuve d’Il’ja Zdanevič, Hélène. Je demande à pouvoir montrer le manuscrit, je le feuillette. Et là — panique ! C’est là, maintenant, que je découvre le manque de ce chapitre. Passons sur l’éditeur qui me prend à part et me propose d’écrire directement en français le chapitre manquant : « Vous connaissez le sujet, vous connaissez l’auteur, vous connaissez son style, vous pourriez le faire » ! Précisons que je n’ai pas donné suite à cette proposition. Et pas seulement parce que, bien sûr, je ne me suis pas senti de taille pour ce subterfuge : réécrire cette petite vingtaine de pages en imaginant ce qui pouvait arriver aux protagonistes de cette histoire. Mais parce que je sais que ces pages ont été écrites, qu’elles existent quelque part et que j’espère qu’elles réapparaîtront un jour.

J’en suis alors d’autant plus convaincu que quelques années plus tôt, en 1982 ou 1983, peut-être même en 1981, il me semble bien avoir vu chez Hélène Zdanévitch le manuscrit des Parigots au complet. Au complet. Et de même pour Philosophie. Et aussi pour le joli petit récit consacré par Zdanevič à sa découverte, dans les modestes restes laissés après sa mort par son ami Iosif Puterman, de l’œuvre de Zabolockij, petit récit que j’ai lu alors sans enlever le trombone rouillé, en relevant précautionneusement les pages sans forcer pour ne pas causer de pliure. Il me semble bien… mais le caractère péremptoire de la lacune, des lacunes récidivantes par soustraction dans ces manuscrits, m’empêche, d’être absolument certain de mon souvenir. Je doute de moi, je doute de mes sens, alors que je suis jeune et que j’ai une excellente mémoire.

Il me restera toujours ce doute et cette idée que oui, j’aurais vu ces manuscrits complets. Alors que décidément, aujourd’hui encore, ils sont toujours lacunaires. Ai-je vu, n’ai-je pas vu ? En toutes ces années qui nous séparent de cette époque lointaine des années quatre-vingts, j’ai regardé des dizaines de fois ces documents, et j’ai aussi remué des dizaines de fois toutes les « archives Zdanevič », et toutes ces fois, j’avais toujours l’esprit sur le qui-vive. Dans des paquets de feuilles, je reconnaîtrais aisément les pages des Parigots, celles de Philosophie et celles du texte de 1941. Mais je peux dire qu’elles ne sont pas glissées par mégarde dans un autre paquet. Elles n’y sont pas, elles n’y sont pas.

Alors, que s’est-il passé ? Est-ce Zdanevič qui a soustrait ces pages ? Et alors, ma mémoire et mes sens me trompent. Ou alors est-ce un autre, et pourquoi ? Si j’ai quelque soupçon, je ne puis rien en dire. Je n’ai jamais non plus osé traduire les livres ainsi amputés, et pour cela au moins, le chirurgien qui a opéré ces coupes, quel qu’il soit, a réussi sa manœuvre. Mais cela ne m’a pas empêché de publier chacun de ces textes en russe, grâce au soutien de mon éditeur moscovite, lui-même convaincu qu’il valait mieux faire paraître des ouvrages incomplets que priver le public russe de ces trésors, et qui a toujours espéré — en vain — que la même main anonyme, prise de remords, lui enverrait par la poste les feuillets « égarés ». Dans chaque édition, il est indiqué, sans plus de précision, que ces textes contiennent des lacunes, et les lecteurs ne semblent pas avoir attaché à ces lacunes une excessive importance. Peu après la sortie des Parigots à Moscou, un journal russe l’a élu meilleure découverte littéraire de la décennie, et en 2010, le nom de Парижачьи a servi de titre à une exposition pétersbourgeoise consacrée aux peintres russes de l’École de Paris. Philosophie, de son côté, a remporté un tel succès qu’il a même été traduit en allemand et en géorgien et, semble-t-il, en turc, bientôt en anglais.

Cet inachevé par soustraction interroge, et il fait maintenant partie intégrante de l’image que l’on a de la pratique artistique de Zdanevič, de sa « patte », de son esprit créateur. Mais pour moi, l’énigme reste angoissante. « Un temple grec, nous ne pouvons plus le concevoir qu’en ruines » : le paradoxe est peut-être séduisant, mais, en l’occurrence, j’aurais vraiment préféré contempler et montrer le temple tout entier, comme il me semble l’avoir entraperçu jadis. Et souvent, moi qui ai donné une partie de mon existence à promouvoir l’œuvre de Zdanevič, je me demande si le sentiment d’inachèvement que je ressens dans tout mon être de chercheur et d’homme, ne provient pas de cette trémulation première de mon esprit intranquille. Tant il est indéniable que l’auteur sur lequel nous écrivons opère une influence sur notre vie.

Par chance, je ne suis que modérément paranoïaque.

Bibliography

Markowicz André, 1987, « Ilia Zdanévitch (Iliazd) (1894-1975) », Histoire de la littérature russe : Le XXe siècle. L’âge d’argent. Ouvrage dirigé par E. Etkind, G. Nivat, I. Serman, V. Strada, Paris, Fayard, p. 616-624.

Appendix

Bibliographie sélective et commentée des œuvres publiées d’Il’ja Zdanevič

Les œuvres d’Il’ja Zdanevič sont publiées à Moscou, depuis 1994, aux éditions Hylaea, un volume est sorti chez Grundrisse, par moi-même et Sergueï Koudriavtsev, à partir des éditions originales ou des manuscrits originaux, chaque volume comportant des introductions, l’établissement des variantes, des commentaires et des documents inédits formant un dossier de l’œuvre.

Œuvres d’Il’jazd disponibles en langue originale, en russe

Ильязд (Илья Зданевич), 1994, Парижачьи: oпись. Предисловие Р. Гейро, Mocква, Гилея. Les Parigots : inventaire. Roman inédit, texte établi d’après les manuscrits russes.

Ильязд (Илья Зданевич), 1995, Восхищение. Предисловие Р. Гейро, Mocква, Гилея. Ravissement, roman, édition comprenant les variantes d’après l’étude des manuscrits russes). Une réédition complétée d’un dossier scientifique est parue en 2022.

Илья Зданевич (Ильязд), 2005, Письма Моргану Филипсу Прайсу. Предисловие и примечания Р. Гейро, Москва, Гилея. Lettres à Morgan Philips Price, lettres écrites en 1929 par Il’jazd au journaliste britannique Price, récit épistolaire inédit sur le cheminement de l’écrivain entre 1917 et son arrivée en France via Constantinople, texte établi d’après les manuscrits russes.

Илья Зданевич, 2008, Философия футуриста. Романы и заумные драмы с приложением доклада И. Зданевича (Илиазда) и Жития Ильи Зданевича И. Терентьева. Подготовка текста и комментарии Р. Гейро и С. Кудрявцева, Москва, Гилея. Philosophie d’un futuriste, recueil contenant le roman inédit Philosophie édité d’après les manuscrits, une réédition de Ravissement, une réédition des cinq drames futuristes en zaum’.

Илья Зданевич, 2014, Футуризм и всёчество, 1912-1914. В 2-х томах. Составление, подготовка текстов и комментарии Е. В. Баснер, А. В. Крусанова и Г. А. Марушиной. Т. 1 : Выступления, статьи, манифесты. Т. 2 : Статьи и письма. Москва, Гилея. Futurisme et toutité, manifestes, conférences, correspondance 1912-1914.

Ильязд, 2014, Поэтические книги 1940-1971. Предисловие и комментарии Р. Гейро. Общ. редакция С. Кудрявцева, Москва, Гилея. Livres de poésie 1940-1971 : recueils poétiques publiés en France ou inédits, avec introduction, commentaires et variantes.

Илья Зданевич, 2017, К Берлину. Берлин и его халтура, Gayraud Régis, « Une vision satirique du Berlin russe », Modernités Russes, numéro hors-série : Paroles étranges. Mélanges offerts à Jean-Claude Lanne. Sous la dir. de N. Gamalova, p. 189-211. À Berlin, discours prononcé à Berlin en décembre 1922, archives Zdanevič, manuscrit (4 pages) daté au tampon-dateur « 20 oct<obre> 1922 » ; Berlin et sa fraude littéraire, conférence prononcée au retour de Berlin, le 10 janvier 1923, à la Closerie des Lilas à Paris, archives Zdanevič, France ; manuscrit (21 pages) daté au tampon-dateur « 7 jan<vier> 1923 ».

Илья Зданевич, 2021, Восхождение на Качкар. С приложениями, Москва, Грюндриссе. LAscension du Katchkar, récits d’une ascension du Mont Katchkar dans la Chaîne pontique.

Илья Зданевич (Ильязд), 2021, Дом на говне. Доклады и выступления в Париже и Берлине в 1921-1926 с иллюстрациями и приложениями. Составление, подготовка текстов, вступительные статьи и комментарии Р. Гейро и С. Кудрявцева, Москва, Гилея, La Maison sur la merde, conférences et interventions prononcées à Paris et à Berlin entre 1921 et 1926.

Œuvres d’Il’jazd disponibles en français

Iliazd, 1987, Le Ravissement, roman. Édition et traduction du russe par Régis Gayraud, Aix-en-Provence, Alinéa.

Iliazd, Igor Terentiev, 1990, Un record de tendresse : hagiographie d’Ilia Zdanevitch, écrite par son ami Igor Terentiev, illustré par son frère Kirill Zdanevitch. Suivi de L’Iliazde (1922), l’éloge par lui-même. Édition bilingue. Traduit du russe et présenté par Régis Gayraud, Paris, Clémence Hiver.

Iliazd, 1990, En approchant Éluard. Édition et commentaires par Régis Gayraud, Les Carnets de l’Iliazd Club, n° 1, Paris, p. 35-76.

Iliazd, 1990, Lettres à Morgan Philips Price. Traduit du russe et présenté par Régis Gayraud, Paris, Clémence Hiver.

Iliazd, 1990, La Lettre. Édition bilingue. Traduction du russe par André Markowicz. Gravures de Pablo Picasso, Paris, Clémence Hiver.

Iliazd, 1990, Sentence sans paroles, Édition bilingue. Traduction du russe par André Markowicz. Encre de Georges Braque, eau-forte d’Alberto Giacometti, Paris, Clémence Hiver.

Iliazd, 1992, Lettre à Ardengo Soffici — 50 années de futurisme russe. Édition et commentaires de Régis Gayraud, Les Carnets de l’Iliazd Club, n° 2, Paris, p. 13-54.

Iliazd, 1995, Nathalie Gontcharova. Mikhaïl Larionov. Textes traduits du russe et présentés par Régis Gayraud, Sauve, Clémence Hiver.

Iliazd, 1995, Ledentu le phare. Reproduction en fac-similé de l’édition parisienne de 1923. Suivi de Promenade autour de Ledentu le Phare. Traduit et présenté par Régis Gayraud, Paris, Allia.

Iliazd, 2001, Les Nouvelles écoles dans la poésie russe. Chez Olénine d’Alheim, Régis Gayraud, L’avant-garde russe racontée aux Dadas, Pleine Marge, n° 33, juin, Paris, p. 97-120.

Il’jazd — Dimitri Snégaroff, 2010, Correspondance croisée en vers. Traduction de Régis Gayraud, Ekatérina Koulechova et Michel Viel, Les Carnets de l’Iliazd Club, n° 7, Paris, p. 53-86.

L’Iliazde, 2010, Conférence de 1922, version intégrale traduite et commentée par Régis Gayraud, Les Carnets de l’Iliazd Club, n° 7, Paris, p. 139-182.

Iliazd, 2020, Œuvres poétiques. Édition bilingue. Traduction et présentation d’André Markowicz, Rennes, Mesures.

Iliazd, 2021, Le Ravissement, roman. Traduction revue et nouvelle préface par Régis Gayraud, Paris, Ginkgo éditions.

Notes

1 Une passionnante biographie d’Il’ja Zdanevič, Iliazd, un apatride à Paris, par Catherine Boschian-Campaner, paraîtra au printemps 2023 aux éditions Classiques Garnier. Return to text

2 Publiés par mes soins en 1990 et en 1992 dans les Carnets de l’Iliazd Club, voir la bibliographie. Return to text

References

Electronic reference

Régis Gayraud, « Petit discours égocentré sur l’inachèvement, sur Il’ja Zdanevič et sur une énigme », Modernités russes [Online], 21 | 2022, Online since 17 avril 2023, connection on 18 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/modernites-russes/index.php?id=666

Author

Régis Gayraud

Professeur de langue et de littérature russes à l’université Clermont-Auvergne, membre du Centre de recherches en littérature et sociopoétique (CELIS), rédacteur en chef de la Revue russe (Paris) ; traducteur, spécialiste du poète, historien d’art et éditeur russo-géorgien Il’ja Zdanevič.

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