Marcelle Ehrhard, professeur de langue et littérature russes en 1932-1958

  • Марсель Эрхард, преподаватель русского языка и литературы в 1932-1958 годах
  • Marcelle Ehrhard, professor of Russian language and literature in 1932-1958

DOI : 10.35562/modernites-russes.731

La vie et la carrière de Marcelle Ehrhard, professeur de russe à Lyon en 1932-1958, n’ont jamais été retracées. Son dossier de carrière conservé aux Archives départementales du Rhône nous permet de le faire. En 1912 Marcelle Ehrhard est admise première au concours des jeunes filles de l’agrégation d’allemand. Pendant la Grande guerre, elle soigne les blessés dans un hôpital. À partir de 1918 elle enseigne l’allemand aux lycées de Lons-le-Saunier, de Montluçon, de Clermont-Ferrand et de Lyon. Après sa mutation à Lyon en 1923, elle s’inscrit en licence de russe et obtient ce diplôme en 1927. Ensuite, elle commence à préparer deux thèses de doctorat, sous la direction de Jules Legras. En 1932, après le départ de Jules Patouillet à la retraite, elle est recrutée à la Faculté des lettres de l’université de Lyon en qualité de chargée de cours de russe. En 1939, après la soutenance à Paris de ses deux thèses, Marcelle Ehrhard devient professeur titulaire. Sa thèse principale est en littérature comparée (Allemagne, Angleterre et pays slaves) : V. A. Joukovski et le préromantisme russe (1938) ; sa thèse complémentaire s’intitule Un ambassadeur de Russie à la Cour de Louis XV. Le prince Cantemir à Paris (1738-1744) (1938). D’après les annuaires de l’université de Lyon, elle enseigne la littérature russe, le vieux russe et le vieux slave, dont la préparation à l’agrégation. En dehors du russe et de l’allemand, Marcelle Ehrhard maîtrise l’anglais, le polonais et le tchèque. Sa correspondance laisse entendre qu’elle entretenait des relations chaleureuses, du moins privilégiées, avec André Lirondelle, Jules Patouillet et André Mazon. Les évaluations annuelles des chefs de service ont infailliblement souligné son affabilité, son charme, son intelligence et son érudition. L’annexe de l’article reproduit la correspondance inédite, officielle et privée, de Marcelle Ehrhard, et le procès-verbal d’un Conseil de Faculté qui examine la question du remplacement de Jules Patouillet.

Не существует ни одного краткого описания жизни и профессиональной деятельности Марсель Эрхард, преподававшей русский язык в Лионском университете с 1932 по 1958 год. Личное дело преподавательницы, хранящееся в архиве департамента Рона, позволяет заполнить этот пробел. В 1912 году Марсель Эрхард успешно проходит престижный академический конкурс на право преподавания немецкого языка в средней школе, по результатам конкурсных экзаменов она лучшая из кандидаток на общенациональном уровне. Во время войны Марсель Эрхард ухаживает за ранеными в госпитале. С 1918 года преподает немецкий язык в лицеях Лона-ле-Сонье, Монлюсона, Клермон-Феррана и Лиона. В 1923 году после назначения в Лион параллельно с преподаванием немецкого в школе для девочек Марсель Эрхард изучает русский язык на филологическом факультете. В 1927 году по получении диплома по специальности «Русский язык» она приступает к написанию двух докторских диссертаций под руководством Жюля Легра. В 1932 после ухода на пенсию Жюля Патуйе (первого профессора-слависта в Лионе), Марсель Эрхард принята на филологический факультет Лионского университета в должности преподавателя русского языка. В 1939 году, защитив в Париже две диссертации, Марсель Эрхард становится титулярным сотрудником кафедры с профессорским званием. Ее основная диссертация была по сравнительной литературе — В. A. Жуковский и русский предромантизм (1938), а дополнительная называлась Посол России при дворе Людовика XV. Князь Кантемир в Париже (1738-1744) (1938). Согласно ежегодникам Лионского университета, Марсель Эрхард преподавала русскую литературу, древнерусский и старославянский языки, готовила студентов к конкурсу. Помимо русского и немецкого языков, она владела английским, польским и чешским. Переписка Марсель Эрхард свидетельствует о том, что у нее были дружелюбные или, по меньшей мере, теплые отношения с Андре Лиронделем, Жюлем Патуйе и Андре Мазоном. В ежегодных аттестациях начальников учреждений и подразделений, в которых она служила, неизменно подчеркивались ее приветливость, обаяние, ум и эрудиция. В приложении к статье воспроизводится неопубликованная официальная и личная переписка Марсель Эрхард, а также протокол заседания Совета факультета, на котором рассматривался вопрос о замещении Жюля Патуйе.

The life and career of Marcelle Ehrhard, one of the first French Slavists, who taught Russian at the university of Lyon from 1932 to 1958, have never been retraced. Her personal records kept in the Rhône departmental archives allow us to do it now. In 1912, Marcelle Ehrhard obtained a high academic qualification after passing the competitive national test for the recruitment of German teachers; she was the best and the first of all female candidates. During the Great War, she nursed the wounded in a hospital in Lyon. From 1918 onwards she taught German at schools and high schools in Lons-le-Saunier, Montluçon, Clermont-Ferrand, and Lyon. Appointed in 1923 in Lyon, she studied Russian at the Faculty of letters, while teaching German at school. She received her Master’s degree in 1927, and immediately after it, she began writing two doctoral dissertations under the supervision of Jules Legras. In 1932, after Jules Patouillet’s retirement, she was recruited to the Faculty of letters at the university of Lyon as a lecturer in Russian. In 1939, after defending her two dissertations in Paris, Marcelle Ehrhard became a full professor. Her primary dissertation was in comparative literature (Germany, England, and Slavic countries) and was entitled V.A. Joukovski and Russian Pre-romanticism (1938); her second dissertation was entitled A Russian ambassador at the court of king Louis XV. Prince Cantemir in Paris (1738-1744) (1938). According to the yearbooks of the university of Lyon, she taught Russian literature, Old Russian and Old Slavonic. In addition to Russian and German, Marcelle Ehrhard also spoke English, Polish, and Czech. Marcelle Ehrhard’s correspondence suggests that she had friendly, or at least warm, relations with André Lirondelle, Jules Patouillet, and André Mazon. The annual evaluations of the heads of department unfailingly emphasized her affability, charm, intelligence, and erudition. The appendix to this article reproduces Marcelle Ehrhard’s unpublished official and private correspondence, and proceedings of a meeting of the Faculty Council which considers the question of the vacancy after Jules Patouillet’s retirement.

Text

Marcelle Ehrhard

Marcelle Ehrhard

La carrière de Jules Patouillet, premier professeur russisant de chaire universitaire à la Faculté des lettres de l’université de Lyon, est bien connue1. Son titre de chevalier de la Légion d’honneur nous permet d’en prendre facilement connaissance en ligne. En revanche, nous savons peu de choses sur Marcelle Ehrhard2 qui lui succéda en 1932. Je me propose donc de récapituler brièvement les informations relatives à sa carrière en me référant aux documents conservés aux archives départementales du Rhône3.

Marcelle Marie Ehrhard naquit le 4 novembre 1887 à Grenoble. Sa mère, Jeanne Marie Limouzineau, était sans profession ; son père Marie Joseph Augustin Ehrhard, né à Fegersheim (Bas-Rhin), âgé alors de 26 ans, enseignait à la Faculté de Grenoble [Registre d’état civil de 1887, acte 1019]. En 1903, Augustin (ou Auguste) Ehrhard sera « appelé à la chaire nouvellement fondée, de langue et littérature allemandes » à l’université de Lyon [Ehrhard, 1919 : 185]. De 1924 à 1931 il y assumera les fonctions de doyen de la Faculté des lettres. La note marginale de l’acte de naissance de Marcelle Ehrhard dit qu’elle décéda le 20 mars 1972 à Villeneuve-de-Berg. La seule nécrologie, courte et anonyme, que j’ai pu trouver, est parue dans une revue « féministe », non slaviste [sans auteur, 1972].

En 1904, à Lyon, Marcelle Ehrhard reçut son diplôme de fin d’études secondaires. En 1908, elle devint certifiée d’aptitude à l’enseignement, et acheva ses études supérieures un an plus tard, en 1909. En 1912, elle fut admise première au concours des jeunes filles de l’agrégation d’allemand. Pendant la guerre, elle dirigea l’économat de l’hôpital auxiliaire n6 bis et servit comme infirmière à l’hôpital auxiliaire n10, en faisant aussi des suppléances au lycée de jeunes filles de Lyon et au lycée Perrache. En 1918-1919, elle suppléa le professeur d’allemand au lycée de jeunes filles de Lons-le-Saunier, en 1919-1920 — au lycée de garçons de Montluçon. En 1920-1923 elle fut professeur d’allemand au lycée de jeunes filles de Clermont-Ferrand. Son dernier poste dans le secondaire, en 1923-1932, fut le lycée de jeunes filles de Lyon. Après sa mutation à Lyon en 1923, elle s’inscrivit en licence de russe et l’obtint en 1927.

Dès l’obtention de licence de russe, en 1927, Marcelle Ehrhard se consacra à la rédaction de sa thèse. Le 26 janvier 1928, Madame le Proviseur de son lycée transmit au ministère une demande par laquelle Mademoiselle Ehrhard sollicitait une mission d’études en Russie pendant les vacances scolaires de 1928 pour recueillir les matériaux d’une thèse de doctorat. En décembre 1929 Marcelle Ehrhard demanda au ministère de la charger d’une mission en Russie pendant les vacances d’été 1930 et de lui verser à cet effet une subvention.

En juin 1932 Marcelle Ehrhard succéda à Jules Patouillet en qualité de chargée de cours. Deux documents ministériels précédèrent le recrutement de cette slaviste en 1932 : un avis favorable du ministre ou de son délégué et un arrêté.

Le 1er mars 1932
Écrit à la main : J’ai l’honneur de v<ou>s transmettre la demande ci-j<oin>te par laquelle Mlle Ehrhard, prof<esseur> d’all<eman>d au lycée des j<eunes> f<illes> de Lyon, sollicite son inscription sur la liste d’aptitude de l’enseignement supérieur.
Dactylographié : Je connais bien Mlle Ehrhard et suis au courant de ses travaux relatifs à la littérature russe et à la littérature comparée. Je n’estime pas moins le brillant professeur d’allemand qu’elle est dans l’enseig<nemen>t secondaire, que la chercheuse originale qui s’est imposée, dans des conditions pénibles, deux séjours en Russie soviétique pour travailler dans les Bibliothèques.
Je suis persuadé qu’elle serait une précieuse recrue pour la spécialité qu’elle a choisie et qui, en France, compte si peu de représentant qualifiés.
Je donne un avis très favorable à son inscription sur la liste d’aptitude à l’enseignement supérieur (langue et littérature russes).

Je pense que ce brouillon fut rédigé par André Lirondelle, devenu recteur de l’Académie de Lyon en 1931, et de ce fait président du Conseil de l’université. L’arrêté du Ministère de l’Instruction publique signé le 16 juin 1932 par Anatole de Monzie annonçait cette décision :

Mlle Ehrhard, professeur agrégée au Lycée de jeunes filles de Lyon, est chargée provisoirement, pour l’année scolaire 1932-1933, du service de la Chaire de Langue et Littérature russes à la Faculté des Lettres de l’Université de Lyon (dernier titulaire : M. Patouillet).
Elle recevra à ce titre le traitement des maîtres de conférences (3ème classe) des Facultés des Universités des Départements, prélevé sur le traitement disponible de la chaire.
Fait à Paris, le 16 juin 1932, signé : De Monzie

En 1932 Marcelle Ehrhard n’avait pas encore le grade de professeur qui lui fut attribué en juin 1939, après la soutenance à Paris de ses deux thèses, préparées sous la direction de Jules Legras, l’une principale, en littérature comparée (Allemagne, Angleterre et pays slaves) : V. A. Joukovski et le préromantisme russe (1938), l’autre — complémentaire : Un ambassadeur de Russie à la Cour de Louis XV. Le prince Cantemir à Paris (1738-1744) (1938). Ces soutenances furent évoquées dans un rapport annuel de l’université : « Mlle Ehrhard, chargée de cours, a été nommée professeur de langue et littérature russes, à la suite d’une brillante soutenance de thèse » [Dufay, s. d. : 18]. Le décret de la nomination fut signé le 10 juin 1939, et, à la rentrée 1940, Marcelle Ehrhard devenait « professeur titulaire », à la veille de la seconde guerre mondiale, la seconde dans sa vie aussi. À l’âge de 53 ans, elle traversait de nouveau une période de luttes, de défaites, d’attaques aériennes, de mobilisations et de réquisitions, de bonnes et de mauvaises nouvelles du front.

Peu avant l’admission de Marcelle Ehrhard à la retraite, à compter du 1er octobre 1958, le Conseil de la Faculté demanda que lui soit attribué le titre de professeur honoraire, et à cette occasion une lettre datée du 2 juin 1958, sans signature, résumait sa carrière :

Mlle Marcelle Ehrhard, fille du professeur Ehrhard, ancien Doyen de la Faculté des Lettres de Lyon est reçue en 1912 première à l’agrégation d’Allemand. […] Nommée chargée de cours de langue et de littérature russes à la Faculté des Lettres de Lyon en 1932, puis professeur dans la même Faculté en 1939, Mlle Ehrhard y crée, non seulement un enseignement du russe extrêmement vivant, mais un centre d’études slaves qui porte à l’heure actuelle sur cinq langues et littératures et intéresse une cinquantaine d’étudiants. […] Entourée de l’affection de ses étudiants et de ses collaborateurs, de l’estime et de l’admiration de ses collègues, qui l’ont choisie pour les représenter au Comité Consultatif des Universités, où sa voix a été particulièrement écoutée, Mlle Ehrhard a été nommée officier de l’Instruction Publique et Chevalier de la Légion d’Honneur.

D’après les annuaires, Marcelle Ehrhard enseignait la littérature russe, le vieux russe et le vieux slave, dont la préparation à l’agrégation. En 1954, le physicien Georges Déjardin, professeur à la Faculté des sciences et secrétaire du Conseil de l’université, rapportait fièrement qu’à « l’agrégation de russe, 2 sur 3 candidats admis sont des élèves de la Faculté » [Déjardin, 1955 : 10]. En 1955, Marcelle Ehrhard, investie de la fonction de secrétaire du Conseil de l’université, rédigea à son tour un rapport sur l’activité de l’université [Ehrhard, 1956].

Marcelle Ehrhard maîtrisait naturellement l’allemand, le russe, ainsi que l’anglais, le polonais et le tchèque. Son dossier contient plusieurs autorisations d’absence pour se rendre : en Pologne en octobre-novembre 1948 (aux « universités de Varsovie, Cracovie, Poznan et Wraclaw »), en Yougoslavie, pendant le mois d’août 19544, en URSS, en septembre et en octobre 1954.

Relativement aux travaux scientifiques de Marcelle Ehrhard, la bibliographie que j’ai pu recueillir, grâce aux catalogues et moteurs de recherche et en épluchant les Annales de l’université de Lyon5 de 1912 à 1960, n’est pas vaste. En dehors des deux thèses, il y a une traduction commentée de la correspondance d’Antioche Kantemir, une traduction préfacée du Pèlerinage d’Antoine de Novgorod, deux articles et sa Littérature russe parue dans la collection Que sais-je ? Un compte rendu détaillé6 suivit seulement la publication de la traduction anglaise de ce livre en 1964. Les coquilles repérées par W. E. Harkins se faufilèrent seulement dans l’édition britannique, mais le recenseur n’avait sans doute pas tort en mettant en garde contre la vulgarisation [Harkins, 1965 : 149]. Certains raccourcis pouvaient en effet surprendre : Bestužev-Marlinskij écrivait des « romans historiques » [Ehrhard, 1948 : 50 ; Harkins, 1965 : 149], Klyčkov était « surtout pittoresque » [Ehrhard, 1948 : 112], Bulgakov « fort amusant », le succès de Tchekhov « fut assez rapide » [Ehrhard, 1948 : 89] et « l’auto-critique (de la société, — N. G.) a toujours été encouragée en URSS » [Ehrhard, 1948 : 120], pour ne citer que quelques exemples de l’édition originale française. Faire le tour de toute la littérature russe en 128 pages est un exercice audacieux et risqué.

En ce qui concerne les ouvrages de Marcelle Ehrhard sur Žukovskij et Kantemir, ils furent hautement appréciés. Un professeur d’histoire de l’université de Lyon consacra un long article à Un ambassadeur de Russie à la Cour de Louis XV dans la presse locale [Dutacq, 1939 : 3]. Le livre sur Kantemir fut aussi salué comme une étude en « histoire de la civilisation, sinon même l’histoire politique » [Mazon, 1939 : 137]. « Ce travail approfondi et pénétrant […] nous apporte […] la meilleure monographie qu’ait inspirée ce poète » [Mazon, 1939 : 130].

La correspondance de Marcelle Ehrhard nous laisse entendre qu’elle entretenait des relations chaleureuses, du moins privilégiées, avec André Lirondelle, Jules Patouillet et André Mazon. Le fonds « André Mazon » dépôsé à l’Institut d’études slaves rue Michelet (Paris) contient une vingtaine de lettres de Marcelle Ehrhard écrites entre 1937 et 1948.

En 1940-1941 par l’entremise d’André Mazon Lyon reçut le don de Madame Antoine Meillet, veuve du grand linguiste [Patel, 1942 : 30].

Bien que les évaluations annuelles des fonctionnaires soient préconçues, routinières et stéréotypées, ne leur refusons pas leur part de sincérité. Les notices individuelles remplies par des chefs de service des établissements du second degré et de l’université pointaient sans faille l’affabilité et l’intelligence de Mademoiselle Ehrhard : « fait sa classe avec entrain et avec plaisir » (1923), « femme très cultivée » (1923), « professeur d’une intelligence remarquable » (1927), « d’une bonne grâce toujours souriante » (1928), « enjouée, souriante, pleine de charme » (1929), « esprit extrêmement cultivé » (1929). Proviseurs, recteurs, doyens relevaient le dévouement et la bonne grâce de Marcelle Ehrhard. Le recteur André Lirondelle écrivit le 27 février 1934 : « Infatigable travailleuse, Mlle Ehrhard est un professeur chaleureux, qui conquiert aux études slaves de nombreux adeptes, et qui est considérée comme une des forces de la Faculté ». Ce même recteur est encore plus élogieux en 1937 :

Professeur de tout premier ordre, spécialiste ardente, Mlle Ehrhard a rapidement fait de Lyon le premier centre slavisant de la France provinciale. Sa thèse principale est achevée, la complémentaire est en bonne progression. Lyon, le 26 février 1937.

Le doyen lui faisait écho au dos de la notice individuelle périodique de l’année scolaire 1936-1937 :

Professeur remarquable, qui a non seulement donné aux études de langue et littérature russes une impulsion vigoureuse, réunissant autour de sa chaire une quarantaine d’étudiants et d’étudiantes, mais dirige avec maîtrise trois lecteurs (russe, tchèque, polonais). A fait aussi de la Faculté des Lettres de Lyon un centre brillant et fréquenté d’études slaves.

Partiaux ou impartiaux, objectifs ou aimables par amitié avec le père de Marcelle Ehrhard, ou encore touchés par son affection innée7, ces fonctionnaires supérieurs semblent admiratifs. Certes, nous ne pouvons aujourd’hui que patauger dans des conjectures et essayer de deviner derrière les paperasses administratives, une chercheuse et un être humain, sans aucun doute enthousiaste et sympathique.

En 1958, lorsque Marcelle Ehrhard avait pris sa retraite, elle fut remplacée par Mademoiselle Кyrа Sanine, maître de conférences de langue et littérature russes8, à laquelle on confia : la littérature, le vieux russe, le vieux slave, la préparation à l’agrégation et au Capes [Annuaire, 1961-1962 : 62]. Ce fut la première maîtrise de conférences en russe à Lyon. Louis Mollon était chargé de cours de russe, le lecteur Dmitri Prokopenko s’occupait des débutants, du thème et des « études pratiques » ; d’autres lecteurs enseignaient le bulgare, le serbo-croate, le polonais, le roumain9, le tchèque [Annuaire, 1958-1959, 24, 58]. Un an avant le départ de Marcelle Ehrhard fut recruté en qualité d’assistant Daniel Alexandre [Annuaire, 1958-1959, 56], qui « successivement maître-assistant, chargé d’enseignement dans une maîtrise de conférences […], professeur titulaire », exerça, à Lyon 3, « jusqu’en 1994, année de son départ à la retraite » [Lanne, 2008 : 9]. En arrivant en France en 1992, j’ai eu la chance de suivre les remarquables cours de grammaire de Daniel Alexandre.

Bibliography

Corpus

Conseils de la Faculté des Lettres, 1932, cote 2400 W 338, Archives départementales. Registre, p. 20-21.

Dossier de carrière de Marcelle Ehrhard, 1 T 76, Rectorat, Enseignement supérieur, Personnel, Archives départementales du Rhône.

Registre d’État civil de 1887, Archives départementales du Rhône, Grenoble, acte 1019, 9NUM/5E186/24/307.

Bibliographie de Marcelle Ehrhard

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Ehrhard Marcelle, 1938, Correspondance du Prince Cantémir à Paris (1738-1744), Annales de l’Université de Lyon, Paris, Les Belles Lettres.

Ehrhard Marcelle, 1938, V. A. Joukovski et le préromantisme russe, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion. Bibliothèque de l’Institut français de Léningrad. t. XVII, 443 p.

Ehrhard Marcelle, 1938, Un ambassadeur de Russie à la Cour de Louis XV. Le prince Cantemir à Paris (1738-1744), Paris, Société d’édition Les Belles Lettres. Annales de l’université de Lyon, 3e série, Lettres, fasc. 6, 237 p.

Ehrhard Marcelle, 1957, « Lettres sur la nature et l’homme du prince Kantemir », Revue des études slaves, t. 34, fasc. 1-4, 1957, p. 51-56.

Ehrhard Marcelle, 1961, « La satire De l’éducation de A. D. Kantemir », Revue des études slaves, t. 38 : Mélanges Pierre Pascal, p. 73-79.

Ehrhard Marcelle, 1964, Russian Literature. Translated by Philip Minto, New York, Walker.

Bibliographie

Deloffre M. F., 1963, « Le Rapport sur l’activité de l’université de Lyon pendant l’année scolaire 1960-1961 », Annales de l’université de Lyon en 1960-1961, Lyon, Bosc Frères, p. 13-26.

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Dutacq F., 1939, « Un Ambassdeur de Russie à la Cour de Louis XV », Le Salut public, samedi 10 juin, n° 135, p. 3.

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Ehrhard, 1956, « Rapport sur l’activité de l’université de Lyon au cours de l’année scolaire 1954-1955 », Annales de l’université de Lyon en 1954-1955, Lyon, Bosc Frères, p. 5-18.

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Lanne Jean-Claude, 2008, « Le Professeur Daniel Alexandre (1928-2005) », Modernités russes, numéro spécial, Lyon 3, CESAL, p. 9-10.

La vie scolaire. 1938, Faculté des Lettres, 1937, Le salut public, lundi le 18 janvier, n° 15, p. 4.

La vie universitaire, 1938, Le Progrès, mercredi 19 janvier, n° 28343, p. 5.

Le Goff Armelle, 2016, Recherches sur les relations entre la France et la Russie aux Archives nationales. Dixième partie : Slavisants et savants en lien avec la Russie.

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Mazon André, 1948, Chronique : publications, Revue des études slaves, t. 24, fasc. 1-4, p. 214-226.

Morel, s. d., « Rapport sur l’activité de l’université de Lyon pendant l’année 1937-1938 », Annales de l’université de Lyon en 1937-1938, Lyon, Société anonyme de l’imprimerie A. Rey, p. 35-52.

Patel Maurice, « Rapport sur l’activité de l’université de Lyon pendant l’année scolaire 1940-1941 », Annales de l’université de Lyon en 1960-1961, Lyon, Bosc Frères, p. 18-38.

Sans auteur, 1972, Marcelle Ehrhard (1888-1972), Diplômées, n° 84, p. 190.

Veyrenc Jacques, 1985, « Histoire de la slavistique française », Beiträge zur Geschichte der Slawistik in nichtslawischen Ländern. Ed. J. Hamm, G. Wytrzens. Wien, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, p. 245-303.

Appendix

Annexes

Lettres de Marcelle Ehrhard au recteur de l’Académie de Lyon André Lirondelle

Leningrad, 12 septembre 1928
      Monsieur le Recteur,
      Ayant été chargé par Monsieur le Ministre de l’Instruction publique d’une mission de recherches littéraires en Russie, afin d’y étudier les origines du romantisme russe, je me proposais de partir dès le début des vacances scolaires et de les passer entièrement à Moscou et Léningrad. Malheureusement les formalités de visa ont été plus longues que je ne le pensais et que je n’ai pu arriver à Moscou que le 13 août. Je me suis mise aussitôt au travail, mais mes recherches sont encore loin d’être aussi avancées que je l’espérais et je serais désolée d’être obligée de les interrompre dans quelques jours pour rentrer à Lyon le 1er octobre.
      Je viens donc solliciter de votre bienveillance l’autorisation de m’absenter trois semaines environ ; je reprendrais mon service au lycée vers le 20 octobre. J’espère que Madame la directrice pourra me faire suppléer ; les frais de suppléance seront naturellement à ma charge.
      Je vous serais extrêmement reconnaissante de bien vouloir m’accorder ce congé et me permettre ainsi de poursuivre ici un peu plus longtemps mon travail et je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de mes sentiments respectueux.
Marcelle Ehrhard, professeur au lycée de jeunes filles de Lyon.

***

Leningrad, 12 septembre 1930
      Monsieur le Recteur,
      J’ai l’honneur de vous demander l’autorisation de ne reprendre que le 15 octobre mes cours au lycée de jeunes filles de Lyon.
      Chargée d’une mission du ministère de l’Instruction publique pour continuer mon étude des origines du romantisme russe, je suis partie pour Léningrad dès le milieu de juillet et me suis aussitôt mise au travail. Mais devant l’abondance des documents que j’ai à consulter ici, il me serait extrêmement utile de pouvoir prolonger un peu mon séjour et je vous serais très reconnaissante de bien vouloir m’y autoriser.
      Je demande à Madame la Directrice du lycée de jeunes filles de me faire suppléer par une étudiante licenciée ; cette suppléance serait naturellement à mes frais.
      En vous remerciant de la bienveillance que vous m’avez toujours témoignée, je vous prie d’agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de mes sentiments respectueux et dévoués. Marcelle Ehrhard.
Cachet : Transmis à Monsieur le Recteur avec avis favorable.
 Lyon, le 22 septembre 1930. L’Inspection académique.

***

Lyon, 18 janvier 1938
      Monsieur le Recteur,
      Il a paru un compte rendu détaillé de notre séance Pouchkine à la Faculté des Lettres dans Lyon-Soira, sans doute le lundi qui a suivi, donc le 18 janvier, j’ai lu l’article, qui contenait des extraits de votre allocution et, vous citant, me décernait le brevet de magicienne, mais j’avoue avoir eu l’ingratitude de ne pas le conserver. Il me semble avoir entendu dire que le Progrès avait également publié une note, que je n’ai pas lue. Le secrétariat pouvait peut-être téléphoner à ces deux journaux ? Je ne crois pas que les autres aient rien publié.
      J’ai reçu ces jours-ci l’avis officiel, et même le mandat, de la subvention que vous avez bien voulu me faire accorder par les Annales pour ma seconde thèse et je vous dis, une fois de plus, toute ma reconnaissance.
      La pauvre seconde thèse sommeille depuis une dizaine de jours, pendant lesquels j’ai été uniquement absorbée par la substitution des e aux ѣ et la destruction des signes durs. Pensum ennuyeux et coûteux !
      Oserai-je vous demander, Monsieur le Recteur, de bien vouloir transmettre à Madame Lirondelle l’expression de mon très vif regret d’avoir manqué sa visite samedi ? Il y avait à la Faculté une réunion de l’Assemblée à laquelle j’avais cru devoir assister, mais j’ai été désolée à mon retour en apprenant que Madame Lirondelle, si accablée de visites en cette saison, était venue jusque chez moi pour trouver porte close.
      Voulez-vous, avec mes excuses, lui présenter mon souvenir affectueux et agréer, Monsieur le Recteur, l’expression de mes sentiments respectueux. Marcelle Ehrhard

Le procès-verbal d’un Conseil de Faculté

Conseil de la Faculté des Lettres. Séance du mercredi 25 mai 1932
      Sur le rapport de M. Patouillet, le Conseil se prononce à l’unanimité pour le maintien de la chaire de langue et littérature russes. Les raisons qui en ont motivé la création en 1920 : utilité, même nécessité de constituer un centre d’études russes dans la grande cité lyonnaise, justifient ce maintien. Il paraît expédient, d’autre part, de maintenir une chaire qui, outre sa signification propre et sa valeur de poste d’observation, enrichit et élargit encore les disciplines existantes. Enfin la chaire de russe de la Faculté des Lettres de Lyon, renforcée d’un lectorat, est comme la clef de voûte d’autres enseignements slaves : tchèque, polonais, créés depuis quelques années sous forme de lectorats, et qui groupent un noyau d’étudiants sérieux. Or, selon le désir exprès des gouvernements tchéco-slovaques et polonais, qui assument les frais de ces lectorats, c’est le titulaire de la chaire de russe qui est chargé d’organiser et de contrôler ces enseignements.
      Si le Conseil se prononce pour le maintien de la chaire de langue et littérature russes, il n’en demande pas la vacance, le seul Docteur susceptible d’y prétendre ayant manifesté son intention de rester à Lille. Par 12 voix sur 13 votants, conformément à un nouveau rapport de M. Patouillet, il exprime le vœu que Mademoiselle Ehrhard, professeur agrégée d’allemand au lycée de jeunes filles de Lyon soit désignée pour enseigner, comme chargée de cours, la langue et littérature russes à la Faculté des Lettres de Lyon.

Lettres à Jules Legrasb

Lyon, 18, cours Morand,
2 mars 1936
      Monsieur et cher Maître,
      J’ose à peine m’excuser d’un trop long silence. Les premiers mois de cours sont tellement remplis pour moi par le travail de la Faculté que ma thèse à cette époque s’engourdit d’un sommeil hivernal et que j’avais scrupules à vous écrire pour vous dire que je ne travaillais pas, ou du moins que je ne travaillais ni à Joukovski, ni à Kantemir. Voici enfin un peu de liberté qui me revient, après l’achèvement des cours publics, et les thèses sortent de leur tiroir. Celle sur Joukovski est, sauf encore de nombreuses rectifications à faire, à peu près terminée, et j’en achève la copie pour pouvoir, je l’espère, vous la faire parvenir d’ici deux ou trois mois, désirant vivement que vous l’ayez assez tôt pour avoir le temps de l’examiner avant la période, si absorbante pour vous, des examens.
      Quant à ma thèse complémentaire sur Kantemir à Paris, j’ai trouvé en Russie des documents intéressants, dont quelques-uns inédits, à défaut des « Relations » dans l’original, qui n’ont pu être retrouvées aux archives, m’a-t-on affirmé, j’ai du moins pu consulter les copies qui en avaient été faites pour Roumiantsev et pu combler les lacunes de l’édition 1867. Il en subsiste malheureusement une très importante : je n’ai trouvé nulle part trace des « Relations » pour l’année 1740. Quoi qu’il en soit, je crois que j’aurais largement assez de matériaux pour un travail que je conçois ainsi
      1° Le diplomate (avec traduction de nombreux passages des « Relations » que je voudrais grouper, non pas précisément par ordre chronologique, mais plutôt selon les différentes affaires auxquelles Kantemir a été mêlé à Paris.
      2° L’homme (rapports de Kantemir avec sa famille et ses amis, en Russie, avec traduction des lettres les plus intéressantes — rapports avec la société française).
      3° L’écrivain (l’activité poétique de Kantemir à Paris se réduit à peu de chose. J’aurai surtout à étudier ses Lettres philosophiques et la traduction de ses satires sous sa direction).
      J’espère pouvoir, après Pâques, aller à Dijon, vous parler plus longuement de ce travail, mais je voulais, dès à présent, vous demander ce que vous pensez de ce plan, et si je peux adresser au secrétariat de la Sorbonne, une demande d’inscription de sujet de thèse complémentaire sur le titre : Un poète-ambassadeur, Kantemir à Paris.
      Maintenant, quittant les sujets professionnels, laissez-moi, cher Monsieur, exprimer l’espoir que votre santé soit, cet hiver, entièrement bonne et vous permette de faire sans fatigue vos voyages réguliers à Paris. Ma mère que j’ai vue à Reims à Noël m’a demandé de vos nouvelles, mais je n’ai pu, par ma faute, lui en donner. J’espère que vous voudrez bien excuser mon silence et n’en croire pas moins, mon cher Maître, à mon attachement respectueux et reconnaissant.
Marcelle Ehrhard

***

Lyon, 18, cours Morand,
29 mars 1936
      Monsieur et Cher maître,
      Excusez-moi d’avoir tardé à vous remercier de votre offre de m’accueillir le samedi 18 avril, la raison en est la difficulté pour moi de fixer dès à présent, l’emploi de mes vacances de Pâques et la date de mon retour, non pas malheureusement par fantaisie voyageuse, mais pour des motifs familiaux : je suis très inquiète de la santé de mon oncle auprès duquel je puis être appelée d’un moment à l’autre.
      Je m’en voudrais d’immobiliser pour vous plus longtemps une journée dont vous pourriez avoir le désir de disposer ; il serait plus sûr, si ce changement ne modifie aucun de vos projets, de remettre mon voyage à Dijon, soit au mardi 21 avril, soit au lundi ou mardi de la semaine suivante à votre préférence. De toute façon je suis libre chaque semaine le lundi et le mardi.
      J’accepterai avec le plus grand plaisir, votre aimable invitation à déjeuner et je vous en remercie, ainsi que des conseils que vous voudrez bien me donner pour l’achèvement de Joukovski, et que j’aurai à vous demander nombreux.
      Veuillez accepter, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments de respectueux attachement, Marcelle Ehrhard

***

Lyon, 18, cours Morand,
1er mai 1936
ayant à la terre payé
De moi la terre a reçu mon
De moi la terre reçut le terrible tribut

J’ai payé à la terre un terrible tribut
Mon terrible tribut est payé à la terre
La terre a bien reçu mon <illisible>
J’ai payé à la terre au monde j’ai payé
      Monsieur et Cher maître,
      Laissez-moi vous remercier encore du charmant accueil que vous m’avez fait mardi, des précieux conseils que vous m’avez donnés, et plus encore de l’intérêt amical que j’y ai senti et qui m’est un très grand encouragement.
      Laissez-moi en même temps avec beaucoup de confusion vous avouer une négligence impardonnable : je ne sais comment j’ai pu oublier chez vous le tirage à part de votre article que vous veniez de me donner et dans lequel j’avais glissé les pages de grammaire contenant la classification des verbes ; je suppose que j’ai dû les déposer dans l’antichambre pour remettre mon manteau et qu’en parlant de Mme Smirnov j’ai dû oublié de les reprendre. J’ai été désolée de constater leur absence dès mon arrivée dans le train et je viens vous demander de bien vouloir les rechercher et les mettre de côté à mon intention. Excusez-moi, je vous en prie.
      J’écris aujourd’hui même au doyen de la Faculté des lettres de Paris pour lui demander de faire inscrire comme sujet de la seconde thèse : Kantémir à Paris (1739-1744). J’espère bien pouvoir en déposer le manuscrit en même temps que celui de la thèse principale en octobre ; sinon il suivra de près.
      Je serais heureuse de savoir que la gêne que vous éprouvez dans la main gauche s’atténue, qu’on a trouvé un traitement, allopathique ou homéopathique, qui vous soulage.
      Veuillez agréer, cher Monsieur, avec encore tous mes remerciements, l’expression de mes sentiments dévoués.
Marcelle Ehrhard

Notes

1 Jules Philippe Eugène Patouillet (1862-1942), dossiers de carrière aux Archives nationales : F/17/23460 (maître auxiliaire), F/17/24267 ; dossier administratif de l’Académie de Paris : AJ/16/6110 ; Légion d’honneur : 19800035/561/63976 [Le Goff, 2016 : 13 ; Ehrhard, Mazon, 1944]. Return to text

2 J’exprime ma sincère gratitude à la famille de Mademoiselle Ehrhard et, en particulier, à Madame Florence Montreynaud qui m’ont aimablement envoyé la photographie de leur grand-tante et autorisée à publier les trois lettres de Marcelle Ehrhard à Jules Legras. Return to text

3 Le dossier nominatif complet de Marcelle Ehrhard, F/17/26985, se trouve aux Archives nationales à Pierrefitte [Le Goff, 2016 : 9]. Return to text

4 En témoigne aussi le rapport sur l’activité de l’université en 1953-1954 [Déjardin, 1955 : 18]. Return to text

5 Les Annales pouvaient se composer d’articles de professeurs lyonnais ou bien récapituler les travaux publiés ailleurs. Return to text

6 Très brièvement recensée en France, La littérature russe de Marcelle Ehrhard fut qualifiée en deux mots d’histoire littéraire « vivante et sûre » [Mazon, 1948 : 224] Return to text

7 Selon la lettre d’Auguste Ehrhard au recteur de l’Académie de Lyon du 28 juin 1923, Mademoiselle Ehrhard souffrait d’une « luxation congénitale de la hanche ». Return to text

8 En 1961, Кyrа Sanine sera nommé professeur sans chaire [Annales, 1960-1961 : 16]. Return to text

9 Le quotidien lyonnais Le Progrès annonçait en 1938 : « Sur l’initiative généreuse du gouvernement roumain, un lectorat de littérature roumaine est institué à la Faculté des Lettres. Les fonctions de lecteur sont conférées à M. Alexandre Cioranescu, licencié ès lettres, auteur de nombreux travaux de littérature et d’histoire en français et en roumain » [La vie universitaire, 1938 : 5]. Return to text

a En effet, le lundi 18 janvier 1937, la presse locale faisait paraître un résumé du discours d’André Lirondelle. Lyon Soir du mois de janvier 1937 n’a pas été conservé à la Bibliothèque municipale de Lyon. En revanche Le Salut public qui republiait le lendemain matin ses articles a été numérisé sur le portail du patrimoine écrit Lectura Plus. Avant de citer le résumé dont parle Marcelle Ehrhard d’après Le Salut public, je tiens à remercier cordialement le service de la documentation régionale de la Bibliothèque municipale de Lyon-Part-Dieu qui m’a ainsi permis de le retrouver.
« Mlle Ehrhard, chargée du cours de langue et littérature russes a commencé ce vendredi sa série de cours publics destinés à commémorer le centenaire de la mort de Pouchkine. Devant un amphithéâtre archicomblé, M. le recteur Lirondelle qui présidait cette cérémonie inaugurale, dans une brève mais riche allocution, montra comment la façon de fêter Pouchkine choisie par l’Université de Lyon correspondait bien à son but. On aurait pu, dit-il, convier un vaste public à une séance d’apparat où après quelque magistrale introduction des artistes auraient récité des vers, des solistes et des chœurs, alterné mélodies et fragments des œuvres du poète mises en musique : Rousslan et Loudmilla, la Roussalka, Boris Godounov, Eugène Onéguine, la Dame de Pique, le Coq d’Or. On passerait deux heures enchantées et l’on s’en irait la tête délicieusement hantée des harmonies de Glinka, Dargomyjski, César Cui, Tchaïkovsky, Moussorgski, Rimski-Korsakov et Rakhmaninov. M. le recteur n’a pas voulu le tenter ; il a estimé que pour apprendre à aimer la poésie de Pouchkine, il fallait plus de préparation et du temps ; il a donc préféré à l’éclat de la solennité unique, le rayonnement soutenu des leçons suivies : il faut se refaire à soi-même les yeux neufs et l’âme fraîche, pour que le charme opère et que les deux sortilèges se lèvent et vous enveloppent. Il a donc prié Mlle Ehrhard d’être la magicienne. “Elle a, pour réussir, sa science, sa sensibilité pénétrante et sa conviction. Elle a, pour triompher, son admiratif amour de son héros. Ce sont des philtres souverains…”. Et M. Lirondelle conclut en affirmant sa conviction que les leçons de Mlle Erhard sauront “conquérir à Pouchkine des lecteurs et, qui sait, peut-être, amener à la musicale et plastique langue russe, divinement modelée par lui, des disciples nouveaux”.
Mlle Erhard fut la magicienne que M. Lirondelle nous avait promise. Elle sut conquérir son nombreux auditoire, sa leçon inaugurale réussit à recréer pour lui l’ambiance nécessaire à la compréhension du grand poète russe. Le succès obtenu par Mlle Erhard permet d’escompter une pleine réussite pour ses leçons qui auront lieu tous les vendredis, à 17 heures 15, à la Faculté des Lettres ». [Vie scolaire, 1937 : 4] Return to text

b Cette correspondance privée est reproduite avec l’aimable autorisation de la famille de Marcelle Ehrhard. Return to text

Illustrations

References

Electronic reference

Natalia Gamalova, « Marcelle Ehrhard, professeur de langue et littérature russes en 1932-1958 », Modernités russes [Online], 21 | 2022, Online since 17 avril 2023, connection on 06 août 2025. URL : https://publications-prairial.fr/modernites-russes/index.php?id=731

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Natalia Gamalova

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